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Le copyright est mort. Le droit d’auteur aussi !

Aujourd’hui, n’importe qui peut se prendre pour un rédacteur en chef grâce aux sorciers du Web 2. Alors, pourquoi pas les vrais ? 😆
Je viens donc d’essayer Paper.li, qui permet en quelques clics de fabriquer un blog « magazine » plus vrai que nature et naturellement sans efforts. L’exploit technique est assez bluffant. Voyez par exemple Carnets de Plongée, réalisé en quelques secondes chrono…

Mais ce « magazine » n’est que le fruit d’une compilation d’articles du web, récupérés et mis en page automatiquement grâce à quelques mots clé et autres flux RSS. Vous y trouverez quand même la reprise des articles originaux de ce blog… Quand à la notion de copyright et de droit d’auteur… Je crois bien qu’elle est morte !

Il existe des dizaines d’agrégateurs de ce genre : citons Scoopit (sur lequel j’ai également sévi…) PaperBlog, FlipBoard… Et Pinterest, plus orienté image. On appelle ces procédés la « curation » (en effet, c’est la curée…),  manuelle ou automatique. Ce qui provoque un bel imbroglio juridique…

Halte au pillage ?

Mais déjà, la résistance s’organise. Un simple script permet d’empêcher le « vol » ou « l’insertion » (selon la philosophie de chacun) de contenus tiers. Sur le site du National Geographic par exemple, il est impossible de « piner » les photos, de les « scoopiter » ou de les « paperlier ». Jusqu’à la prochaine avancée technique qui fera sauter ces verrous. Ceci me rappelle la délicieuse obsolescence du code javascript qui permettait d’empêcher le « clic droit/enregistrer l’image sous », censé protéger les images. A l’heure ou l’on peut faire une copie d’écran sur un 27 pouces, et la traiter dans un logiciel d’agrandissement basé sur les fractales pour obtenir une image en 300 dpi parfaitement imprimable dans la presse traditionnelle en double page…

Il en est de même des paranos qui croient utile d’insérer une mention de copyright sur les 3/4 de l’image, (la rendant quasiment invisible au passage). Savent-ils qu’un algorithme peut le supprimer et reconstituer la partie de la photo détériorée, souvent de meilleure qualité que l’original, le tout en quelques secondes ? Évidemment, il est toujours possible de dissimuler un code malicieux dans vos pages, apte à défacer les sites de curation. Ou à truffer vos images de bombes logiques, mais ces solutions extrêmes se retournent souvent contre le concepteur : l’arroseur arrosé…

Beaucoup de blogueurs utilisent ces moteurs de curation dans l’espoir d’augmenter leur fréquentation. Espoir à mon avis vain puisque les robots de Google (j’en ai un derrière mon épaule, il voit tout, dès que je change une virgule) considèrent ces sites comme du « duplicate content » et les algorithmes minorent alors votre classement. Plus de visiteurs en apparence mais moins de « crédibilité ». Comme toujours, la qualité prime sur la quantité. C’est vous qui voyez.

Toujours est-il que par le biais de ces plateformes « curatives », je retrouve mes photos, mes infographies et mes articles ventilés façon puzzle au 4 coins de la planète internet. Pour le meilleur et pour le pire. S’en insurger serait totalement rétrograde. D’autant que selon le vieil adage : « qui expose s’expose ». Pour ma part, l’internet m’a tellement apporté que c’est bien volontiers que je diffuse du contenu original à mon tour. La différence est que cette fois, l’intervention humaine n’est plus nécessaire : quelques mots clés, quelques flux RSS de sites influent et vous voilà à la tête d’une publication qui fait illusion. Quelques temps… Mais ces sites vivent de la pub (comme un certain Facebook) dont les revenus colossaux ne sont pas reversés aux milliards de contributeurs, bénévoles sans le savoir…

Plus grave : à ce jeu, l’Internet se mord la queue et l’on risque à terme de ne plus avoir à lire que le même contenu dupliqué quelques milliard de fois sous des mises en page différentes. Et, au rythme ou s’interfacent les réseaux sociaux, de recevoir 100 messages consécutifs correspondant au même billet. Un beau gâchis de bande passante à l’heure ou les experts s’inquiètent d’une possible « mise à genoux » du réseau Internet tout court…

Pire to pire ?

Quoi appartient à qui ? On retrouve ici le même débat que pour le « pire to pire ». C’est bien beau de fermer Megaupload mais dans le même temps, des centaines de clones sont apparus. En effet, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, le numérique permet de donner quelque chose à quelqu’un sans le perdre soi même !

La logique mercantile attachée à la vente du « droit de reproduction » est ainsi devenue totalement obsolète. Vouloir protéger le droit d’auteur dans ces conditions est dès lors un combat d’arrière garde.

C’est aux éditeurs et aux auteurs qu’il appartient désormais d’inventer de nouveaux produits culturels, assez motivants et innovants pour pouvoir espérer être achetés et en tirer profit ! Pythagore, qui distillait son enseignement caché derrière un rideau, ne monnayait pas sa science et son savoir… De quoi vivait-il ? c’est une autre histoire. Je sais, je suis un utopiste…

Un très, très vieux médium…

Au fait, j’ai découvert un nouveau média extraordinaire… Je me dois de vous en dire quelques mots. Sa programmation est assez délicate et nécessite souvent de longs mois d’élaboration. Le support est un film en cellulose de couleur blanche au format tablette. Il est possible de le transporter partout et de le « feuilleter » dans les trois dimensions. Grande innovation : le contenu reste fixe, à demeure, et chacun peut le consulter à son rythme, même des années plus tard… Et tout compte fait, il n’est pas aussi « piratable » que les autres tout en ayant une durée de vie exceptionnelle. On dit que certains auraient plus de 2000 ans ! On en a trouvé en rouleaux dans des jarres, au fond d’une grotte d’Israël, à Qumran. Je suis vraiment emballé par ce nouveau support. Il a même un nom : le livre.

Et vous, quel est le dernier livre que vous avez lu ? Quel est celui que vous recommanderiez sans hésiter ?

Publié le Avr 20, 2012

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8 Commentaires

  1. ccampion

    Bonjour Francis,
    Il faut vraiment être du métier comme vous pour connaître toutes les finesses, les tenants et les aboutissants.
    Ne s’improvise pas n’importe qui dans cette course effrénée au succès mercantile (comme vous dîtes ! ) à vous entendre, il y en a qui s’y croit et qui empiète… et qui n’ont pas les connaissances que vous avez.
    Par contre, le talent ne s’improvise pas, tôt ou tard : il se confirme pour celui ou celle qui en a ! comme vous !
    Très bon week end à vous et votre famille

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    • Francis Le Guen

      Merci Catherine. Mais de grâce, cessez de me jeter des fleurs. Je ne suis pas sûr de les mériter (ces dernières années j’ai surtout reçu les épines) et mon ego déjà surdimensionné risque cette fois d’exploser ! 😆
      Bon week end

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  2. Caroline

    Oooarrrgh filiuuuuu que tu es Francis Le Guen… Tu as osé la brique estampillée Les baleines ont-elles le mal de mer ?

    En effet, « ton égo est gonflé » ! 😀 Mais quand même bien moins que le bidon du diodon qui croise les plongeurs indélicats, petit joueur va 😆

    Et toc 😉 ! Bon week-end chef, ainsi qu’à ta dame et à toute ta tribu

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  3. Denis

    C’est de la curation et ça fait un lien vers le site où est l’article, donc ce n’est pas vraiment un viol de copyright.

    J’aime bien scoop it que j’utilise pour un projet perso (les Halles) et un truc un peu pro sur le tourisme, mais j’ai un peu l’impression d’être tout seul et que personne ne le lit. Paper.Li est tout automatique et ne sert à rien, ça me gonfle de voir des tweets automatiques de paper.li.
    Par contre ça fait des bons backlink…

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    • Francis Le Guen

      Oui Scoopit, c’est beau. Police Futura… La curation, mouais… Ne dit-on pas « curer les égouts » ? Enfin, comme tu as vu, je suis dessus… Aussi. Misèèèère. 😆

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    • Francis Le Guen

      Ah, j’utilise depuis longtemps Evernote : sur Firefox, Chrome, et sur l’iPhone. C’est effectivement multi-plateformes et je m’en sers vraiment pour le boulot, la biblio, etc. On ne perd plus rien et j’ai même tendance à écrire des articles directement dedans, quand ça me vient, n’importe où de préférence. Je n’ai pas encore l’iPad mais ça doit faire merveille dessus… On vit une époque formidable ! 🙂

      Réponse

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