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Un coup d’épée dans l’Aulne

Tourisme fluvial ou pêche à la ligne : il faudra bientôt choisir entre ces deux fleurons du tourisme “ vert ” au pays des irréductibles gaulois. Il y va de la survie du saumon…

 

aulne“Quand un poisson meurt, l’homme est menacé ” s’insurge Youenn Landrein, le président de la Fédération de pêche et de protection du milieu aquatique du Finistère. Ce fils de meunier devenu pêcheur et militant  souhaiterait gérer l’Aulne de son enfance de façon patrimoniale, c’est à dire entretenir la rivière de façon à favoriser la reproduction naturelle des truites et des saumons au lieu de lâcher des alevins dans des sites pollués. L’Aulne est en effet le plus long cours d’eau du Finistère et l’une des rares rivières à saumons de France. Au 11ème siècle, les moines de Landevennec avaient fait de Chateaulin la capitale du saumon. Le poisson-roi figurait d’ailleurs sur les armes de la villes et les Châteaulinois furent longtemps appelés “ Pen Eog ”, littéralement “ tête de saumon ”. Au 17ème siècle on en pêchait encore 4000 par an, exporté à Paris. Les ouvriers avaient d’ailleurs exigé de ne pas manger de saumon plus de deux fois par semaine !

On sait que le saumon se souvient de son lieu de naissance et y revient pour frayer, après un long voyage dans les mers froides. Encore faut-il qu’on ne lui barre pas le chemin du retour…

Les erreurs ont commencé avec Napoléon qui chargea le citoyen Bouessel, ingénieur des Ponts et Chaussées de réaliser un canal afin de désenclaver par la terre les trois arsenaux de Brest, Lorient  et Nantes du blocus des anglais. On utilisa pour cela l’Aulne qui se retrouva canalisée sur 70 km et  on pu naviguer de Nantes à Brest sur 360 km à partir de 1829 grâce à la construction de 238 écluses. Entre temps, la paix avait été faite avec la perfide Albion et l’ouvrage qui avait couté la vie à des centaines de bagnards et d’ouvriers locaux fut utilisé pour le commerce fluvial. Sans grande efficacité à cause des écluses et des méandres trop nombreux. Les péniches cessèrent d’y circuler en 1939. Bien que des ascenseurs à saumons aient été installés récemment, le Salmo salar boude la rivière, dont le débit entamé par l’irrigation n’est plus suffisant en été. L’eau se réchauffe et se charge de polluants. Et voilà qu’on nous promet bientôt plus de 20 à 30 barrages écrêteurs de crues pour 42 millions d’Euros. Comme si la vocation de l’Aulne était d’être canalisée ! Les pouvoirs publics semblent vouloir favoriser ici le tourisme fluvial alors qu’en France, nous avons des milliers de kilomètres de canaux et bien peu de rivières à saumon. Mais, comme le précise perfidement Youenn, un barrage, çà s’inaugure…

Priez pour l’Aulne, pauvres pêcheurs, avant qu’on ne vous mène en bateau…

Le Château d’eau du Finistère

Sur le bassin d’alimentation de l’Aulne, à Saint Goazec, existe un lieu magique : le château de Trévarez. Construit en1894 par James de Kerjégu, alors député et conseiller général du Finistère, ce château campé au pied des monts d’Arrée est aujourd’hui hanté de chauve-souris sous haute protection. Cette construction improbable en ce lieu, regroupe tout le génie hydraulique de l’époque : réservoirs souterrains alimentant jardins, fontaines et même ascenseurs mus par l’eau ! Le parc magnifique où serpentent rivière et cascades artificielles mérite la visite de tous les rêveurs d’utopie.

Parc et château de Trévarez – Tél. 02 98 26 82 79

Publié le Août 4, 2006

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