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Menaces volatiles

Grippe aviaire, nuisances  diverses sur fond de  protection des migrateurs et autres gibiers à plume : la coexistence pacifique avec la gente ailée, hier comestible, n’est pas toujours harmonieuse. Photographie, à vol d’oiseau…

etourneauxIls sont des milliers, courbés dans les rues de La Roche sur Yon, en ce lundi 7 novembre dernier… Une armée de vendéens armés de cuillères, casseroles et autres instruments, envahit progressivement le moindre espace vert. Ce n’est pourtant pas la Fête de la Musique… A 20 h précises, l’apocalypse se déchaîne : 5000 «tap-tap» distribués par la Mairie, autant d’ustensiles de cuisine et d’instrument à percussion, tandis que les techniciens municipaux envoyaient les effraies, les fusées «sifflantes, crépitantes et détonantes»…

Faucons des villes

Un tintamarre destiné à terroriser les étourneaux. Car c’est de ce petit piaf qu’il s’agit ! Dans cette commune de Vendée ils sont près de 40 000, venus du Nord en période de migration, comme le rappelle Gaëlle Trevien-Boussard, technicienne à la direction de l’environnement de la ville. Les habitants croient vivre «les oiseaux» d’Hitchcock au quotidien. On parle de dégâts divers, piaillements nocturnes et déjections : Petits oiseaux mais grosses fientes ! La ville a pourtant tout essayé : en 1998, des effaroucheurs sonores avaient fait fuir les étourneaux… qui étaient revenus deux fois plus nombreux l’année suivante. En 2004, on lâcha donc les faucons. Qui furent mis en déroute par les petits passereaux ! Raison d’être de cette nouvelle campagne de «boucan citoyen» qui se prolongea pendant 3 jours. Mais, comme le précisait la Mairie : «Il faut noter que cette campagne, qui occasionnera temporairement des nuisances sonores, doit être considérée comme une expérience scientifique. De ce fait, la Ville ne peut garantir son résultat». De fait… Si les étourneaux sont doués d’une conscience, ils doivent aussi avoir le sens de l’humour… Entre protection, contrôle, chasse traditionnelle et massacre, notre rapport aux oiseaux devient plus qu’ambigu dans nos villes. En ces temps de grippe aviaire, la gente ailée n’a plus la côte, en particulier les pigeons.

Pigeons de banlieue

Ils ont conquis les villes voilà à peine plus d’un siècle. Jadis, les seuls contacts que l’homme entretenait avec le biset, principale souche des pigeons citadins, s’opéraient dans les pigeonniers des banlieues où il y était élevé pour sa chair. Des spécimens volages s’en seraient échappés pour trouver la paix au cœur des agglomérations. Nourriture en excès, prédateurs inexistants, édifices pour nicher… Ce fut d’abord l’âge de pierre, puis celui de fer quand l’on construisit les halls des gares, le métro aérien à Paris… Mais une trop forte concentration d’individus peut entraîner le développement de parasites et de maladies transmissibles à l’homme. Les déjections des pigeons seraient de plus particulièrement corrosives à l’égard de la pierre… C’est un animal classé « res nullius » (qui n’appartient à personne). Juridiquement les communes n’ont donc aucune responsabilité en la matière. Pour qui ne supporte pas le «roucoulement d’amour» des pigeons sur son toit, la tentation est forte d’empoigner le fusil ou le poison tandis que la grand-mère du rez de chaussée sème quotidiennement ses miettes sur le bitume… Des conflits naissants, à se voler dans les plumes ! Alors la résistance s’organise. Des sociétés spécialisées ont vu le jour, avec plus ou moins de réussite. Ainsi, les pigeons capturés Place Saint Marc à Venise et déportés en Sicile, sont revenus quelques jours plus tard. Voyageurs… Captures, exterminations, stérilisations : ces solutions radicales n’ont pas convaincu. Paris et ses 80000 pigeons, Bruxelles, et d’autres grandes capitales ont équipé de piques tous leurs monuments. Plus d’étrons sur La République mais les pigeons vont probablement se soulager ailleurs… Le meilleur espoir de contrôle est d’arrêter de les nourrir sur la voie publique comme le précise la loi. Dans le même temps, la politique de construction de pigeonniers en périphérie des grandes villes, où les œufs sont prélevés régulièrement, semble porter ses fruits. Vivons en paix ! Du pigeon à la colombe, ce n’est parfois qu’une question de regard…

Francis Le Guano

En savoir plus :

Ville de La Roche sur Yon

www.ville-larochesuryon.fr

PICAS – Organisme international de contrôle des pigeons

http://www.picas.org.uk/

Publié le Mar 27, 2006

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