Dubaï ! Nous y sommes… Toutefois, avant de vous narrer par le menu nos déambulations dans cette Babylone du 22eme siècle, il me faut bien revenir sur un épisode douloureux de ce voyage. Je ne saurais taire la vérité plus longtemps.

Néanmoins, comme je suis un peu fatigué d’écrire en ce moment (mes petites pattes de devant sont toutes usées…), et pour changer un peu de style, j’ai décidé de vous raconter cette aventure « à la Tumblr », c’est à dire sous forme de roman-photo avec seulement quelques légendes. Voici donc comment les choses se sont passées, au jour le jour, sous l’impitoyable soleil du désert…

« Et si on allait faire un petit pique-nique dans le désert ? »

C’est Christophe Chellapermal qui s’exprime, enjoué, comme à son habitude. Victor Cassé, guide touristique à Dubaï et son père seront également de la partie. Quelques minutes et deux 4×4 plus tard, nous voici sur la route où, à quelques minutes du centre ville de la mégapole, à travers plusieurs Émirats, le bitume s’enlise bientôt dans les sables.

En route nous croisons quelques chameliers à l’entraînement : les courses de dromadaires sont très populaires à Dubaï… Ces gens là bossent, voyez vous…

Mais revenons à nos moutons et à notre équipage. A bord : des côtelettes ! Les nôtres, déjà malmenées, et celles de moutons lâchement sacrifiés à nos appétits, des glacières et quelques accessoires de camping. Pour les dubaïotes, c’est en effet monnaie courante de se retrouver ainsi dans le désert : ils vivent, si j’ose écrire, sur le sable…

Pour l’instant, avant d’attaquer le grand désert, un arrêt pour dégonfler les pneus (question d’adhérence dans les dunes…)

Jusque là, tout va bien ! Mais la température extérieure continue de monter et  je frôle le point d’ébullition, au cœur de décors tout à fait martiens.

Nous voilà dans le désert, sur la piste qui pour l’instant chemine entre des massifs de roches scoriacées, érodées par le vent…

Au passage,  j’inventorie la géologie qui semble prometteuse en terme de cavités (on est spéléo ou on ne l’est pas) et d’abris sous roche et donc potentiellement d’art pariétal… Ambiance minérale. Comme l’eau, absente. Mais nous en reparlerons. De l’eau… La planète Mars, vous dis-je…

A contre pente, dans une paroi, je parviens tout de même à pénétrer dans une grotte : enfin, de l’ombre !

Cela tombe bien : c’est l’endroit choisi par Christophe pour établir notre camp de base. Il connait parfaitement l’endroit puisqu’il se jette soudain sur le sable qu’il manie à grandes brassées. Il creuse ! Comme je l’ai vu faire aux wombats d’Australie. Retour au bac à sable de l’enfance ? Pas du tout ! Victorieux, il exhume soudain un barbecue complet, enfoui là préventivement, pour d’autres BBQ parties improvisées…

A force de cavaler dans les roches, je frise l’insolation et une sérieuse déshydratation vient de me frapper : j’ai écrasé à l’instant une moquette noire qui s’est avéré être ma langue… Il est temps de redescendre au point d’eau ! D’ailleurs, mes collègues ont transformé l’endroit en « camping des flots bleus » : viande qui grille, chapatis déballés, boissons décapsulées, pliants : tout le confort moderne !

Mais c’était compter sans les mouches ! Ni en Australie, ni en Afrique noire je n’en ai vu autant. Surgies de nulle part. A se demander comment elles survivent le reste du temps, quand le désert est… désert, justement. Aussitôt, le sandwich prend du poids et se transforme en une masse noire, vibrillonnante. L’agiter en tous sens ne sert à rien. Ces mouches sont indécollables et il en arrive de partout. Un enfer ! Quand aux côtelettes, il faut se résoudre à mâcher du mouton au diptère… Embrassades forcées à mouche que veux-tu !

Ainsi restauré, je me sens des ailes ! Foin de cette promenade de lopettes, il est temps d’attaquer le « Grand Désert » ! Devant nous, la route de tous les excès ! Et pas un radar : le bonheur…

J’ai déjà conduit sur dunes et hors pistes mais je préfère décliner l’invitation de Christophe à prendre le volant. Je ne connais pas ce terrain et il me semble beaucoup plus à même de nous amener à bon port. Toutefois, Chris n’est pas homme à s’embarrasser des obstacles. Il négocie les dunes « à la sauvage » et, cramponné à mon siège, je me crois dans les montagnes russes. Ce n’est plus une voiture mais un bateau, dans les quarantièmes rugissants ! Montée dans le ciel qui noircit et, à chaque sommet, basculement brutal et plongée dans le gouffre de sable, sans savoir vraiment ce qui nous attend de l’autre côté. Mais ça passe…

Ou ça casse. Car là, au fond d’un entonnoir entre deux dunes, c’est le drame ! Dérapage, enlisement dans des giclées de sable, déjantage, et des lanières de pneu volent en tous sens. Pause technique… Même dans le désert, on fait ce qu’on pneu !

Victor reste à bonne distance pour ne pas risquer de s’enliser à son tour. Nous n’avons pas de plaques de désensablement et impossible d’installer le cric qui disparait à chaque fois dans le sable comme un trépan à pétrole. L’équipe doit se séparer. Victor et Christophe vont partir chercher de l’aide dans un village dont ils connaissent l’existence. Où ? Où donc ? Mais les voilà déjà partis à pieds vers le 4×4 valide, avec ces mots rassurants : « restez là ! ».

Et la longue attente commence… Le désert de la soif ! Oui, j’ai des références tintinophiles… ;-). Avec ses rêves d’eau dont le niveau dans nos bidons baisse dangereusement… Résumons : nous sommes perdus dans le désert, seuls, avec moins de 2 litres d’eau et, si d’aventure nous voulions rejoindre à pied une terre habitée, aucune idée de la direction à prendre…

Avec le père de Victor, nous refaisons le monde, à l’ombre de la voiture naufragée. Et ces mouches ! Paf ! Au bout de plusieurs heures, je me demande si le deuxième 4×4 ne s’est pas enlisé à son tour… Je me prend à rêver de l’oasis de Dibba, chez Christophe. A sa somptuaire piscine, à ces cruchons d’argile pendus aux cocotiers…

Le soleil tape un peu moins fort et je tente une sortie ! J’inventorie les terriers, les potentiels points d’ombre, les rares plantes et les racines… Rendus fous par la chaleur, allons nous devoir nous battre pour notre propre survie ? Devrais-je achever Victor-Père à coup de jantes pour ensuite le dévorer ? Ou me nourrir de ces feuilles piquantes et amères dont même les dromadaires ne veulent pas ?

Les voilà ! A la lisière des dunes, deux hommes. A pied… Dépités. Il nous faut déchanter : pas de secours en vue. Encore heureux qu’ils nous aient retrouvés. Nous prenons alors la seule décision de bon sens : rentrer en 4×4, en roulant sur la jante, à (très) petite vitesse…

Habitué à rouler plus vite, Christophe fulmine à cause de notre allure de corbillard. Au bout d’un moment, nous croisons un bédouin, qui nous indique la direction… Enfin, les premières traces de la civilisation apparaissent.

 

Hourra ! Une ville ! Et un garage…

Aussitôt, un escouade de meccanos s’empare du pneu déchiqueté et, par je ne sais quel miracle, le remette en état en quelques minutes… On sent qu’ils en ont vu d’autres, en lisière du désert.

Ainsi donc, comme dans les meilleures histoires, tout est bien qui finit bien !

Bon, au final, cette histoire de « Tumblr », c’est quand même une couillonnade : au cours de cet article de la plus parfaite mauvaise foi, j’ai tout de même écrit plus de 6000 signes…

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