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Philippines : les poissons mandarin

Moalboal couchant

_MG_7878-EditLes poissons mandarins ! Aaaah que n’ai-je entendu à propos de ce poisson rouge ! « Unique… Exceptionnel… Incontournable ! »…

Alors, évidemment, pour ne pas mourir idiot, je me devais de m’inscrire à la plongée de nuit.

Crépusculaire plutôt. Car, figurez vous que ce petit poisson n’est visible qu’à partir de 17h. Et pas plus tard. Le reste du temps il reste caché dans son buisson de corail. Il ne se reproduit en effet que dans la pénombre, juste avant le couchant, et ne se donne à voir que dans ce court intervalle de temps. C’est sans doute ce qu’on appelle un 5 à 7…

Ayant déjà deux plongées dans les pattes, je rechignais un peu à embarquer de nouveau… Mais il le fallait bien ! La veille au soir, les fringuants compétiteurs Fun Explorers en avaient ramené de très belles images. Cela faisait envie. Aaaah les fourbes !

Mandarinat

detendeurCamouflé dans les lourds nuages bleus, le soleil ne va pas tarder à se coucher. Bascule arrière, nous voilà sous l’eau, dans les rayons finissant. A – 5m, un tapis de corail…

Imaginez la scène : 20 plongeurs prolongés de leurs boites à images, en arrêt devant un bloc de corail où les poissons résident. A attendre… Enfin, en arrêt… Il faut bien le dire, le temps passant, vautrés sur le corail, oui… Les mandarins ont bon dos !

Et alors, l’instant tant attendu arrive : Marven Sumampong Lanojan mon guide se surexcite soudain sur place et me désigne un trou avec sa baguette. J’approche le groin… Quoi ? C’est donc çà ? Ces alevins qui se déplacent par à coups, comme de minuscules autos tamponneuses ? Et avec le même déguisement ridicule de fête foraine ? A ce train là, ils ne risquent pas de se reproduire souvent !

Première constatation : ils sont minuscules ! Quelques centimètres. A force de voir des photos prises en macro on finit par perdre le sens des proportions. Deuxième constatation : ils restent cachés entre les branches d’Acropora, et refusent pour l’instant de monter plus haut. Le cauchemar du photographe à cause des ombres portées…

Vais-je devoir attendre des dizaines de minutes le bon vouloir de stupides poissons qu’on voit à longueur de journée sur les réseaux sociaux ? Pas de ça Lisette ! Je shoote vite fait quelques images « à  l’aveugle » et me barre en vitesse à l’autre bout du récif. Tant d’autres espèces m’attendent, et moins connues !

Poissons mandarins

Évasion dans l’eau noire…

Me voilà au bord du tombant… Traversant d’immatériels rideaux de poissons, accrochés dans le noir, en pleine eau et plein sommeil. Je n’ai pas eu le temps de recharger mon gros phare Bersub de toute façon bien trop puissant pour la nuit et je sais que je vais tomber en panne. Paf ! C’est fait… Qu’importe : j’aime rester dans le noir, à suivre en catimini les lucioles des autres plongeurs.

Oui mais pour les photos il faut un éclairage, de façon à ce que l’objectif puisse faire la mise au point… Heureusement Dany passait par là et je l’arraisonne. Il va me suivre et m’éclairer les petites bêtes. Puis, sans doute lassé de « tenir la chandelle » (rien n’est plus terrible que de plonger avec un photographe…), il me passe sa lampe et remonte.

Je continue seul cette randonnée nocturne, bluffé par cette mer qui s’anime à la nuit tombée, révélant les espèces cachées dans ses dessous. Des oursins sortent de partout, rivalisant de couleurs et de formes, dardant leurs longues aiguilles empoisonnées. Ils marchent littéralement sur les pointes et se déplacent ! Les ophiures nouent des nœuds complexes autour des éponges, des gorgones. J’en vois une, énorme, de couleur vert olive qui se déplace rapidement, glissant comme un serpent à six bras.

Les comatules ont déployé leur radars à plancton, dressées sur leurs pattes, ou pulsant dans l’eau noire. Les crabes sont en balade, de toutes tailles, formes et couleurs. Les blocs de coraux vomissent des murènes ondulantes. Et tout ce monde là chasse, filtre, dévore…. C’est une autre plongée, une autre mer. Comme la jungle africaine sous la lune…

Tellement d’espèces grouillent ici, presque jusqu’au malaise. Car, en restant statique pour les photos, la lampe attire quantité d’autres créatures vibrillonantes jusqu’à presque occulter la lumière. Je suis envahi progressivement de vers, de larves, d’hydres qui me frôlent, me croquent, me digèrent. La nuit cette mer est carnivore ! Et je comprends enfin cette belle phrase de Paul Valery : « la mer, la mer toujours recommencée » qui en une nuit fait place nette. Les cadavres sont exquis et au matin il n’en restera rien. Il ne fait pas bon être immobile par ici…

Voici quelques images de cette randonnée aveugle…

Presque deux heures ont passées et je crois bien être le dernier sous l’eau. J’ai finalement pitié de celles et ceux remontés sur le bateau sous la lueur de Jupiter et d’une voie lactée de bande dessinée. j’apprendrais plus tard qu’ils avaient froid ! Désolé…

Daniel Méouchy : comment, avec la barde isotherme dont tu as su te doter, à l’instar des grands mammifères marins, as-tu pu avoir froid par cette nuit tropicale à 29° C ? Alors que le plancton phosphorescent faisait de l’œil à ses sœurs les étoiles ? Douillet ! Allez ! Sur ce, bonne nuit ! 🙂

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Publié le Déc 5, 2013

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