Jusqu’à présent, en matière de peinture sur ordinateur, en dehors d’applications payantes comme ArtRage, Painter et l’incontournable Photoshop, on pouvait utiliser, côté logiciels libres, Gimp, un excellent programme « à tout faire » mais, justement, très touffu.

Egalement, bien sûr, quelques merdiciels inclus (au sens d’inclusion dans la résine fossile) dans les systèmes d’exploitation (l’art d’exploiter les utilisateurs grâce à un système ; à l’origine de la fortune de Mr Gates…) genre Gribouillon.net, Paint et autres… Et d’ailleurs :

Qui se souvient de Mac Paint ?

Première application de dessin en noir et blanc présente sur les premiers Macintosh dès 1984, et faisant une bonne part du succès de la machine. Appli géniale pour l’époque développée par Bill Atkinson, l’un des pionniers d’Apple. La préhistoire… Et pourtant, ce n’est pas si « vieux ». Et nous l’utilisions intensivement et même pour des publications dans la presse de l’époque ! Ainsi, en 1991, lors d’une expédition de reconnaissance en Grèce, voilà à quoi ressemblaient les croquis des sources de Ladonos et d’Agios Floros (où je découvrais un gisement de poteries antiques mais ceci est une autre histoire). Bitmaps et encore bitmaps… 🙂

Mais, comme toujours, quel que soit l’outil, tout n’était question que de talent et de coup de pinceau souris, comme en témoignent certains « chefs d’oeuvre » réalisés avec Mac Paint…

 

Plus d’images (géniales) d’époque sur le site Messy Nessy.

Krita

Mais revenons aux « temps modernes » : la tendance actuelle, c’est Krita. Une superbe application dédiée au dessin et à la peinture numérique (mais qui fait bien plus comme nous allons voir) et surtout, comme Gimp, qui est un logiciel libre (Licence GNU). Conçue à l’origine pour l’interface KDE de Linux, elle se décline aujourd’hui aussi pour Windaube et MacOS, l’appli est à télécharger gratuitement.

Depuis 2009, date de création du logiciel, l’accent est mis sur la peinture : La communauté Krita vise d’ailleurs à en faire la meilleure application de peinture pour les dessinateurs, illustrateurs et artistes concepteurs. Le nom « Krita » vient du suédois « dessiner » ou « craie ». Quant à la mascotte de Krita, le cyber écureuil femelle « Kiki », elle a été créée par Tyson Tan… Parce que Krita est le nom donné à l’écureuil, en albanais. Nan, c’est rien ; les programmeurs…

L’interface est classique, simple et efficace (bien entendu, on peut choisir parmi 36 interfaces et customiser tout çà, comme il se doit). Rareté parmi les logiciels « 2D » : Krita utilise l’OpenGL et la carte graphique pour certaines de ses fonctions, gage de vitesse et de réactivité… Krita est  également compatible avec les fichiers .psd issus de Photoshop (import et export). On retrouve d’ailleurs le système de calques empilés avec des fonctions de masquage très élaborées entre autres pléthore de fonctions. On peut, par exemple, écrire ses propres plugins en langage Python !

Bien sûr, comme tous les logiciels de peinture numérique, on obtiendra les résultats optimaux avec une tablette graphique mais on peut quand même utiliser la souris avec quelque succès…

 

Le logiciel est également pourvu d’une « Timeline » ce qui permet, comme dans Photoshop, de créer des animations…

Des outils originaux

Moteurs pour brosses

Il est possible de personnalisez ses pinceaux avec neuf moteurs de brosses uniques.

Chaque moteur dispose d’une large quantité de paramètres pour personnaliser les brosses, conçu pour satisfaire un besoin spécifique tel que le moteur Color Smudge (tâche de couleur), Shape (forme), Particle (particule) et même un moteur de filtre.

Par ailleurs, on peu activer un outil unique, le stabilisateur de brosses : même souffrant de la maladie de Parkinson, on peut continuer à dessiner droit !

Mode « Wrap-around »

Maintenant, il est très facile de créer des « tesselations » de textures : des motifs sans coupures imparfaites qui « raccordent parfaitement et de façon homogène. Il suffit d’appuyer sur la touche « W » pendant que vous peignez et basculer ainsi en mode « Wrap-around ».

L’image se répliquera d’elle même le long des axes X et Y. Vous pouvez continuer à peindre tout en admirant la progression de votre motif en temps réel tandis que vous barbouillez. De quoi produire des « figures de Rorschach » plus vraies que nature…

Outils Miroir

Dans le même esprit, on peut faire basculer rapidement le dessin en mode miroir horizontal ou vertical avec les boutons rapides sur la barre d’outils.

Avec l’outil « Multibrush », on peut ajouter plus d’axes de symétrie et faire pivoter la mise en miroir pour obtenir un effet « kaléïdoscope ». En plus des outils miroirs, il y a aussi une option de mise en miroir rapide du plan de travail (feuille) afin de détecter plus facilement les problèmes de composition, outil absolument indispensable pour tous les peintres numériques.

Krita ne manque pas d’HDR

On jouit au sein du logiciel d’une gestion des couleurs très élaborée et même le HDR (High Dynamic Range) : Krita est la seule application dédiée à la peinture qui permet d’ouvrir, sauvegarder, éditer et signer les HDR et les images de scène différées. En outre, avec le support de OCIO et OpenEXR, on peut manipuler et examiner les images HDR mais aussi les utiliser dans les chaînes de production les plus avancées de l’industrie du film et des effets visuels (VFX).

Assistants de peinture

On dispose aussi d’outils et de guides pour peindre « en perspective », comme expliqué dans la documentation en français (enfin, pour l’instant, c’est de l’anglais…)

Par exemple, cette vue en contre plongée de l’artiste Wolthera van Hövell tot Westerflier qui démontre l’utilisation de la perspective et de sa prévisualisation en temps réel.

 

 

 

Pour illustrer la puissance de l’outil, terminons avec ce timelapse d’une colorisation de BD, réalisé originellement en 10h30 par le talentueux artiste français David Revoy. C’est toujours bluffant. A vos tablettes graphiques !

 

Et quoi de mieux que d’apprendre avec l’artiste lui-même ? Voici son cours, en deux parties.