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Le Nec plus Ultrafractal

Tout à commencé par une pandémie de Coronavirus dont on apprend aujourd’hui qu’elle pourrait bien être le résultat de manipulations génétiques réalisées en Chine. Il est aussi question de pangolins, de chauves-souris, de Macronie : que de vilaines bêtes !

S’ensuivit une période de confinement autoritaire qui dure maintenant, à l’heure ou j’écris ces lignes, depuis… 31 jours. Ce qui veut dire que depuis plus d’un mois, jours après nuits, j’étudie le logiciel Ultrafractal ! En effet, pas question de se laisser enfermer quand l’infini mathématique frappe à la porte. Voilà une opportunité pour réellement apprendre ce logiciel que je n’avais fait que survoler mais qui permettait de belles réalisations, par exemple les tableaux « Trafalgar » ci-dessous, à base de fractale « burning ship » et « Urban Sunrise » disponibles dans la Boutique

Trafalgar. Collection "Rouge".

Trafalgar. Collection « Rouge ».

Le Nec plus Ultra

Ultrafractal est un logiciel de génération de fractales qui date de « l’adolescence » de ce sport, comprenez après la sortie de FractInt, Fractal Explorer, Apophysis mais avant JWildfire, Mandelbulb3D, Mandelbulber, Incendia… Si bien qu’après une période d’euphorie, il est tombé un peu en désuétude au profit des autres logiciels plus récents. Mais à tort car il permet de faire des choses uniques.
C’est aussi un des rares soft payant. Non pas qu’il soit meilleur que les autres, non, juste payant. Pour une somme modique d’ailleurs et on peut télécharger sur le site une version de demo pour MacOS ou Win quasiment fonctionnelle, le temps d’apprendre…

En ce qui concerne l’apprentissage des logiciels, je suis partisan de la transfusion totale et entière et voici ma méthode qui en vaut bien une autre. D’abord, télécharger la doc (read this fucking manual !) et tous les tutoriaux qu’il vous sera possible de trouver. Je cherche pour cela sur les sites dédiés forum d’Ultrafractal, Deviant Art, Fractal Forum et consors.

A cette occasion, je télécharge tous les presets, les extensions, les add-ons, les tips & tricks, les gradients, les textures et tous ces milliers de flegmons « utilisateurs » pour être sûr de ne rien manquer. Il y faut un esprit méthodique et critique car dans ces domaines on est amené à séparer le bon grain de l’ivraie. Et le bon grain… question tutoriaux, on ne peut pas dire qu’Ultrafractal ait trouvé son pédagogue. Quel salmigondis d’incompétences ! A droite l’un des moins pires. En anglais. Et en .png ou .jpg. Oui, c’était la mode à un moment de présenter les tutoriaux comme des images géantes à rallonge où scroller et jouer de la loupe comme un malheureux…

Toujours est-il que j’ai chargé la centaine de tutoriaux disponibles sur mon iPad ce qui me permettait de les étudier patiemment, au lit. Au lieu de dormir bêtement (pour quoi faire ?). Jusqu’à ce qu’une fonction, subitement comprise, ne me fasse sauter de mon lit éjectable jusqu’à mon bureau (une chance qu’il ne soit pas loin, confinement oblige) pour la tester sur le Mac. Les journées étaient consacrées plus prosaïquement à faire fonctionner le logiciel « en vrai » sur grand écran…

Un des points forts du logiciel et non des moindres est sa rapidité de réaction, avec une prévisualisation quasiment instantanée et des temps de rendus en haute définition très « courts » comparés à JWildfire ou Mandelbulb3D par exemple. Rappelons toutefois qu’ils ne font pas les mêmes choses et ne sont pas comparables. Avec une interface bien pensée, le logiciel présente une « courbe d’apprentissage » des plus courtes et est très agréable d’utilisation. Pour résumer à gros traits, Ultrafractal est idéal pour générer des images en 2D (mais il est aussi capables de rendre des fractales 3D, des quaternions, etc), avec une forte densité de couleur et d’aspect beaucoup plus « pictural » que ses compagnons.

L’interface ressemble un peu à un Photoshop ou un GIMP puisque Ultrafractal fonctionne sur le principe des calques empilés, calques auxquels on peut appliquer toutes sortes de masques et de modes de fusion pour obtenir un éventail très vaste de possibilités. Ces calques sont colorisés par la méthode des gradients colorés (palette à gauche) qui s’avère extrêmement puissante avec la possibilité de la transparence pour créer des masques, entre autres…

Il est très facile de « circuler » dans la fractale avec la souris et quelques raccourcis clavier pour zoomer, panoter, faire tourner, etc. Tous les calques ensemble ou par calques séparés…

Formules magiques

Voilà pour le moteur, encore une fois très simple à utiliser. Mais ce qui fait la richesse infinie d’Ultrafractal ce sont ses formules (des milliers), écrites par des développeurs de France ou de Navarre au fil du temps et qui génèrent un type de fractale donné dans un des calques. Avec la cohorte de réglages abscons habituels, plus ou moins nombreux. Les réglages principaux sont accessibles à la souris avec une prévisualisation « temps réel » ce qui est très agréable. Avec la possibilité à tous moment de jouer entre les espèces « Mandelbrot » ou leur équivalent en « Julia » pour, déjà à ce stade, un nombre infini de possibilités.

Il faut ajouter à cela un algorithme de colorisation (en inside ou outisde ou les deux) : l’intérieur ou l’extérieur de la fractale, des notions assez difficiles à appréhender bien que graphiquement assez évidentes. Des centaines d’algorithmes sont dans le ventre du logiciel, chacun d’eux livrés avec leur armée de paramètres à régler.

Enfin, on peut appliquer à chaque calque d’autres algorithmes de « mapping » qui agissent en gros comme des filtres de déformation (projection Cayley, Moebius, sphérique… déformation Kaleidoscope, etc) sur la fractale considérée… Il s’agit ensuite de choisir les gradients, les textures, et de combiner le tout avant de procéder au rendu de l’image finale. Notons qu’il est possible d’exporter un fichier au format Photoshop avec tous les calques, les alphas, masquages et autres transparences ce qui permet de travailler encore l’image sous Photoshop à ce stade. Très, très utile !

Pour résumer, fonctionnement simple et logique, assez robuste mais d’une complexité infinie par les possibilités de combinaisons de formules qui se comptent par milliards. On a tôt fait de se sentir perdu, à l’orée d’une forêt enchantée mais pleine de méchants loups…

Un peu de radiographie…

C’est ainsi qu’un peu au hasard, j’ai décidé d’explorer les équations MartSam écrites par le pionnier suisse Samuel Monnier en 1999, inspirées de la formule « Martin » de Mark Townsend. Ces variations s’utilisent avec un algorithme de colorisation « intérieur » et non extérieur (pour les familiers des fractales). J’ai décidé d’utiliser un classique « Magnitude » qui n’interfère pas trop avec la fractale de base.

Souvent, quand je pars en exploration dans ces mondes mathématiques, j’utilise des tons monochromatiques afin de ne pas être distrait par les couleurs qui ajoutent de nombreux niveaux de complexité aux images… Pour ce faire, j’ai créé cette fois un bête gradient en « courbe de Gauss » noir/ivoire ce qui donne, pour peu qu’on ajoute une texture « papier » sur un calque final, un aspect délicieusement suranné.

On trouve ces équations dans le dossier « sam.ufm » qui sont au nombre de 12 et génèrent des motifs très différents. Je les ai tous essayés en gardant pratiquement la même position dans l’espace le même nombre d’itérations et les mêmes réglages, à des fins de comparaison. Tout au plus ai-je dû changer les fonctions de colorisation (de Linear à Log en passant par Square Tangent, Arc Tangent et autres fonctions trigonométriques) afin d’obtenir des graphismes plus intéressants quand c’était nécessaire.

Voici les résultats de cette expédition traités « façon » radiographie… On peut cliquer les images pour voir en grand (c’est même vivement recommandé) et naviguer dans le diaporama avec les flèches du clavier. Si !

Mais il était temps de conclure. Le plus difficile avec Ultrafractal (et avec tous les logiciels d’imagerie en général) est de savoir s’arrêter. Interrompre la danse du chaos. Freiner la complexité… Bref, ne restait plus qu’à sélectionner une de ces variations prometteuses (commençons par la première…), à zoomer à l’intérieur et à recadrer avant de coloriser à l’aide de 3 calques : celui de base en niveaux de gris, un gradient gris blanc décalé pour un pseudo effet 3D et un dernier noir blanc rouge. Laisser sécher : c’est prêt !

Ainsi est né Dogon, vaguement issu de l’art africain, en vente dans la boutique dans la collection « Tribal« 

Publié le Avr 17, 2020

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