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La Hague en transparence

Après avoir été l’abcès de fixation des groupes antinucléaires, l’usine de retraitement de La Hague fait aujourd’hui moins de vagues. Depuis 2003, la nouvelle politique de communication porte ses fruits : aujourd’hui transparence et «impact zéro» sont de règle… Article publié en mai 2005 dans le magazine Détours en France.

La hagueToutefois, les points de vue divergent entre les différents protagonistes quand à la dangerosité voire l’utilité d’une telle usine, même si aujourd’hui industriels et protecteurs de l’environnement peuvent débattre à la même table…

Pourquoi avoir choisi le Cap de la Hague dans le Cotentin pour installer cette usine ?

Laurence Pernaud, directrice de la communication de Cogema/La Hague :

«L’usine a été construite en 1958 sous l’impulsion du Général De Gaulle. Le Cotentin constituait la région idéale, d’abord en terme d’aménagement du territoire, ensuite parce que c’est une zone non sismique et que le plus grand courant marin d’Europe, le Raz Blanchard permet de diluer rapidement les effluents.»

Pierre Barbey, biologiste cellulaire, maître de conférence, conseiller scientifique de l’ACRO (laboratoire d’expertise indépendant) :

«Maillon de la force nucléaire française, La Hague bénéficie d’une faible densité de population, de vents et de courants violents à priori aptes à disperser les radio éléments dans l’atmosphère ou la mer. Des précautions qui sous-tendaient déjà les risques potentiels des rejets radio toxiques. On est loin de «l’impact zéro» sur l’environnement annoncé. D’ailleurs, lors de l’incendie d’un silo en 1981, les vents soufflaient en direction de la terre…»

A quoi sert exactement cette usine ?

Laurence Pernaud

«L’usine assure le traitement des combustibles nucléaires usés en provenance de réacteurs français, européens et asiatiques. Le traitement consiste à séparer puis à conditionner les différents constituants en vue de leur recyclage (cas de l’uranium et du plutonium) ou du stockage définitif des résidus ultimes qui contiennent la quasi-totalité de la radioactivité. C’est une réponse cohérente sur les plans énergétique et écologique. En effet, le traitement permet :

  • Le recyclage des matières énergétiques présentes dans les combustibles usés (à sa sortie du réacteur, un combustible nucléaire usé contient 97 % de matière recyclable, soit 96 % d’uranium, 1 % de plutonium et 3 % de résidus)
  • La préservation des ressources naturelles d’uranium.
  • La réduction significative du volume et de la toxicité des résidus par un traitement et un conditionnement adapté.»
Pierre Barbey

«La Hague produit plus de déchets radioactifs que tous les réacteurs nucléaires français réunis. La nappe phréatique est irrémédiablement polluée suite aux fuites survenues dans les années 70. Le retraitement ne fait qu’aggraver le problème des déchets en en créant d’autres sous forme gazeuse, liquide et solide dont une partie est relâchée dans l’environnement. Notamment du carbone 14 dont la demi-vie (période au cours de laquelle un élément perd la moitié de sa radioactivité) est de 5000 ans. Ce carbone radioactif entre dans la chaîne alimentaire : les harengs de la Mer du Nord sont tout proches ; une salade du Cotentin est considérablement plus radioactive que la normale. De plus, depuis l’abandon du programme des super générateurs, l’uranium «appauvri» obtenu ne sert à rien.»

Laurence Pernaud

«Il est vrai que pour l’instant, priorité est donnée à l’uranium minier en raison de son coût inférieur. Mais, gouverner c’est prévoir et nous stockons du combustible pour l’avenir. Il ne faut pas parler de pollution. Comme toute industrie lourde, nous émettons des rejets contrôlés. Nous faisons partie des entreprises les plus surveillées au monde, par des instances françaises, européennes et internationales et nous sommes très en deçà des normes qui nous sont imposées. La radioactivité autour de La Hague est plus faible que la moyenne en France ! De plus, nous travaillons ici et habitons avec nos familles : nous ne sommes pas suicidaires mais éco responsables !»

Comment se présente l’avenir ?

Pierre Barbey

«Depuis les années 80, COGEMA a considérablement diminué ses rejets, mais le danger est là : nul ne peut prévoir les conséquences à long terme de la pollution. Sans parler d’un avion terroriste s’écrasant sur La Hague, qui produirait une pollution égale à 60 ou 70 fois Tchernobyl…Mais l’usine emploie beaucoup de monde dans une région défavorisée, raison pour laquelle peu d’élus souhaitent son démantèlement. Il s’agit d’un débat sociétal et politique dans lequel les citoyens devraient être impliqués.»

Laurence Pernaud

«Nous avons une logique commerciale et volonté d’augmenter notre capacité de retraitement et nos parts de marché dans le monde. Les associations écologistes nous ont aidé à mieux communiquer. Aujourd’hui, nos chiffres sont accessibles et nous proposons au public une «visite buissonnière » de 2h 30 pour constater notre engagement pour la protection de l’environnement. N’oublions pas que la radioactivité est un phénomène naturel ! Les métaux lourds restent dans la nature éternellement. Nos résidus radioactifs eux, se désintègrent et disparaissent : un atout non négligeable pour les générations futures…»

NDLR : Rappelons tout de même que le plutonium est l’un des poisons les plus puissants : la dose mortelle pour l’homme se situe au millionième de gramme. Il émet en outre des radiations mortelles. Par transmutations successives il se transforme effectivement en plomb (un métal lourd) au cours d’un cycle dont la demi vie est de 24 000 ans. Une bagatelle à côté de l’uranium 235 et 238 dont la demi vie se calcule… en milliards d’années.[pullquote]Article de commande pour le magazine Détours en France, à l’époque où j’y tenais la rubrique environnement. Ma conclusion douce amère m’avait valu des remontrances de la direction suite, sans doute, à des protestations du lobby nucléaire. J’avais pourtant essayé d’être le plus consensuel possible… Mais la chimie des radio-éléments est une science exacte qui n’est pas sujette à interprétations.[/pullquote]
Andra

Acro

Cogema (Areva)

Crii-rad

Greenpeace

Ministère de l’Environnement

Autorité de Sûreté Nucléaire

Secrétariat d’état à la santé

Sortir du nucléaire

Publié le Août 7, 2006

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