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L’espion aux pieds palmés

Robert-Maloubier

Comment ? Vous n’avez jamais entendu parler de Bob Maloubier, le « père » des nageurs de combats ?
J’ai l’honneur et le plaisir de connaître ce « James Bond » français à l’humour très britannique et j’ai toujours admiré son incroyable « force de vie ». A 90 ans, toujours bon pied bon œil, il nous livre son dernier ouvrage, L’espion aux pieds palmés, comme toujours fort bien écrit et mené tambour battant !

Et le moins qu’on puisse dire est qu’il balance sévère ! Dans ce livre, vous saurez tout sur l’attentat du Rainbow Warrior (la fameuse « affaire Greenpeace ») avec le rôle exact joué par Xavier Maniguet (aventurier que j’ai également connu et apprécié…) et l’attitude peu glorieuse, elle, du ministre de la défense de l’époque Charles Hernu, qui en prend pour son grade qu’il n’a d’ailleurs jamais eu…

Maloubier. Bob, Maloubier…

maloubierPour la première fois un acteur de la « Main Rouge » parle d’un univers dont il n’a jamais vraiment quitté la mouvance. Son livre est un témoignage historique de première main où il détaille son implication dans 15 ans d’actions secrètes oscillant entre guerre froide et guerre d’Algérie : création du service action, 11e choc, nageurs de combat, meurtres d’État…

Bob Maloubier a traversé le 20ème siècle comme un aventurier, échappant plusieurs fois à une mort certaine. En guerre chaude, agent de Churchill, il a sauté les frontières en vélo ou en parachute : France, Afrique du Nord. Il a dynamité en Normandie, harcelé les Nazis. Il fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent secret français du Special Operations Executive (SOE). Parachuté clandestinement deux fois en France occupée comme saboteur dans la région de Rouen au deuxième semestre 1943, il fut parachuté aussi au Laos en août 1945.

maloubierBob-MaloubierAprès la guerre, il fut agent du SDECE, participa à la création des premières unités de nageurs de combat. Il a développé les forces spéciales françaises balbutiantes, a formé des espions, des nageurs de combat, recruté des voyous…
On le retrouve ensuite forestier en Afrique, agent pour des compagnies pétrolières. Retiré des affaires, le voici au chevet d’un président africain renversé, mêlé à la guerre du Biafra, esquivant celle du Liban, pour glisser dans l’or noir du Moyen-Orient où tout se fourgue : pétrole, avions, armes…

Enfin la vraie retraite, livres, films, dont l’un avec Jean Luc Godard, et son regard avisé sur, entre autres, les rouages méconnus de l’opération du Rainbow Warrior ou de l’affaire Elf… Jubilatoire !

Un petit extrait ?

bob-maloubier-l-espion-aux-pieds-palmesBruxelles gèle sur pied. Le jet historique du Manneken-Pis a pris en glace ; il décrit une élégante arabesque de cristal étincelant. Nicole et moi sommes ses seuls admirateurs. Pourtant elle coule un regard inquiet aux alentours :
– Tu es sûr que nous ne sommes pas suivis ?
– Ne crains rien. Nous ne sommes pas Bonnie & Clyde, voyons, et Carmen ne nous a pas collé un bataillon de malfrats au train ! De plus, j’ai appliqué à la lettre les règles de sécurité, plus pour satisfaire Faure-Baulieu, il faut dire, que par conviction personnelle.
Les règles de sécurité, Faure-Baulieu, l’une des têtes pensantes du SDECE, service de documentation extérieure et contre-espionnage pour les intimes, la «Maison», la «Boîte», la «Boutique», la «Piscine» et, il y a dix ans, la «Muette» – en est un adepte convaincu. Regard acéré sous des sourcils froncés, mèches battant en retraite sur un vaste front bombé, mâchoire de bouledogue; nous l’avons surnommé «Beethoven». Lorsque Carmen, femme de Jo Attia, gangster de haut vol, prince du milieu et roi du non-lieu, a menacé de bonir à la presse qu’un officier de la Boîte – moi ! – avait entraîné son homme dans une aventure qui s’était achevée dans un cul de basse-fosse de Tanger, FB. a pris le mors aux dents. Pourtant, je n’étais pour rien dans la déconfiture d’Attia ; il la devait à ses propres gaffes. D’autre part je ne le «traitais» plus, j’avais passé le relais à mon jeune second. Toutefois, je l’avais recruté; Carmen ne connaissait que moi. Deux ans auparavant, alors que j’étais à court de tueurs à gages pour remplir les contrats que me confiait la Direction générale, j’avais fait appel à la fratrie qui regroupait anciens résistants, agents secrets, honorables correspondants, ouvriers, paysans, bourgeois et nobles se connaissant de nom, sans même s’être rencontrés.
André Finkheimer, Alsacien et capitaine d’un maquis des environs de Toulouse, était une légende car il avait joué des tours pendables aux Allemands. À la libération de la ville, le 11 août 1944, il avait noyé ses compagnons d’armes dans le Champagne. Les jeunes d’alors, à l’image des desperados des Brigades internationales qui les avaient rejoints, portaient leurs grenades accrochées au ceinturon par la cuiller. Qu’une goupille vienne à céder… Dans le bar, une goupille a rendu l’âme. La grenade a roulé au sol… amorcée, fusant. André l’a saisie au vol, s’est jeté, bras tendu, derrière le comptoir en hurlant : «Couchez-vous !» Un chirurgien l’a amputé en haut du poignet, un général l’a décoré, la République lui a versé une pension et lui a offert une main, gantée, en acier. D’où ses surnoms, «Petit Bras», «le Manchot» ou «la Paluche». Vainqueur, il a ouvert un restaurant de bon ton rue Danrémont à Montmartre et une auberge du même style assortie d’un grand étang et de postes de tir au canard tout confort, cave à whisky comprise, à Picquigny, en Picardie, où il m’a présenté Attia, l’un des ses prestigieux clients. J’étais comblé : enfin j’en avais fini avec les demi-sel que me fournissait le «père» Trautman, chef du service 23, le service de contre-espionnage : petits délinquants, casseurs minables, escrocs d’occasion qui, contre une promesse de grâce, juraient de se convertir en sériai killers implacables. Hélas, mis au pied du mur, ils rendaient les armes et tentaient de s’éclipser avec, en poche, passeport et avance sur prime ! Ma section Exécutions avait été brocardée «Murder Incorporated»…

Une vie d’action

Voici un  beau reportage sur les débuts des plongeurs de combats et le rôle essentiel joué par Robert Maloubier.

Et, pour mesurer l’auto dérision du personnage, voici l’interview donnée à l’occasion de la sortie de l’un de ses livres précédents…

Chapeau Bob ! Et merci.

Publié le Avr 20, 2013

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7 Commentaires

  1. LORIDON Gérard

    Bob, un grand monsieur…
    Il était le n°1 des nageurs de combat à Arzeuw ainsi que le Cdt Riffaud nageur de combat Marine n° 1 lui aussi.

    Réponse
  2. Francis Le Guen sur Facebook

    LORIDON Gérard commenté sur Le BloGuen:

    Bob, un grand monsieur…
    Il était le n°1 des nageurs de combat à Arzeuw ainsi que le Cdt Riffaud nageur de combat Marine n° 1 lui aussi.

    Réponse
  3. LORIDON Gérard

    Alors que nous étions sur la péniche de la Sogétram, en 1953, nous arrivve un gars qui sortait d’un stage à Arzeuw chez Bob.
    Il nous raconte comment ils plongeaient avec des Davis circuit fermé, car il n’y avait rien d’autre sur le marché
    Deux ans après, j’ai eu l’occasion d’acheter un Davis chez un ferrailleur à Marseille, tout un lot sortant d’uns sous-marin anglais
    Les copains en ont fait autant.
    Et nous voilà parti avec cet appareil…merveilleux, en ne dépassant pas 7/10 M mais pas besoin à l’époque.
    Car à coté du Cousteau on se sentait de vrais poissons !
    Pas de bulles, pas de bruit, on était redevenus des coelacanthes !

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