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Le chardon bleu

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Le chardon bleu, plante des dunes bretonnes par excellence est aussi, curieusement, le mot clé qui revient le plus souvent lors des recherches Google qui atterrissent sur ce blog. Conscient de ce fait, pour que ces visiteurs ne se retrouvent pas lésés, et aussi parce que j’aime le chardon bleu, j’ai donc décidé de vous entretenir de ce curieux végétal à épines.

Totalement hors de la thématique affichée de ce blog, nous sommes d’accord. Mais, voulez-vous que je vous dise ? C’est mon blog, alors, hein… Allez, direction le jardin botanique !

Chardon bleuCe Panicaut maritime Eryngium maritinum, il ne faut pas le confondre avec l’autre chardon bleu qu’on appelle aussi L’azurite, ou oursin bleu, Echinops ritro, et qui se présente en belles boules piquantes mais dont les feuilles n’ont pas la classe « extraterrestre » du panicaut et en particulier la structure fractale de ses feuilles bleu – vert veronèse…

On l’appelle aussi panicault de mer ou chardon des dunes. Le mot panicault viendrait de « pain chaud » en Langue d’Oc ; parce que, « quand on le prend par la main, il brûle comme un pain brûlant ! ». Pline le tenait par ailleurs comme un antidote contre les morsures de serpent.

C’est une plante vivace aux feuilles coriaces, épineuses, aux fleurs bleues en capitules arrondis. On la rencontre en taches importantes dans les dunes et parfois dans les zones de galets du littoral. Elle fleurit de juin à septembre. En hiver, le panicaut vit sur les réserves accumulées dans sa forte racine, qui peut atteindre jusqu’à 2 ou 3 m de profondeur. Elle permet aussi à la plante de résister au vent et de trouver de l’eau aux périodes les plus chaudes et sèches de l’année. Par son système racinaire, le panicaut contribue, comme l’oyat, à fixer la dune.

Pas nigaud, le panicaut !

En tout cas, ce chardon n’en est pas un : c’est en fait un cousin de la carotte ! Le terme de chardon est utilisé par abus de langage… Il n’appartient pas à la famille des Astéracae (ex composées) où l’on rencontre les chardons, mais à celle des Apiaceae (ex ombellifères) où l’on trouve les carottes (pas cuites). Oui, je sais, il y en à marre de tous ces « ex » : comment voulez vous qu’on s’y retrouve, messieurs les taxonomistes ?

Il parait que sa racine peut se consommer cuite. Une fois bouille et grillée, elle a un goût qui rappelle la châtaigne. En Grande-Bretagne on en fait des sucreries que Shakespeare mentionne… Elle serait apéritive et diurétique, mais comme l’espèce est en danger, abstenons-nous d’y goûter. L’espèce est protégée en Bretagne et en PAC et ce n’est pas un hasard si le Conservatoire du Littoral en a fait son emblème.

Pharmacopée paniquée

Au XVII ème siècle en Angleterre, on glaçait la racine du panicaut maritime avant de la consommer pour prévenir le scorbut. Dans son herbier anglais (1735), K’Eogh note que cette plante « provoque la miction et les menstruations, favorise les flatulences et élimine les obstructions du foie, des reins et de la vésicule biliaire ». Ça, c’est fait !

Au XVIIIème siècle, cette plante médicinale était considérée comme étant aphrodisiaque et efficace dans le traitement de certains troubles neurologiques comme la paralysie et les convulsions. En Europe, le panicaut maritime est actuellement utilisé en phytothérapie comme diurétique. On le prescrit en cas de cystite et d’urétrite ainsi que pour soulager les calculs rénaux. Il ne dissout probablement pas ces derniers mais en retarde la formation. Le panicaut maritime traite également l’augmentation et l’inflammation de la prostate et guérirait les troubles respiratoires.

Mais laissons le mot de la fin à notre plus grand poète :

Et je pense, écoutant gémir le vent amer,
Et l’onde aux plis infranchissables ;
L’été rit, et l’on voit sur le bord de la mer
Fleurir le chardon bleu des sables.

(Victor Hugo, Les contemplations, Paroles sur la dune.)

Naturellement, j’ai aussi profité de ce petit billet naturaliste pour explorer la dimension fractale des chardons sur Apophysis… Bonne semaine ! Sans trop de piquants…

Publié le Juil 9, 2012

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4 Commentaires

  1. Armelle

    Bijour Francis,

    Et merci pour cette lecture du réveil sympathique… La sorcière que je suis adore en apprendre sur les plantes…
    Le panicaut (merci pour le nom que j’ignorais) n’est pas que breton, on en trouve aussi (et vu la quantité, je ne pensais pas que l’espèce était en danger) à Oléron… Les dunes de La Cotinière en sont bien habitées…
    *pfffff mes envies de bord de mer vont pas se calmer*

    Bises.

    Réponse
  2. ccampion

    Bonjour Francis,

    Le chardon est vraiment très beau et sa fleur est très belle (son bleu unique). Je crois que c’est une plante protégée comme tant d’autres en Méditerannée.
    J’aime beaucoup votre 1ère photo, elle repose les yeux.
    -ah ! la vertu des couleurs des plantes et des minéraux sur notre bien-être, encore un sujet formidable !
    Bonne journée à vous

    Réponse
    • Francis Le Guen

      Elle repose les yeux ? Tant mieux… Moi je trouve qu’elle « pique » un peu… les yeux ! 😆
      Les couleurs ont une action sur notre physiologie. Je crois que c’est prouvé. A creuser. Beau sujet, en effet…

      Réponse

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