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Le Havre, Lyon, Rouen : il y souffle parfois un vent d’industries qui fait froncer le nez des habitants. Mais la pollution olfactive n’est pas une fatalité, des solutions citoyennes existent : en Normandie, les associations lèvent le nez…

odeurs ?Tout commence dans les années 90 en Normandie par l’implantation de l’usine Saipol à Grand Couronne. Au départ il était question de « triturer des oléagineux », tournesol et surtout colza. L’industriel, à l’époque, n’a de rapport qu’avec des élus qui, de leur côté, ne retiennent que ce qui les arrange : « une odeur de graines grillées évoquant la pâtisserie »… Mais c’est le chou pourri qui est bientôt au menu des riverains, une nuisance «aux pires heures de la journée et constamment écœurante», avant que des bio filtres ne soient installés aux émissaires de l’usine, au prix d’une longue bataille.

En 1997, un sondage réalisé en Haute-Normandie révélait que 9 personnes sur 10 se déclaraient parfois gênées par des odeurs, tandis que 3 sur 4 assimilaient les odeurs à la pollution de l’air…

Les nouveaux Cyrano

C’est ainsi qu’ont vu le jour les opérations «Nez au vent», «Couronnez» et «Nouveaux Cyrano», où une centaine de bénévoles entraînés consignent quotidiennement leurs observations afin de réaliser un suivi des nuisances. Les résultats sont répercutés sur les pollueurs qui tentent alors de limiter leurs rejets les plus odorants tout en installant des « nez électroniques » sur les cheminées des raffineries ou des stations d’épuration.

Céline Léger de l’association Air Normand précise cette démarche novatrice : « Grâce à ce dispositif, plus d’une soixantaine d’entreprises partenaires sont désormais identifiées d’un point de vue odorant et leur empreinte olfactive définie. Si le nez reste l’instrument le plus fin pour percevoir la nuisance, il n’en donne qu’une évaluation qui doit être confirmée par le plus grand nombre de contributeurs. Une technicienne, chimiste de formation, est susceptible de se déplacer en cas de besoin pour aider à préciser une origine, puis assurer le lien entre les partenaires : particuliers, pompiers, entreprises… »

Paysage olfactif

Pour Anne Vandoorne, technicienne-odeurs à Rouen, «le premier défi est d’apprendre un langage commun pour qualifier les odeurs. Cette perception est très subjective et influencée par nos souvenirs (même s’ils ne sentent pas tous la Madeleine…). Nous travaillons avec le «champ des odeurs», une collection d’échantillons de molécules odorantes pour éduquer notre odorat. Les stages destinés aux volontaires se déroulent en 72h à raison de 4h par semaine.»

A priori, en quelques heures, chacun est capable d’identifier cet inventaire à la Prévert qui en dit long sur notre environnement : pneu brûlé, fromage rance, mauvaise soupe, urine de chat, métal chaud, cadavre, chou pourri, goudron… Reste à associer l’œuf pourri au sulfure d’hydrogène et le sulfurol au colza avant de remonter la piste au fil du vent…

L’initiative fait boule de neige : à Lyon vient d’être créé Spiral Air, un dispositif de lutte adapté aux nuisances olfactives chroniques qui prévoit la mise en place d’un réseau de 200 nez…. Uniques en France, les « Olympiades des Nez » viennent de se dérouler, à Lillebonne et une nouvelle veille de «nez» est programmée en Normandie en 2006. Inspiré !

En savoir plus :

AirNormand

48 rue Denfert-Rochereau. 76 600 Le Havre. Tel : 02 35 07 94 30

www.airnormand.fr

RespiraLyon

respiralyon.atmo-rhonealpes.org/

Qualité de l’air, au ministère de l’écologie et du développement durable

www.ecologie.gouv.fr/article.php3?id_article=931

Le site de l’ Adème

www.ademe.fr

Publié le Août 7, 2006

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