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Algérie : la Casbah

La casbah d’Alger… Je tenais absolument à visiter ce quartier historique, le plus ancien de la ville, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Situé sur les hauteurs, entre Bab El Oued et le port, ce quartier est le noyau originel qui valut à la cité mauresque d’El-Djazaïr le surnom « d’Alger la Blanche ».

C’est en 1516 que le corsaire turc Khaïr al-Din installe sa capitale à Alger. Il en fait une ville fortifiée en construisant d’imposants remparts, qui sont à l’origine de la Casbah. Le mot « Casbah » désignait en fait la citadelle qui surplombait la ville « la médina ». Peu à peu, le terme engloba la cité elle-même.

« Chef-d’œuvre d’architecture et d’urbanisme » – Le Corbusier

Les rues tortueuses et pentues constituent l’élément caractéristique de cette vieille ville qui abrite également douze mosquées dont la mosquée Djamâa el-Kébir du XIe siècle. Sur 118 mètres de dénivelé, la Casbah est un étonnant enchevêtrement de maisons basses de bois et de pierre, décorées de sculptures et de portes ouvragées. Un labyrinthe sans voiture, dont le ravitaillement (et l’évacuation des ordures) se fait souvent à dos d’ânes.

Les habitations sont ordonnées autour d’une cour carrée centrale avec une petite fontaine, partagée par plusieurs familles. Car, malgré l’impression de « cité fantôme » ressentie aujourd’hui, la vie est partout. Il suffit d’oser s’enfoncer dans les ruelles, de pousser les portes sculptées. Ici s’affairent quantité d’artisans : on y travaille le bois, le cuir, les bijoux… Les dinandiers façonnent à coup de martelette la vaisselle de cuivre. L’accueil y est toujours chaleureux. D’après les médias, la sécurité y reste relative pour l’étranger. Pour ma part, fort bien accompagné par mes amis algériens, je n’ai pas constaté de problèmes. Il est vrai que les touristes y sont inexistants…

Mais ce quartier a hélas, terriblement souffert et donne l’impression d’avoir été laissé à l’abandon depuis des années. Quand une maison s’écroule, celles qui sont proches sont menacées également, par un effet de château de cartes. En voici quelques images…

Dans le sanctuaire

Je ne sais comment nos pieds meurtris ont fini par nous mener devant une énième mosquée… Mais celle là est considérée comme l’un des trésors les plus émouvants de la Casbah qui mélange les styles byzantins et maghrébins : le mausolée de Sidi Abderrahmane (1384-1471), le saint-patron d’Alger. Dans le cimetière jouxtant la qobbâ, d’illustres personnages sont inhumés dont Ouali Dada qui, d’après la légende, déchaîna la tempête au cours de laquelle la flotte de Charles Quint fut anéantie.

Ce lieu a toujours revêtu un caractère sacré. On y vient de toutes les régions d’Algérie pour se recueillir, allumer une bougie, faire l’aumône, offrir un repas aux pauvres… Jeunes filles en quête d’un mari, épouses abandonnées, personnes malades viennent pour conjurer le mauvais sort et se fabriquer des jours plus radieux. A l’entrée, tout le monde se déchausse.

Bien entendu, comme à presque chaque épisode de ce voyage, interdiction absolue de faire des photos… Mais, en parlementant un peu avec le maître des lieux, une de mes hôtesses parvient à obtenir l’autorisation, à condition que je ne photographie pas les femmes qui sont installées en grappes le long des murs. Sous bonne garde, je pénètre donc dans le Saint des Saints… Une pièce incroyablement décorée où pendent des lustres offerts par la Reine Victoria d’Angleterre qui a sans doute vu ses vœux exaucés…

Au milieu, le mausolée sous une châsse de bois sculpté et doré couvert d’étendards de soie. Et sur les murs, quantité de versets du Coran, des livres et d’autres mystérieuses et très anciennes représentations sur parchemin. Comme une carte au trésor, je repère même un plan de La Mecque et de sa Pierre Noire…

C’est en sortant que je vois dans une cour ce revêtement de sol, prodige de récupération, qu’on pourrait baptiser « le cauchemar du carreleur » ! Oui, La Casbah est bien une mosaïque d’époques, de cultures, de souvenirs… Et pour finir, voici un extrait du film de Julien Duvivier « Pépé le Moko » datant de 1936, pour une plongée rétro dans la Casbah, avec les préjugés racistes de ce temps…

Publié le Jan 30, 2013

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