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Je n’aime pas le Nitrox !

Je n’aime pas le nitrox !

Précisons tout de suite que je ne suis pas un novice dans l’utilisation des mélanges gazeux pour la plongée. J’utilisais déjà le nitrox à différents pourcentages d’O2 dès 1980, pour les procédures de décompression lors des longues plongées souterraines d’exploration, bien avant que « l’air enrichi » ne devienne à la mode…

Précisons aussi que cet article volontairement polémique ne concerne pas l’usage des recycleurs et autres plongées « Tek » ou le nitrox est bien entendu d’usage courant. Je veux parler de l’usage du nitrox en plongée-loisir. De vous à moi : quel intérêt ? Officiellement, cela permet de faire moins de paliers. Mais habituellement, vous en faites beaucoup vous, des paliers en plongée-loisir à l’air ? Combien, 10 minutes ? Et c’est si pénible que çà ? Moi, j’aime bien les paliers. Une vieille habitude. En plongée souterraine, il m’est arrivé d’en faire 7h. Et à l’Oxygène

Faire quelques paliers en fin de plongée, c’est très bon pour la santé. C’est une excellente habitude qui devient un réflexe Cela donne une meilleure maîtrise de la flottabilité et prépare au vacarme de la vie terrestre. Et c’est souvent l’occasion d’observer tranquillement toute une faune délaissée : méduses, salpes, macroplancton, quand il ne s’agit pas de mantas, dauphins ou requins baleine. Flotter en apesanteur dans l’eau rayée de soleil : c’est parfois le meilleur moment de la plongée. Et encore une fois, on ne parle que de quelques minutes ! Même en eau froide, c’est de la rigolade. Alors, que vient faire ce nitrox dans l’histoire ?

Les français ont inventé la plongée mais les américains ont appris au reste du monde à la vendre. Et comme toujours, c’est d’Amérique qu’est venue cette détestable habitude… Pour cette pratique il a fallu créer des stations de remplissage, des ordinateurs capables de calculer les paliers pour ces mélanges, ce qui les rends plus complexes et sources d’erreurs pour les novices. Des détendeurs « spéciaux », des livres, des stages… Tout cela fait marcher le business.

L’air enrichi vous appauvrit : certification, gonflage, tout cela est plus cher et c’est bien le but recherché par ses promoteurs. Alors bien sûr, l’usage de ces bouteilles estampillées jaune et vert donne un petit air « tek » au plongeur lambda. Mais finalement le terme est assez prétentieux quand on considère que l’air du bon Dieu est déjà un Nitrox à 21%… Vous voulez des sensations ? Plongez au Trimix ! Bon, chacun fait ce qu’il veut.

Mais ce qui me dérange le plus dans la banalisation du Nitrox c’est la limite de profondeur qu’il impose. C’est peut-être bien adapté pour les fonds plats ne dépassant pas 30 mètres mais quid des tombants vertigineux ? Que celui qui n’a jamais rattrapé un débutant en chute libre me jette le premier galet 😉 Irez-vous risquer l’hyperoxie pour secourir quelqu’un ? Certainement pas. Alors qu’à l’air, la marge est plus confortable pour intervenir. Et on est sûr de ce qu’on respire. Le Nitrox, il faut contrôler la PO2, le pourcentage. Être sûr que le matériel est bien étalonné. Que le diluant est bien de l’azote. Beaucoup de contraintes, beaucoup de sources d’erreurs…

Je me fais l’avocat du diable : je sais bien que pour ceux qui plongent beaucoup, c’est aussi un moyen de moins saturer et de limiter les risques d’accidents de décompression. Soit. Mais encore une fois, on est très loin de la plongée de loisir… Et à tout prendre, je préfère plonger à l’air et décompresser à l’oxy pur. Nitrox, ni trop peu…

Le nitrox pour tous ? De l’intox ! Et vous, qu’en pensez-vous ?

Publié le Juil 28, 2008

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9 Commentaires

  1. Denis

    Tu as bien résumé la situation, je crois que PADI facture 200 euros au minimum la certification Nitrox, le cout du gonflage est plus cher pour les centres qui le pratique et je n’aime pas non plus cette limitation de profondeur.
    Mais pour les séjours plongés de type Egypte ce n’est pas mal pour les personnes ayant un certain âge.
    En effet cela limite la saturation et donc la fatigue.
    Tant qu’on me l’impose pas je n’ai rien contre mais effectivement c’est barbant de contrôler en plus son mélange gazeux.
    Soit on fait de la plongée teck soit du loisir faire les deux à la fois c’est du business.

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  2. Plongeur Nitrox

    Salut  Francis,
    Permets moi de déterrer ton poste. Il a plus d’un an, tu en auras peut être profité pour changer d’avis.

    Dans tous les cas,  tu le sais, on ne peut pas être tout à fait d’accord avec toi. Le Nitrox est un gage de sécurité supplémentaire dans bien des cas. Des plongeurs que je connais, aucun n’adapte son Ordi pour lui dire qu’il plonge au Nitrox. Ils se font donc des plongées encore plus sécuritaires.  L’intérêt au niveau du temps de désaturation n’est pas non plus négligeable. Pense au 3 plongées par jour voir plus proposées en Egypte par les clubs.

    Et puis pour beaucoup, cela reste un premier pas, relativement facile à faire, vers de la vraie plongée tech.
    Coté business, je suis d’accord avec toi, surtout avec les nouvelles lois.
    Bref, pour une petite semaine de plongée, avec des plongées pas trop profondes, mais à coup de 2 plongées minimum par jour, celà vaut le coup.

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    • Francis Le Guen

      Bonjour !
      Vu la teneur de votre site, il est normal que vous réagissiez 😉
      L’article était volontairement caricatural et vous l’avez compris. Je n’ai pas changé d’avis sur le fond (!) mais chacun fait ce qu’il veut et effectivement, à 3 plongées par jours, il vaut mieux utiliser le nitrox…

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  3. Claire

    Là c’est le médecin hyperbare qui est titillée, Nitrox ou pas Nitrox?
    Il me semble que les premiers exposés aux accidents de décompression sont quand meme les moniteurs qui accumulent les plongées successives.
    L’essentiel de l’encadrement se fait en général au dessus des 30m, il me semble plus sécuritaire et moins fatiguant pour eux de plonger nitrox, après comme dit la chanson chacun fait ce qui lui plaît….:)

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    • Francis Le Guen

      Pour les moniteurs, c’est un plus évidemment. Mais comment vont-ils récupérer le client trop lourd en chute libre sur un tombant… ? Tout dépends de l’environnement, c’est sûr. Mais je reste fan de la déco Oxy pur en lieu et place du nitrox. Question d’habitude…
      Medecin hyperbare : Vous exercez à Nice ?
      Il y a un livre de John Fante qui s’appelle « Demande à la poussière » 😉

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  4. Claire

    Je suis venue à la médecine hyperbare comme à un  » rescue » amélioré aussi je ne poserai pas en expert, et encore moins ici. Il existe effectivement des cotés positifs et négatifs à chacune des 2 pratiques (nitrox -air), quand à l’oxygène pur au pallier, il n’est pas accessible au plongeur lambda, il me semble.
    L’idéal serait encore d’avoir des branchies, mais c’est pas pour demain 🙂
    En tout cas, ce post a éveillé ma curiosité sur la question,et donné envie de rester attentive à ce qui sera publier sur le sujet.
    C’est très intéressant

    Je ne connais pas le livre  » Demande à la poussière » mais j’ai fait des vacations pendant 2 ans chez Jean Marc et j’en garde un excellent souvenir 🙂
    Peut être devrais je lui offrir John Fante? ;-))

    Et Merci encore pour votre blog, je viens quotidiennement y faire ma pause, c’est une vrai bouffée d’oxygène ;-))))))

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    • Francis Le Guen

      Heureux de faire partie de votre pause ! Concernant John Fante, au delà de la blague facile, c’est un auteur exceptionnel que je recommande. Tous ses livres sont de purs chefs d’œuvre.

      Pour l’oxygène pur, paradoxalement très peu employé, la mise en oeuvre est au contraire bien plus simple que pour le nitrox. Une simple bouteille d’oxygène médical et un détendeur à demeure sur le bateau, un narguilé avec un deuxième étage au bout et une valve antiretour (le tout dégraissé) et placé à – 6m : Voilà de quoi raccourcir sérieusement les paliers. A condition que le bateau suive les bulles, etc. Les deux techniques peuvent d’ailleurs se compléter. En spéléo nous décompressions au nitrox d’abord puis à l’oxygène pur à partir de -12 m. ATTENTION : Cette technique ne doit pas être employée par des débutants. La limite « légale » de l’emploi de l’oxygène sans danger est à -6m. Au delà, les risques de convulsions apparaissent.

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  5. Patrick

    En premier lieu je voudrais vous féliciter pour l’ensemble de votre « oeuvre » ; J’ai adoré vos carnets de plongées , je regarde et reregarde vos carnets d’expédition . Continuez à nous faire réver ! J’ai d’ailleurs débuter la plongée il y a quelques années motivé par vos formidables images .
    Pour revenir au Nitrox !
    « Bien sur les américains de chez PADI ne connaissent que le Nitrox pour augmenter leurs temps de plongées sans palier et pouvoir faire des plongées sucessives sans étre trop pénalisé ! » « Bien sur nous les CMAS nous savons faire des paliers !! » La gueguerre habituelle .  
    Je suis d’accord avec vous c’est souvent super agréable de rester avec son binome en apesanteur 5 mn ou plus entouré par un banc de Platax ou de quelques belles méduses
    MAIS …
    J’ai passé allégrement les 40 ans et malgré mon niveau 3 CMAS je vous avoue que plonger avec du Nitrox c’est beaucoup moins fatiguant !! J’ai récemment fait une croisiére en Egypte avec 3 plongées par jour ( voir 4 avec une plongée Nuit ) et en faisant une premiére plongée à 40 m à l’air puis 2 plongées Nitrox 32 % à 20 – 30 maxi aucun probléme de récupération méme pour un vieux plongeur !!! Rien ne vous empéche d’ailleurs de rester au palier plus de 3 mn pour le plaisir .
    Pour moi le plus du Nitrox c’est la récupération et la possibilité de faire plusieurs plongées sans étre trop pénalisé .
    Ce qui n’empéche pas il est vrai l’entrainement physique avant les plongées ce que beaucoup de plongeurs agés ont oubliés c’est vrai !!
    Sincéres amitiés de plongeur et encore merci pour tout !!!

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  6. Francis Le Guen

    Très heureux de créer des vocations ! Vous avez raison, je n’ai pas pris en compte l’aspect fatigue. C’est exact qu’on se sent moins « plombé » avec le nitrox et cela peut être déterminant lors des plongées successives pratiquées à un tel rythme !

    Ce même effet de « jouvence » s’observe avec l’oxygène pur au palier. Les plongeurs pros ne me contrediront pas qui ont expérimenté la « vasodilatation des membres inférieurs » que procure l’oxygène. Je me souviens de mes plongées souterraines (au Moyen Age…) où, après une dizaine d’heures d’efforts, j’arrivais exténués aux paliers terminaux. Deux à trois heures de paliers oxy et je sortais… Comme un jeune taurillon : En pleine « forme » ! 😆

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