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Haute tension sur le Verdon

Parmi les causes principales de la dégradation du paysage, les Français citent, à égalité avec l’affichage publicitaire, les lignes électriques : aujourd’hui un réseau de plus d’un million de kilomètres électrise nos campagnes…

Pylone3L’appétit des lignards semble ne plus avoir de limites : un projet d’électrification de la Brière est en route ; une ligne THT de 100 km doit sillonner la Normandie et le projet entre la France et l’Espagne a mobilisé massivement les habitants des Pyrénées Orientales qui ont obtenu que le tracé de la ligne soit revu. La sombre beauté des lignes haute tension, hier banale, est devenue objet de controverse. Dernier exemple en date, le Verdon : présenté en 2003 à la Commission Nationale Supérieure des Sites par RTE (l’organisme dépendant d’EDF chargé de l’établissement du réseau électrique français), le projet prévoyait l’enfouissement de la ligne sur 5 km pour préserver le site. Mais la fée-Goliath sait attendre des années au gré des instances plus où moins favorables. Récemment, deux arrêtés des ministères de l’Ecologie, des Transports et de l’Industrie ont déclaré ce projet d’utilité publique. Exit l’enfouissement…

Robert Ferrato, ingénieur à la retraite et président de l’Association pour la protection des sites du Verdon ne baisse pas les bras : «Cette ligne de 400.000 volts doit relier Boutre (Var) au Broc-Carros (Alpes-Maritimes). 220 pylônes de 40m de haut pour 24m de large pour un coût total de 200 millions d’euros. Le tout au beau milieu du Parc Naturel Régional du Verdon, traversant 4 zones classées Natura 2000 ou au conservatoire du littoral ! Cette autoroute électrique a pour alibi la sécurisation des Alpes Maritimes. En fait il s’agit de boucler les réseaux d’interconnexion européens, notamment avec l’Italie et la Grèce. Ce projet n’est pas d’utilité publique, mais commercial. Alors qu’il existe d’autres alternatives : l’enfouissement des lignes très haute tension par mise en caisson étanche avec isolation gazeuse. Un procédé déjà employé pour les lignes sous-marines qui longent les côtes méditerranéennes. Mais voilà, c’est deux fois plus cher ! »

Lignards paysagistes

En ces temps de communication, RTE a placé des fusibles. A Amnéville par exemple, une convention a ainsi été signée en 2002 : au lieu de masquer les installations, on choisit de les valoriser par l’intervention d’artistes. Des «œuvres» pour le moins controversées… Changement de nom, tout aussi fondamental : les pylônes se nomment désormais «Muguet» (le pylône architecturé le plus utilisé sur le réseau) tandis que les supports « Fougère » et « Roseau » sont réservés à des emplacements exceptionnels en raison de leur coût… Environ 40 % des sites Natura 2000 sont aujourd’hui traversés par des lignes. Reste à expliquer aux oiseaux migrateurs, à l’heure de la préservation de la biodiversité, que ces fougères et ces roseaux là leurs grilleront les plumes !

Des usagers survoltés

De plus en plus l’impact sur la santé humaine est pointé du doigt. Par rapport à nos ancêtres de l’ère « pré électrique » nous sommes exposés aujourd’hui à 200 millions de fois plus de rayonnements selon les scientifiques. A Coutiches, village du nord de la France les habitants vivant sous les lignes vrombissantes ont développé un tableau clinique à faire peur, avant d’abandonner le village. Obligé d’effectuer des recherches, EDF a reconnu timidement une baisse possible du système immunitaire. D’autres recherches pointent les risques de leucémies et de cancers du cerveau. Sans parler de la «pseudo carence en fer» résultant d’une mauvaise répartition du fer dans l’organisme dont les conséquences à long terme sont inconnues. En 2002, RTE s’était engagé à enterrer un quart des nouvelles lignes haute tension soit environ 375 km sur un total de 1500 km prévus sur 3 ans. On parle d’une disparition des pylônes pour 2035. Aujourd’hui la basse et moyenne tension est enterrée à 20 % seulement en France contre 100 % aux Pays-Bas… Mais une mobilisation citoyenne est capable aussi de disjoncter : au Verdon, les associations ont réussi à bloquer le début des travaux en attendant la décision du Conseil d’Etat. Un sondage réalisé en 2003 par l’Observatoire de l’Energie montre que 62% de la population est prête à accepter une légère augmentation de la facture d’électricité pour financer l’enfouissement des lignes… Nous voilà donc au courant !

En savoir plus :

Association pour la protection des sites du Verdon, BP N°1 les Salles sur Verdon, 83630 AUPS – verdon13@free.fr

RTE  http://www.rte-france.com

Courant du large

Le premier parc éolien offshore va voir le jour en 2007 à 7km au large de la Seine Maritime. 21 éoliennes ancrées par 23m de fond pour une capacité de 105 Mega Watts. Et cette fois, une influence minime sur le paysage : trop forts les moulins !

Publié le Juil 26, 2006

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2 Commentaires

  1. Paroucheva

    Bonjour, Vous avez publié une photo de mon oeuvre sans demander l’autorisation.
    Pourriez vous ajouter: « Source » installation monumentale sur pylônes de haute tension, artiste Elena Paroucheva.
    Copirigt: Elena Paroucheva/ADAGP.

    Et juste vous informer qu’à Amnéville les Thermes la ligne de transport d’électricité est passé avant le développement du Site Thermal. RTE ne pouvais pas passer le réseau sous terre en raison du sol fragile, sources et les galeries minières. C’est la raison de réaliser mon projet de mise en valeur de la ligne électrique. « Source » est depuis dix ans apprécié comme une oeuvre d’art unique au monde.
    Pour plus d’information: http://electric-art.eu/

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    • Francis Le Guen

      Oups ! Je suis désolé… J’ai remplacé l’image. Merci pour vos précisions.

      Réponse

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