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Ce qui est petit est joli

Il fut un temps ou l’homme, tel la grenouille de la fable, entreprit des travaux pharaoniques pour assurer son indépendance énergétique. Aujourd’hui la tendance s’inverse : dans ce domaine, on redécouvre la mesure des anciens.

Des barrages à échelle humaine

barrage malpassetTous les experts s’accordent pour dire que le développement mal maîtrisé nous mènera tôt ou tard  à la catastrophe. Ainsi en est-il des barrages qui défigurent et stérilisent nos jadis libres rivières de France. Avec notre croissant besoin d’énergie, les barrages ont vite constitués la solution miracle : l’eau, ressource gratuite, utilisée pour sa force, avant de la relâcher vers l’aval. Au prix de quelques aménagements disgracieux et de la submersion de « villages sans importance » ; Atlantide que les habitants inconsolables pleurent encore aujourd’hui… Panacée des années 50, on a vu naître sous la maîtrise d’œuvre de l’EDF, barrages, retenues, et autres rives de béton, assurant ainsi 12 % de l’énergie nationale à un coût très bas. Sans compter les réserves d’eau stockées dans les lacs artificiels, servant d’appoint (payant) en cas de sécheresse… La tentation était grande, devant l’efficacité de la houille blanche, d’appliquer ce principe à plus grande échelle. Assouan sur le haut Nil, Barrage des Trois gorges sur le Yang Tsé, en Chine, et beaucoup d’autres projets encore plus démesurés. Mais l’eau contrariée se venge…

On sait aujourd’hui que la durée de vie d’un barrage excède rarement 40 ans sans des travaux de maintenance considérables : les sédiments charriés par la rivière s’accumulent devant l’obstacle et au fil du temps font remonter le niveau et engluent les turbines. A l’aval des barrages, l’absence de limon stérilise les sols, quand ce n’est pas la mer qui grignote les deltas décharnés, polluant de sel toute une région. Quand la fée électricité se transforme en sorcière… Sans parler de l’impact sur le vivant. Prise de conscience écologique oblige, les associations, les collectivités locales et l’EDF parviennent parfois à s’entendre pour aménager les sites de façon à préserver la vie de la rivière. Aujourd’hui en France, beaucoup de poissons prennent l’ascenseur ! Le démantèlement est en marche : l’association Loire vivante a obtenu gain de cause face à EDF pour détruire le barrage de St Etienne du Vigan, sur l’Allier il y a cinq ans. Même combat aujourd’hui pour le proche barrage de Poutes Monistrol, concession expirant en 2007. Il est toujours préférable de créer de nombreux petits ouvrages de taille humaine, gérés par ceux qui les utilisent plutôt que des mastodontes centralisés, à l’omnipotence lointaine… En Inde ont été ainsi crées les parlements de rivière, gérés par ceux qui utilisent la ressource localement.

Des légumes heureux

Avec cet état d’esprit, il n’est pas impossible de s’affranchir de la centralisation. J’ai rencontré Benoît Quezergue, maraîcher de père en fils dans la très belle région des grands Causses, près de Ganges. Un désert de calcaire. Et au milieu coule une rivière, la Vis, utilisée depuis toujours pour boire, irriguer, moudre le grain… Pour valoriser les terres très fertiles de la plaine de Cazilhac, Benoît et ses amis de L’Association Syndicale du Canal ont décidé de réhabiliter les roues à godets et les canaux initiés par les romains. Ces « meuses » de bois, habillées de mousse gorgée d’eau qui sans fin distribuent la manne vers les vergers reconnaissants, nous parlent du temps retrouvé. La rivière reste intacte et jamais « l’eau courante » n’aura été aussi belle… Rêvons d’un monde ou chacun tenterait d’assumer une partie de ses besoins : mini éoliennes, toits chauffants, panneaux solaires, petits moulins : les solutions existent déjà. C’est ce qu’on appelle la redondance : économiser l’énergie et pallier des carences globales par la multiplication des sources.

Au jardin, donnons l’exemple !

Nous autres chevaliers de la tondeuse, virtuoses du pulvérisateur, « Teminator » du puceron : faisons la paix avec la nature. On sait aujourd’hui que nous polluons sans le savoir sols et eaux, utilisant 7 % des produits phytosanitaires vendus en France ! Appliquons ce principe petit=joli à nos cultures, nos jardins, nos balcons. Définissons cette nouvelle culture de la culture : ne serait-il pas valorisant de produire sain ? Qu’importe le rendement pour un jardin d’agrément ? Notre pré carré sera le plus beau parce que nous l’aurons voulu bio…

Publié le Août 7, 2006

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