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La saupe de Méditerranée est toxique : saupe qui peut !

Saupes Sarpa salpa. © Le Guen

Dans l’excellent ouvrage de Jacques Collina Girard, la Provence immergée, que je vous recommande, il y a tout un chapitre « culinaire » sur les utilisations gastronomiques des espèces méditerranéennes. Les oursins, les poulpes, les violets, tout le monde connait mais les orties de mer (anémones) ? Les étoiles de mer ? Pas mal de surprises, de faits méconnus y sont révélés comme la consommation des holothuries par exemple… On y apprend à préparer les gonades « à la plancha » comme en Catalogne. Ou à accommoder l’holothurie elle même « à la chinoise » avec l’aide du chef de « La Tour de Jade » sur le Vieux Port de Marseille. C’est du boulot : une semaine de préparation…

Et la saupe , la très commune Sarpa salpa des côtes méditerranéennes, parfois vendue aux touristes « jobastres » sous le nom de « daurade rayée » ? Eh bien la saupe est toxique !

La saupe, c’est ce poisson herbivore rayé et brillant, plutôt joli d’ailleurs, le premier sans doute qu’on aperçoit dans les herbiers, près du bord, en se baladant avec un masque sur nos rivages provençaux. Les apprentis chasseurs qui mettraient ce poisson à leur ceinture risqueraient d’être surpris. Et pour cause.

Par le goût d’abord (très fort, limite « dérangeant » selon les connaisseurs) et ensuite par les troubles qu’il procure. Car la saupe est hallucinogène ! Ce type d’intoxication appelé « ichthyoalleinotoxisme » serait du à l’ingestion par le poisson des toxines de certaines algues unicellulaires qui prolifèrent en diverses saisons de l’année.

Les romains se shootaient déjà à la saupe…

Très curieux de toutes les formes de décadence, les nobles de la Rome antique connaissaient bien les effets de la saupe et l’utilisait pour des « transes en groupe », entre orgies et divers martyrs de chrétiens (faut comprendre : à l’époque, on avait pas Facebook ni TF1…)

Pourtant, d’après L. De Haro du Centre Anti-poisons de l’Hôpital Salvator à Marseille, les effets n’ont rien d’agréable :

« le tableau clinique est dominé par des signes neurologiques centraux: deux heures environ après le repas, les patients présentent vertiges, troubles de la coordination, perturbations de la sensibilité thermique au niveau buccale et pharingé, cauchemars puis hallucinations visuelles et auditives, délire et agitation. Des troubles digestifs (nausées, vomissements douleurs abdominales) sont possibles, mais ils sont modérés et peu fréquents.

Il n’existe pas de traitement spécifique et l’essentiel de la prise en charge consiste à éviter tout comportement auto ou hétéro agressif lors des hallucinations qui sont vécues par les patients comme phénomènes très désagréables (animaux monstrueux, impression de mort imminente). Les signes durent en moyenne 24 heures et lors du retour à la normale, plusieurs cas d’amnésie post-événementielle ont été collectés ».

Vous voilà prévenus !

Photo : d’après Tino Strauss

Centre Anti-poissons : faux numéro !

Et, si vous voulez éprouver d’autres ivresses, rendez-vous dans la boutique fractale, ci-dessous. 🙂

Publié le Mai 25, 2012

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24 Commentaires

  1. Pfff...

    J’ai déjà vu des personnes atteintes de ces symptômes, elles n’avaient pourtant pas mangé de saupe 🙂
    Ils ne s’ennuyaient pas les Romains…

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    • Francis Le Guen

      Oui, vous aussi ? 🙂
      Les romains, en effet, savaient vivre. Mais ils avaient le Néron !

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  2. Pfff...

    Le nez rond et le vin, les Romains étaient amateurs…
    J’ai lu qu’ils ajoutaient de l’eau de mer dans un vin en particulier, mais je ne me souviens plus du nom 🙁

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    • Francis Le Guen

      Il faut demander à Collina-Girard directement : il sait tout ! Et ne manque pas d’humour comme le montre cet extrait d’un mail :

      « Un peu comme ce poisson lune vendu sur le vieux port et étiqueté « Mérou d’indonésie » pour les parisiens (anecdote racontée par Jean Courtin). Bien entendu le « Parisien » étant tout bipède qui vit dans le Nord de la France, au Nord de l’hopital Nord (c’est prudement indiqué sans doute comme mise en garde de s’aventurer plus loin). »

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      • Caroline Lepage

        Décidément ! Après le billet femmes et tentacules, je flâne et tombe sur celui-ci… Tu sais que je consacre un sujet entier au phénomène dans mon livre Les baleines ont-elles le mal de mer ?

        J’ai constaté à plusieurs reprises que cette intoxication alimentaire était curieusement méconnue du grand public et pourtant grave puisqu’elle conduit directement à l’hôpital : les humains, pas les baleines 😆 d’abord parce qu’il n’y a pas d’hôpitaux sous la surface et aussi parce qu’elles se nourrissent de plancton.

        Bon, cette fois, j’arrête mes bêtises, il faut vraiment que je me « saupe », pardon, que je me sauve 😉

        Salut !

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        • Francis Le Guen

          Il y a tout dans ton livre. Allez, maintenant, le prochain ! 😉

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  3. Pfff...

    Au dessus de l’hôpital Nord ? Le territoire parisien s’est rudement agrandi… Ce Mr, en effet, ne manque pas d’humour 🙂
    J’ai retrouvé le nom sur le net Turriculae…

    Il y a même le « Mas de la Tourelle » qui reproduit ces vins.

    http://www.eccevino.com/fr/magazine/le-vin-romain-ressuscite

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  4. Loridon dit le vieux scaf'

    La Saupe vous allez en entendre parler dans mon prochain :
    « Saalpa la druidesse de Porquerolles »
    En cours d’écriture halucinogènne…sur les pentes du Mt Aigoual.

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    • Francis Le Guen

      Et bien si tu ecris, on est deux ! Hate de lire ton saupe opera…

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  5. AChlemeal

    Lu ceci, dans Mugelières, du poète tunisien Moncef Ghachem (Éd. Apogée, Rennes, 2010) : « Généralement considérée comme un poisson populaire, détenant même une certaine valeur thérapeuthique (contre la fièvre), la saupe qui fraie donc, au début de l’automne, était bien appréciée par les Romains qui l’ont fait figurer sur plusieurs de leurs mosaïques… Provoquant chez certains consommateurs des rêves euphoriques, parfois agités, la saupe a des propriétés narcotiques, car elle se nourrit d’un lichen qui pousse sur les rochers proches des rivages et que es océanographes désignent sous le nom de « laurencia ». Dans son roman Les Labyrinthes de la nuit – Dahalisou’l-laïl -, Hassen Nasr voit les habitants de Mahdia comme alourdis par les rêves et il note : « Rien d’étonnant à cela !… Ne préfèrent-ils pas la saupe aux autres poissons ?… Ils la mangent à chaque repas, tous les soirs, voilà pourquoi ils rêvent, les yeux ouverts… »

    Réponse
    • Francis Le Guen

      Merci !
      Que d’érudition dans tous ces commentaires : c’est la richesse de ce blog et ce qui m’encourage à continuer de publier.
      Allez ! C’est l’heure de la saupe… 😉

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  6. LORIDON Gérard

    La saupe j’ai vu des pêcheurs la vendre à des « Estrangers » (au nord du parallèle d’avignon) en disant
    – « c’est pas de la dorade, c’est de la dorée…c’est pareil »
    Vu la beauté du poisson ça marchait très bien.

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    • Francis Le Guen

      Je viens d’en voir en vente sur le Vieux Port : « daurades rayées » ! Tssss…. 🙂

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  7. LORIDON Gérard

    A Porquerolles « Saalpa le druidesse » vient de faire des découvertes sur le B 26 des mèdes qui transportait de drôles de médicaments !
    Heureusement l’Adjudant Julien Troubarède va devoir stopper son enquête en Corse sur les émeraudes du Tasmania pour revenir mettre de l’ordre dans son île !!!

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  8. chercher plus loin

    La saupe est tout à fait comestible !!!
    il faut être pécheur ou chasseur pour le savoir… comme pour de nombreux aliments il faut le connaître et savoir le préparer. Au printemps durant une période d’environ 1 mois la saupe se nourri d’une algue qui contient une substance hallucinogène effectivement (du phosphore), mais… déjà cela ne dure qu’une petite période dans l’année et si on vide le poisson immédiatement après l’avoir péché il n’y a aucun danger que la chair du poisson soit affectée par le goût des algues…la personne qui à écrit cet article ne sais visiblement pas tout et condamne bien vide ce très bon poisson ! j’en est mangé tout ma vie en soupe, en friture, etc et je n’est jamais été stone ! lol il faut tester : parole de la famille de chasseur-pécheur pro 😉

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    • Francis Le Guen

      J’ai tiré les informations du très érudit livre de Jacques Collina Girard, la Provence immergée. Et de divers témoignages. Mais le votre est intéressant qui vient en contrepied… Et on trouve toujours la « daurade rayée » sur les étals des poissonniers 🙂

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  9. Fred

    Mais qu elle connerie !!!!
    Ce mec est paye par une grande surface ou quoi …

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    • wach

      Moi aussi j’en ai mange’ sans aucun effet de ce vient d’etre relate’ ptecedemant

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  10. Le Vieux scaf

    C’est un poisson bien connu qui entre dans la recette de « La Saupe de poisson »

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  11. Sabrina Sassi

    Tunisie,Mahdia , Souassi, saupe, et illusion collective …. Mots clefs et c’est à vous de chercher

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  12. Kelli

    J’en ai pêché et mangé sans savoir toutes ces histoires d’effets seconsaires, et je l’ai trouvé délicieux! Et pas d’halucinations ni autre effet quelconque. A essayer grillé, farci avec de l’ail et persil, top ?

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  13. yvoup

    salut a tous !! j’ai péché le we dernier avec mon ami Julien, grand amateur de fonds marins de méditerranée. il m’a initié a la passion de la pêche sous marine et je dois dire que j’adore ca!
    tout ça pour dire que nous avons attrapé quelques uns de ces spécimens, les avons fait en friture et… ben j’en ai eu des problèmes !!! le sentiment, 4 heures après , d’avoir été littéralement drogué : j’ai été obligé de me coucher a 17h… j’ai dormi jusqu’a 20h..; cauchemars, douleurs abdominales, réveils fréquents avec sensation de paralysie.. impossible de me lever. mes filles dont j’avais la charge (repas etc…) ont flippé grave de m’avoir vu comme ca. le lendemain, au boulot, les jambes en coton, pas d’énergie etc… j’ai meme été obligé de prendre mon après midi.
    je recommande a tout le monde de NE PAS CONSOMMER ce poisson, meme vidé, meme cuit… c’est une expérience très désagréable…
    j’aurais aimé lire ce passionnant article un peu plus tôt.

    merci !!

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  14. red

    je me suis déjà shooté à la saupe sans le savoir, dans un resto en Tunisie, et croyez moi on a passé une nuit horrible moi et ma femme. c’était de l’électricité dans le cerveau. par la suite je me suis initié à la pèche et à la façon de nettoyer la saupe. l’astuce est simple en faite quand on pèche la saupe il faut tout de suite la nettoyer. et ne pas laisser les boyaux dedans pendant l’heure qui suite.

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  15. Salma

    J’ai trouvé ce site car je suis éveillée et je me suis connectée pour ne pas me redormir, je me accrochée à mon mari en tremblant de peur suite aux cochmards que j’ai fait, j’ai préparé un repas délicieux avec un joli poisson doré, grillé sur le boie, deux heures après j’étais couchée. Au début j’ai cru que j’avais une chute de calcum ( car je viens d’accoucher et j’allaite mon bb au sein) j’ai eu du mal à appeler mon mari puis je me suis rendormie et là la fête a commencé.. J’ai même vu l’ange de la mort qui est venu me prendre .
    J’ai sommeil mais je vous assure que je vais tout faire pour rester les yeux ouverts

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