Il y a quelques temps, j’explorais les possibilités graphiques offertes par une équation à cinq dimensions nommée Amazing Surf dans le logiciel Mandelbulb3D. Plus exactement d’un hybride composé d’Amazing Surf, _RotatedFolded, _FoldingTetra3D et _AddC, pour les puristes. Je débouchais assez rapidement dans un espace peuplé d’étranges stalactites qui me rappelait certaines plongées dans les cénotes du Yucatan. J’en tirais un tableau horizontal appelé tout naturellement Riviera Maya.
Riviera Maya – Collection Caverns
Je n’ajoutais pratiquement rien à la fractale originale si ce n’est quelques coups de tampons précautionneux et autres rayons de soleil.
Et bien sûr, pour donner l’échelle, d’y compositer un plongeur, qui était en fait une plongeuse extraite d’une photo prise (en argentique) en 1983 (!) dans la grotte de Piccanninie Ponds en Australie…
Verticalité
Dernièrement, une amie très chère, plongeuse d’au delà des Alpes, fit l’acquisition du tableau Mimoso inspiré lui de mes plongées dans les grottes du Brésil. Et lorsqu’elle voulu habiller son mur blanc elle souhaita un autre tableau symétrique et porta son choix sur Riviera Maya. Il suffisait juste de changer le format. Las… Le monde des fractales n’est pas de ceux qu’on recadre. Il me fallait replonger !
Retrouver et réouvrir les fichiers, changer de point de vue, de perspective, jusqu’à obtenir un univers susceptible d’être esthétique dans un format vertical. Mais la fractale originale ne m’offrait que des visions horizontales. Pire : le moindre mouvement d’avant en arrière, de haut en bas, de droite à gauche et leurs nombreux équivalents exotiques dans cet espace à 5 dimensions faisait disparaître ou apparaître de nouveaux détails, de nouveaux mondes, certains intéressants mais tellement différents !
Ainsi se perd-t-on dans les replis des fractales multi dimensionnelles, sortilèges des plongées infinies dans l’univers des nombres complexes…
Car nous parlons bien de fractales, où d’infimes variations de valeurs aboutissent à des résultats incroyablement différents par “l’effet papillon” de ce monde du chaos.
Par exemple je travaillais avec un réglage de la variation d’échelle de l’Amazing Surface jusqu’à l’exposant -18 ! Les valeurs “Julia” sur les 3 axes de l’espace 3D, quant à elles, étaient peaufinées à la 17ème décimale.
Les heures sont devenues des jours ; des mois. J’ai vu des choses… Ah si seulement je pouvais vous emmener avec moi. Ou seulement vous raconter…
Dans le logiciel Mandelbulb3D, le festival des décimales…
Encore fallait il compter avec l’atmosphère, les ombres portées, les reflexions, l’occlusion ambiante, les textures des matériaux et six éclairages différents, ponctuels ou généraux dont un volumétrique (coloré en orange) signalant la présence du futur plongeur que je compositerais ensuite dans Photoshop à l’aide d’une trentaine de calques.
Bien sûr, qui dit impression dit haute résolution et les fractales putatives devaient toutes être rendues en .png transparent à une taille de 4000 par 8000 pixels, au prix de nombreuses heures de rendu avant d’être compositées à nouveau pour ajouter cadre, signature et toutes sortes d’invisibles détails…
Ci-dessous quelques visions obtenues à grand peine, en triturant tous les réglages. Mondes étranges, également, mais différents de l’original, tellement différents… Et qui ne me semblent pas susciter l’émotion que j’ai ressentie quand j’ai débouché pour la première fois dans cette salle aux stalactites bio mécaniques…
Alors, horizontal ou vertical ? Je ne saurais moi-même trancher. Il faudrait que je consulte mon hélvète cliente, injustement délaissée, abandonnée au temps long. Mais je n’ose pas : elle me croit perdu dans la cinquième dimension…
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