Matisse, Modigliani, Chagall pour les peintres,  Giono, Prévert pour les écrivains : beaucoup d’artistes ont fréquenté Saint Paul de Vence. Haut lieu de l’art et du tourisme, au même titre que Barbizon, Honfleur et quelques autres villes et villages de France dont la renommée est internationale, Saint Paul mérite le détour dans l’arrière pays niçois.

Ayant achevé le jour précédent un reportage marathon sur le Vieux Nice pour BeGlob et le groupe Accor, dont je vous reparlerais, il nous restait donc du temps et il me semblait naturel d’aller flâner un peu en ce lieu, pour « prendre la température » puisque, après tout, j’entamais moi même une nouvelle carrière artistique.

Comment se portait le marché de l’art, « là haut » ? Il me tardait de pouvoir discuter avec les galeristes et, pourquoi pas, découvrir de nouvelles œuvres et artistes… Tout avait donc commencé la veille au soir, au Cros de Cagnes, chez Gusto, où nous « dégustâmes » entre autres délices de superbes spaghettis aux palourdes (alle vongole) avant de rejoindre notre hôtel sur les hauts de Saint Paul.

La citadelle

Le lendemain, nous sommes d’attaque pour d’interminables déambulations dans la citadelle, ville fortifiée entourée de remparts érigés du temps de François Premier… Nous ne nous sommes chargés que d’un iPhone, et d’un iPad mini, pour pouvoir saisir l’ambiance, sans pour autant charrier les « gros » boîtiers… Et bien nous en a pris.

Tout de suite, beaucoup de touristes fraichement débarqués des cars et qui s’époumonent dans les vénérables escaliers de pierre. Le site est superbe, c’est vrai. Ruelles d’ombres et de lumières, jungles cachées dans les arrières cours, fontaines, portes secrètes et passages dérobés…

Et une première galerie. Avec vue sur l’amer…

Car aujourd’hui, les vrais amateurs d’art (ceux qui achètent) se font plus rares ici, comme le souligne le gardien des lieux. La « crise »… Mais aussi la politique de la ville qui semble privilégier la quantité à la qualité ; le défilé incessant des cars « de passage » plutôt que les visites inspirées et non chronométrées, plus propices aux « coups de cœurs » artistiques.

Pourtant, qu’il est bon de se perdre dans ces galeries, sans fil d’Ariane, cavernes d’Ali Baba dorées sur tranche…

De l’art et des cochons…

Mais peut-être y a-t-il d’autres raisons à cette désaffection ? Qui tiennent à l’accueil des badauds par les artistes ayant pignon sur ruelle ? Même si on peut comprendre la sursaturation engendrée par cette fréquentation sur le caractère des dits artistes…

Comme le rappelle l’Office de Tourisme : Art moderne, art contemporain, singulier ou naïf… A Saint-Paul de Vence, les artistes de talent côtoient Folon, César, Niky de Saint-Phalle et autres illustres dans les vitrines des galeries. La rue est un Musée à ciel ouvert. L’artiste est présent et l’exposition crée l’événement. L’œuvre s’installe le matin et s’emporte le soir venu, si elle conquiert l’âme et le cœur d’un visiteur.

Oui ! Sauf que vous ne verrez pas dans mes photos l’intérieur des galeries ni aucune œuvre d’ailleurs. Car on trouve un peu partout des panneaux aptes à décourager les plus téméraires : « photos interdites ! ». « Merci de respecter le travail des artistes », dans le meilleur des cas. Ce qui décourage sans doute les non initiés qui répugnent à entrer dans le saint des saints qui est pourtant fait pour çà, se contentant de lorgner à travers la vitrine.

C’est alors que je repère une toute petite galerie qui expose des tableaux ressemblant comme deux gouttes d’eau à certaines de mes fractales. Nous entrons, appréciant au passage les œuvres qui sont élégantes, colorées, astucieuses…

Comme une murène dans son trou, l’artiste déroule alors ses arguments de vente (un peu fumeux) alors que je l’entretiens de technique : acrylique versus huile, couteau, séchage, encadrements… Voulant faire état de son travail sur ce blog, je l’en avertit et lui demande alors sa carte. La murène se ravise, me jette un regard suspicieux et me demande, peu amène :

– Vous êtes artiste ?

– Euh, oui, entre autres…

– Alors, je vous le dis : je ne donne pas ma carte aux autres artistes. Vous venez tous ici pour me copier !

Bon… Ça, c’est fait ! Je suis donc ressorti de la galerie, ma fractale entre les jambes, un peu sonné il est vrai par cet accueil volcanique…

Pourtant, qui expose, s’expose, n’est ce pas ? Quant à copier, l’art est justement fait d’inspirations diverses… Et d’échanges. En principe. D’autant que la galerie en question et les reproductions des œuvres se trouvent facilement sur le net… Mais l’esprit « communicant » de certains « artistes » me laissera toujours pantois. J’en parlerais à mon cheval ! Lui au moins, il porte bonheur…

C’est sur cette impression en demi teinte que nous quitterons finalement la « citadelle ». M’accoudant à la muraille pour un dernier regard sur le paysage majestueux, j’aviserais juste à l’aplomb dans une fissure, en train de se chauffer au soleil : une vipère !

Notre journée se terminera sereinement à Saint Laurent du Var, sur le port de plaisance, dans une palmeraie à même la plage, « promenade des flots bleus » pour être plus précis…

Avant de s’envoler vers d’autres itinérances… Stay tuned ! 😉