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Plongeurs International 139 : Yves Omer, l’océanaute

Le 17 septembre 1965, les plongeurs de l’équipe Cousteau débutaient une expérience unique au monde : vivre un mois à 100 mètres de profondeur, au large de St Jean Cap Ferrat, avec pour seul refuge la sphère d’acier de Précontinent 3. Yves Omer était du voyage. Il raconte…

Mes années Cousteau

PI139aUne maison sous la mer… En apnée, je viens de franchir le sas, à cent mètres de profondeur. Plongé dans l’eau sombre et glaciale, avec pour mission de brancher les ombilicaux sur les surpresseurs.

Mais à peine sorti, je me sens happé vers la surface par une poigne terrible : je suis beaucoup trop léger ! Et en danger de mort si je n’arrive pas à enrayer mon ascension incontrôlée : si je crève la surface comme un boulet, sans décompression, je suis foutu !

Miraculeusement, je m’accroche aux superstructures de notre habitat et parviens à me déhaler à la force des bras jusqu’à refranchir le sas et regagner la sécurité relative de la sphère d’acier qui nous sert de refuge dans les profondeurs de Saint Jean Cap Ferrat.

PI139bEt je comprends ce qui s’est passé. Nous respirons un mélange d’hélium et d’oxygène. Et nous sommes saturés d’hélium, nos poumons, nos vêtements néoprène : de vrais ballons prêts à s’envoler vers la surface. Il va nous falloir deux fois plus de plombs.

Et apprendre à résister au froid : à cause de la pression qui règne ici, nos combinaisons sont devenues épaisses comme du papier de cigarette ! Et se dilatent à la remontée… Un jour, nous avons perdu un gant et les gars de la surface nous ont dit qu’il avaient récupéré un pantalon à 5 jambes !

Vous direz à Omer qu’il est cameraman sous-marin !

Un jour, Philippe Cousteau me dit :
– Je vais à Monaco voir mon père. Viens avec moi ? On conduira la Morgan !
Philippe aimait les décapotables de collection mais, pour tout dire, je ne me sentais pas très à l’aise. Moi, je me considérais comme un « employé de base » dans cette structure. J’avais un problème avec « les riches ». Et je me comportais un peu comme les paysans de ma jeunesse. Arrivé à Monaco, je me retrouvais dans un immeuble « de fonction », ascenseur, moquette de 20 cm d’épaisseur… Pour découvrir alors Cousteau et « la bergère », hilares, en train de sauter sur un lit « moderne » à relevage électrique… Alors, je me suis dit : mais qu’est ce que je fous là ?
– Papa, tu comprends, il faut que Yves devienne caméraman !
– Ok, ok, pourquoi pas ? Il faut voir Alinat.

Mais je sentais bien que le Pacha n’en avait rien à faire à ce moment là et qu’il était surtout pressé de retourner chahuter avec Simone, comme un gosse. J’étais sidéré. Sans comprendre tout de suite l’incroyable chance qu’il m’offrait.

Après un crochet par Paris, direction le musée de Monaco, au volant de la Morgan. C’est là que j’ai rencontré Jean Alinat, un type extraordinaire, l’éminence grise de Cousteau. Poignée de main virile et aussitôt il dépliait ses bras d’aigle et prenait les décisions.

13092025_997174770337971_8662370434966138603_nIl fut décidé que je suivrais des cours de cinéma par correspondance et que le reste, ma foi, je l’apprendrais en le faisant. Une promotion spectaculaire qui me valait quelque jalousie de la part de « collègues » cinéastes parisiens…

Mais j’avais appris à enregistrer ce que je voyais sous l’eau, à transmettre une émotion. Je me retrouvais en Afrique du sud sur mon premier tournage mettant en scène les « puces de mers », nos deux submersibles. Et, à vrai dire, je n’étais pas très fier. Un seul mot d’ordre : Omer, filmez !

Cousteau était reparti en avion avec les pellicules pour les faire développer et les visionner à Los Angeles. Depuis le milieu de l’Atlantique, nous communiquions grâce à Saint Lys Radio. Et on écoutait tous autour du poste, comme sur Radio Londres pendant la guerre, attendant le verdict du Pacha.

Alors, j’ai entendu la voix du Commandant, déformée par la transmission :
– Au fait, vous direz à Omer qu’il est cameraman sous-marin !

C’était juste avant que je ne me fasse écraser par une baleine. Nous étions en Californie, et…

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Yves Omer découvrant son interview… Et quelques-unes de ses images d’archive…

Omer

Publié le Mai 11, 2016

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