Beaucoup d’espèces vivantes et d’écosystèmes sont menacés sur notre planète, plus ou moins à cause de l’Homme. C’est un fait connu, dont on nous rebat les oreilles sous forme d’auto flagellation et de repentance factice qui dépasse rarement le procès d’intention. En effet il semble difficile d’agir tant les causes et les effets sont complexes et concernent directement notre mode de vie. Raison pour laquelle les questions environnementales ne passionnent pas les foules, occupées à gérer leur quotidien, vaille que vaille. Ainsi beaucoup de campagnes de sauvegarde apparaissent plus démobilisatrices que l’inverse : la tâche semble impossible. Quand il s’agit des requins, c’est encore plus difficile tant l’animal souffre d’une mauvaise presse et d’un inconscient collectif tenace de « monstre marin mangeur d’homme ». Sans parler des politiques d’éradication débiles qui ont fait l’actualité à l’île de La Réunion l’été dernier. Et pourtant…

Les chiffres officiels font état de plus de 100 millions de requins pêchés annuellement dans le monde, dont 73 millions pour le commerce d’ailerons de requins, soit 200 000 par jour ! A ce train là, on considère qu’une espèce de squale sur trois est grandement menacée d’extinction…

Or, notre propre survie à terme dépend de la leur ! Les requins sont les top-prédateurs de la chaîne alimentaire océanique depuis 450 millions d’années. S’ils disparaissent, la chaîne s’effondre et les conséquences sur la santé des océans et donc de notre mode de vie seront majeures, imprévisibles et irréversibles. Les requins ont une maturité sexuelle tardive. Les rythmes actuels de pêche ne permettent pas le renouvellement des populations. On sait que la surpêche du requin dans certaines régions a déjà entraîné l’effondrement de l’écosystème marin local et la ruine des industries dont il était la source.

Mais, cette fois, il est possible d’inverser la tendance car on pêche les requins essentiellement pour fournir les ailerons des soupes asiatiques ! Le combat pour leur sauvegarde sera celui de la communication ou ne sera pas… C’est sur ce terrain que se sont placés les Shark Angels et c’est avec plaisir que j’ai accepté de devenir l’un de leurs ambassadeurs.

Nous avions déjà consacré un long article à sa créatrice, Julie Andersen, dans le numéro 4 de Plongeur.com, séduits par sa démarche ancrée dans la réalité. L’association est depuis relayée en France, Shark Citizen, présidée par Florentine Leloup Meunier et compte 13 membres actifs au quotidien avec une cohorte de sympathisants et de bénévoles qui ne cesse de grandir.

Devenir un Shark Angel

Je soutiens cette initiative parce qu’elle s’attaque aux vraies causes par des campagnes de marketing viral efficaces : des tracts à faire signer par les commerçants qui vendent des produits à base de requin, parfois sans le savoir ; par les restaurants qui servent de la chair de requin… Par des campagnes de sensibilisation dans les pays asiatiques, premiers consommateurs. Un concept simple : supprimons la demande et l’offre s’effondrera… C’est pragmatique, dégagé de la sensiblerie anthropomorphique habituelle à ce genre d’action et les moyens utilisés sont les mêmes que ceux qui ont faits leurs preuves pour nous vendre tout et n’importe quoi. Combattre le mal par le mal…

Être ambassadeur de Shark Angel c’est être un passionné de requins, bien sûr, mais c’est aussi s’engager à diffuser l’information juste pour lentement modifier l’image qu’ont les requins dans l’esprit du grand public. Il ne s’agit pas de nier les accidents, ils existent, les requins sont des prédateurs, mais de faire prendre conscience au plus grand nombre qu’on a plus de chance en vacances d’être tué par la chute d’une noix de coco que par la morsure d’un requin. Sans parler des accidents dus aux chiens…

Les ambassadeurs sont des blogueurs, commerçants, auto-entrepreneurs, journalistes indépendants, scientifiques, artistes, bref chacun peut intégrer le réseau des Shark Angels France au travers de ses différentes activités.

Pour rappel, Shark Angels France (branche française du réseau Shark Angels créé en 2007 aux États-Unis) rassemble des passionnés du monde marin qui œuvrent pour la protection des requins. Grâce à l’éducation, la sensibilisation et l’action auprès des politiques, les Shark Angels tentent d’inverser l’avenir des requins qui semble être compromis… Dans tous les cas, leur démarche doit vous inviter à les soutenir. Qui que vous soyez, tous les moyens sont bons en devenant un ambassadeur, un ange,  un chérubin, voir même faire un don pour l’association.

Aidez nous à communiquer pour la défense des requins, simplement en se rendant sur cette page. En tant qu’ambassadeur vous recevrez des informations et un press kit pour vous aider à faire passer le message. L’association est par ailleurs très présente sur les réseaux sociaux : Facebook, Twitter, Vimeo, Pinterest… Aimez ! Partagez !

La France et l’Europe aussi…

L’enjeu de la protection des requins en France est réel, notre pays étant consommateur régulier et deuxième exportateur européen de produits issus de la pêche au requin à destination de la Chine. Si, dans l’imaginaire collectif les requins sont peu présents au large des côtes françaises, la réalité est toute autre. De la Manche à la Méditerranée en passant par l’Atlantique, les squales sont pêchés massivement. Par conséquent, la France fait aujourd’hui partie des pays les plus responsables du massacre des requins.

L’Europe est le deuxième plus gros pêcheur de requins du monde : un aileron sur trois arrivant sur le marché hongkongais provient de notre continent. Une loi interdit pourtant le finning en Europe depuis 2003 mais des permis spéciaux sont encore octroyés, qui permettent aux pêcheries de contourner l’interdit.

La chair de requin est toxique !

Et pourtant, à l’heure du « principe de précaution » généralisé il faut savoir que les produits à base de requin (viande, aileron, cartilage…) contiennent des taux de méthylmercure, une puissante neurotoxine, plus de 20 fois supérieurs au seuil de dangerosité fixé par l’agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) !

Les contaminations au mercure ont déjà posé des problèmes de santé dans de nombreuses régions du monde. Un des cas les plus célèbres est celui de Minamata Bay au Japon, où une décharge industrielle a généré une augmentation de la concentration de métaux lourds dans les poissons. Les conséquences ont été de multiples et très sérieuses intoxications ainsi que des décès suite à l’ingestion des poissons. L’émergence de maladies neuro-dégénératives, par ailleurs, a un lien démontré avec la présence de cyanobactéries neurotoxiques qui, ingérées par l’homme, favorisent les maladies du cerveau telle la maladie d’Alzheimer.

Plus grave et inquiétant encore, la mère requin transmet totalement ces toxines à sa progéniture. Les hommes et la plupart des requins partageant le même mode de reproduction (vivipare) bien qu’ils soient respectivement des mammifères et des chondrichtyens, il est fort possible qu’une mère humaine transmette les substances toxiques à son fœtus…