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Bahamas – Trous bleus et requins d’Andros

L’île d’Andros

L’archipel des Bahamas est considéré par la plupart des plongeurs Nord-Américains comme la Mecque de la plongée sous-marine. Paysages de lune de miel, couchers de soleil aphrodisiaques, nonchalance chaloupée des Bahaméens, tout se prête au farniente, à la détente. Pourtant, si beaucoup d’entre vous cèdent d’abord aux chants des dauphins et aux plages enchanteresses, certains irréductibles se sont attachés à découvrir une autre plongée : celle des mystérieux trous bleus sur l’île d’Andros.

Dans cet épisode, Francis Le Guen se penche sur la légende du Luska, ce « monstre » sous-marin aux allures de pieuvre géante qui hanterait certains trous bleus pour mieux y retenir les pêcheurs trop audacieux…

Le mystère des trous bleus…

L’île d’Andros est la plus grande des îles de l’archipel, la plus sauvage et la moins développée en matière de tourisme. A quelques encablures de l’ile de New Providence qui abrite Nassau, Andros a su préserver ses richesses en faune et en flore. Une occasion idéale pour rendre visite aux derniers Indiens Séminoles, pour apprendre quelques rudiments de la médecine du bush, pour rencontrer un sculpteur sur bois et pour goûter à l’ivresse des profondeurs en se laissant glisser le long du tombant fabuleux de Tongue of the Ocean. Un épisode sous forme d’enquête, aux accents de road-movie, entre plongée spéléo et plongée technique. Andros est sauvage : elle se convoite, puis elle se mérite.


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Making of

Tout commença un soir pluvieux de décembre, dans un taxi parisien : coup de fil de Nicolas Zunino , le producteur. « On part dans 4 jours les p’tits loups ! ». Ok. Puis panique à bord ! A peine trois jours pour finaliser les dossiers, les recherches, les courriers, les formalités, le matériel, les bagages. Nous attendions ce départ depuis près d’un an, cette fois c’était parti ! Premier épisode de la saison 3 : direction les Bahamas, archipel dont rêve la moitié de la planète. Nous voulions du soleil, de la chaleur, de l’exotisme. Après une escale à Zurich puis une autre à Miami et une nuit à Fort Lauderdale, petit jet privé tout de cuir vêtu pour atterrir enfin sur l’île la plus sauvage des Bahamas : Andros.

Grand soleil. Et grand vent… Nous remettons une petite laine. Sur le bateau, après les plongées, nous grelottons littéralement : le vent est frais et le soleil n’y suffit pas. Chaque soir nous apprécierons le feu de cheminée dans la salle à manger et certains d’entre nous emprunterons aux collègues un pull ou un sweater pour tenir pendant toute la durée du séjour.

Des gouffres noyés…

Avez-vous déjà plongé dans un trou bleu ? Je ne parle pas des cénotes mexicains mais de ces formations géologiques, ces gouffres et réseaux de grottes noyés par l’eau de mer lors de la dernière glaciation. Une spécialité d’Andros qui a vu défiler ici les plongeurs spéléo les plus aguerris. Les trous bleus peuvent être localisés soit en mer, soit à l’intérieur des terres.

Nous avons eu la curiosité de plonger dans celui que les Bahaméens appellent « The Guardian » : un effondrement dans le centre de l’île sur plusieurs centaines de mètres. De l’extérieur, on jurerait un lac bien rond : il faut s’y rendre en voiture puis parcourir à pied un chemin cahoteux, bi-bouteilles sur le dos. Un petit plateau vite tourné par Pierre Stine, notre réalisateur, qui ne perd pas une miette des agissements de son animateur et vole des images parfaites d’authenticité. Léger briefe par le moniteur, puis à l’eau. En surface, l’eau paraît ambrée. Sous la surface, changement de teinte : les 50 premiers centimètres sont translucides mais nous avons des difficultés à voir le bout de nos palmes… Très vite, nous planons dans l’eau trouble avec l’impression désagréable d’avoir la vue brouillée : l’eau et le sulfure d’hydrogène se mêlent en une « couche » d’environ 2 ou 3 mètres de haut d’un beau vert fluo qu’il faut dépasser pour retrouver des eaux limpides et claires… En prime, un goût nauséabond envahit nos détendeurs : un léger relent d’œuf pourri…

Nous sommes entraînés par le moniteur dans une faille au fond de la vasque : il part en tête, suivi par Didier Noirot puis par Francis Le Guen, je ferme la marche en braquant les 400 watts que je tiens à bout de bras pour découper la silhouette de Francis en contre-jour. Nous devons progresser vers le bas, l’un derrière l’autre, dans un noir d’encre à peine troublé par les rayons lumineux de nos éclairages. Le temps suspend son vol… Les parois sont couvertes de sédiments qui se diluent comme de la glaise grise au moindre mouvement. Un film en noir et blanc ! Didier filme des fossiles, coquilles incrustées depuis des millénaires sur les parois de ce long tunnel qui n’en finit pas… Grand explorateur des gouffres noyés, Francis vérifie son ordinateur de plongée et nous fait signe qu’il faut songer à remonter. Je l’imite et constate avec stupeur que nous sommes déjà dans l’eau depuis plus de 30 minutes et que nous atteignons les – 44 mètres… Demi-tour et cette fois je mène en tête, pour l’instant il est impossible à quiconque de me dépasser dans ce boyau étroit. Et je prends plaisir à observer les parois d’un peu plus près, à chercher des indices de vie dans ce monde hostile fait d’ombres chinoises. Jusqu’à ce qu’une secousse m’arrête, le moniteur a réussi à se glisser jusqu’à moi et me fait signe que je me suis trompée : dans le noir, sans fil d’ariane, je partais sur une ouverture à droite alors qu’il fallait prendre celle de gauche ! J’étais pourtant sûre de ne pas m’être trompée !… Sans son expérience, je conduisais la petite équipe sur un cul-de-sac et nous aurions perdu un temps précieux en autonomie… C’est à cela que servent les guides.

Vous qui partez sans savoir, faites confiance aux professionnels et gardez l’humilité des débutants. On ne sait pas tant qu’on n’a pas vécu…

Marie-Ange Ostré
Eclairagiste sous-marin

Extrait du film

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Le conseil

Au cours de cette émission, nous découvrons comment gérer l’autonomie en plongée souterraine avec un bi-bouteille sur le dos.

L’équipe

Réalisateur Pierre Stine
Chefopérateur Olivier Ronval
Réalisateur sous-marin Didier Noirot
Auteur-animateur Francis Le Guen
Producteur exécutif et son Nicolas Zunino
Eclairagiste sous-marin Marie-Ange Ostré

Sites de plongée

Shark Emporium : des requins…
Une plongée, presque pour débutants ! Elle se présente ainsi, et c’est ainsi que l’a vécu notre réalisateur, Pierre Stine, qui avait déjà fait trois baptêmes dans trois endroits différents de la planète… A dix minutes de bateau de l’hôtel Small Hope Bay Lodge, les pointes noires affluent dès qu’ils entendent arriver le bateau : ils savent que c’est l’heure du nourrissage, le fameux « shark feeding » décrié en de nombreux endroits, mais qui se pratique tout de même ici, de façon très sélective et peu souvent dans l’année. Lors de notre plongée, ils seront huit requins à évoluer en surface au moment où nous nous mettons à l’eau, direction le sable, 17 mètres plus bas, pour nous positionner à genoux, les yeux levés à mi-parcours vers la surface : les deux moniteurs expérimentés fixent une grosse boule de morceaux de poissons congelés à un cable métallique relié au bateau, et c’est la curée… Vous resterez un bon quart d’heure à observer les squales se chamailler pour les meilleurs morceaux, et lorsqu’ils seront repus, ils disparaîtront dans le grand bleu et vous pourrez à votre tour scruter le sable pour y trouver quelques dents de requins aiguisés, reliefs de leur maigre repas.

The Wall
Un tombant vertigineux, truffé de gorgones filaires mauves, d’éponges, de coraux durs, anémones, etc… Attention, c’est une plongée à recommander aux confirmés puisque le haut du tombant est situé à – 45 mètres… Plus haut, le relief est en pente douce, ponctué de flore diverse.
Stargate : Le trou bleu des Bahamas
Immense galerie noyée, décorée de stalactites à 45 mètres de profondeur à la voute : un parcours de 200 mètres sous la terre, à réserver aux plongeurs très confirmés. Stargate n’est accessible qu’en trajet court avec un petit avion de tourisme, et après une petite marche à travers la végétation ; il vous faudra porter votre bouteille et votre équipement. Ensuite, un saut droit d’environ 4 mètres vous donnera accès au trou bleu. Une plongée exceptionnelle, splendide, mais qui se mérite.
The Guardian’s Blue Hole
L’île d’Andros est la plus réputée dans le monde en ce qui concerne la plongée en trous bleus : dès votre arrivée en avion, vous dénombrerez ces percées dans la végétation et devinerez ceux situés en mer. Le trou bleu de Guardian’s est accessible après 30 bonnes minutes en voiture depuis l’hôtel Small Hope Bay Lodge, puis une courte marche par un sentier dans la végétation d’à peine dix minutes. La particularité de cette plongée est dûe à la couche d’hydrogène sulfurée située sur les trois premiers mètres dès la surface qui donne une certaine turbidité à l’eau et une couleur ocre. Plus bas, d’étonnants anneaux de saturne vont font pénétrer dans une eau presque vert fluo habitée de quelques poissons et micro-organismes. Il faut entrer dans la galerie noyée en bas du puits circulaire pour la visiter et entrer dans ce monde d’encre pour découvrir les stalactites de calcaire qui datent d’une autre glaciation… Attention à bien surveiller votre consommation d’air : on se laisse facilement entraîner à de grandes profondeurs, les premières stalactites n’apparaissant qu’au-delà de 40 mètres de fond. Pour plongeurs spéléos ou confirmés.
D’autres plongées intéressantes comme le trou bleu de Conch’ Sound au Sud de l’île, Ocean Blue Hole (en plein océan) ou bien Brad’s Mountain pour une explo plus « traditionnelle ». La faune est moins riche qu’en d’autres endroits des Caraïbes, autant que nous l’ayons constaté en période creuse (décembre), mais nous avons tout de même été bluffés par la beauté et la grâce des poissons-anges français et des « queen angelfishes ». Dans Conch’ Sound, un superbe banc de plataxs de l’Atlantique, très photogénique, au-dessus d’une épave de bateau de pêcheur, ambiance…

Pratique

 Le Centre : Small Hope Bay Lodge

L’hôtel Small Hope Bay Lodge est situé sur l’île d’Andros, à une heure d’avion de Fort Lauderdale (Floride) ou 15 minutes de vol depuis Nassau (Bahamas). Les forfaits résidents incluent la location en bungalow sur la plage, tous les repas et les boissons, les facilités de l’hôtel (canoë, jacuzzi,…). Les forfaits plongée comprennent trois plongées par jour. L’hôtel est simple, mais confortable. Le style est davantage apparenté à de l’éco-tourisme mais l’ambiance y est très décontractée et le contact est permanent puisque les moniteurs prennent les repas avec vous et le personnel est attentif. Mike et Mouss, les deux moniteurs hautement qualifiés sont courtois et sécurisants. Pour goûter aux plongées très particulières de ce site inattendu des Bahamas, choisissez le Small Hope Bay Lodge.Centre PADI. Possibilité formation au Nitrox.
Anglais indispensable.Phone : 00 242-368-2014
Contacter par e-mail

Climat

Climat Tropical, tempéré par les alizés
Formalités Passeport en cours de validité
Heure Eté – 6 heures, hiver – 5 heures
Langue Anglais
Monnaie Dollar US
Electricité 110V, prises américaines
Caissons Nassau, Freeport, Providenciales
On plonge toute l’année.
Click for Nassau, Bahamas Forecast Click for Nassau, Bahamas Forecast
Heure locale et météo en temps réel. Pour les prévisions météo détaillées sur la semaine, cliquez sur l’une des deux images.
Notre avis : nous y étions fin décembre 2004, nous avons plongé tous les jours, mais les conditions en mer n’étaient pas toujours faciles ou agréables et les poissons pas tous au rendez-vous. Néanmoins il reste toujours la possibilité de plonger dans les trous bleus à l’intérieur des terres et de découvrir ainsi un tout autre aspect de la plongée. A cette période, nous utilisions des combi 3 mm Ralf Tech, mais un K-Way était agréable par-dessus la combi pour supporter la fraîcheur du vent sur le bateau pendant le retour vers le ponton de l’hôtel.La température extérieure était de 24° environ, avec un soleil éblouissant, un léger pull est de rigueur si le vent se lève et obligatoire pour les soirées plus fraîches en cette période. Mais vous apprécierez de toute évidence le feu dans la cheminée du Lounge qui est entretenu en permanence, le tout avec vue sur l’océan aux couleurs de turquoise… Un charme certain…

A lire avant de partir

www.bahamas-tourisme.fr
www.bahamasdiving.com
www.bahamas.com
www.geographia.com/bahamas/
www.whatsonbahamas.com
The Indigenous People of the Caribbean
Samuel M. WilsonA General History of the Robberies and Murders of the Most Notorious Pirates
Charles Johnson