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Graine de courge de Philippe Carrese : du polar marseillais…

graine-de-courge-de-philippe-carreseNous vous parlions ici de la naissance du nouvel éditeur entièrement numérique 1961 Digital Edition. Son catalogue s’étoffe avec une collection de polars « Marseille Connection » dont les désormais introuvables de Philippe Carrese.

Ces perles sont disponible ici en téléchargement (pdf pour tablettes, PC, iPAd, etc.) pour quelques euros, prix (enfin !) plus que raisonnable.

Plus belle la vie

« Je venais d’écrire Pet de mouche et la princesse du désert, juste après Trois jours d’engatse et Filet garni. Pet de mouche… était un roman de politique-fiction, une anticipation de vingt ans sur le désastre social marseillais, un récit très sombre. J’avais alors envie d’écrire un truc barré, et surtout un roman qui aurait pour cadre les quartiers sud de Marseille, une vraie comédie !
J’ai trouvé le titre définitif Graine de courge en passant devant l’herboriste en bas de chez moi, sur une affiche représentant un pauvre sexagénaire avec des problèmes de prostate (mais souriant quand même, grâce à la graine de courge justement, comme quoi…). C’était parfait, ça résumait bien la psychologie de la plupart des personnages de ce récit.
Ce roman m’a également permis d’être invité deux fois à la fête de la courge de Rians, dans le Var, ce dont tout le monde se branle. »

Résumé :
Bouboule, graine de voyou plus débile que méchant, est recruté pour le hold up de la Banque Méditerranéenne de Commerce. Une histoire tordue montée par Rachmaninov – à moins qu’il ne s’appelle Stravinski, on ne sait plus au juste – caïd ukrainien qui a engagé les meilleurs hommes de mains marseillais (d’authentiques bras cassés…) pour récupérer un dossier explosif. Avec Bouboule, Takis se retrouve embringué lui aussi dans l’embrouille, mais c’est sa soeur Melina qui va le plus en pâtir, jusqu’à ce qu’il la sorte de là. Le tout avec un humour ravageur, narquois et autodestructeur avec jubilation.

Philippe Carrese, le trublion

philippe-carreseJusqu’ici, on le connaissait comme homme de télévision (Plus belle la vie), mais le personnage est difficile à présenter tant il est éclectique : écrivain, illustrateur, musicien, humoriste… Il n’a en tout cas pas la langue dans sa poche comme on peut le remarquer dans ce cri, poussé dans La Provence, ou sur son site.

C’est lui qui a réalisé en son temps sur France 3, Bzzz…, une émission humoristique avec deux acteurs débutants qui s’appelaient Chantal Lauby et Bruno Carrète. L’émission avait été remarquée par Canal+ et devenue «Les Nuls». En 1994, il récidive avec Bazar, la plus désopilante collection de sketches jamais imaginée sur Marseille.

En tant qu’auteur de « polars marseillais » Philippe Carrese a également rencontré son public. Pas question dans ses bouquins de se croire à Paname, à Frisco ou ailleurs. D’ailleurs l’avant-propos de « Trois jours d’engatse » annonce la couleur :

«L’histoire que vous allez lire est totalement fictive. Elle se déroule dans une ville imaginaire située à vingt kilomètres à l’ouest d’Aubagne et à près de huit cent kilomètres au sud de Paris, c’est à dire quasiment aux antipodes, dans des territoires vierges et exotiques propices aux aventures les plus dépaysantes ».

Pour entrer tout de suite dans le style, voici un extrait de Trois jours d’engatse, également disponible chez 1961 Digital Edition.

(…) Tu as un décès, tu fais venir les pleureuses. Plus le mort est important, plus elles pleurent. Là où j’habitais avant, au Racati, il y avait eu un accident terrible, trois morts dans le même immeuble. Sur les trois, il y avait deux familles corses. Les pleureuses se sont trompées d’enterrement et sont allées pleurer chez la famille de l’autre… Tu aurais vu le souk… non, le souk, c’est plutôt chez les arabes.
Moi, le côté corse, je l’ai un peu perdu… Il faut dire que quand tu vis seul, tu as pas trop l’occasion. En plus, dans la cité, les traditions se perdent un peu. C’est le «mélange ethnique», comme il y a écrit dans les journaux… Le melting-pot marseillais… Je l’ai lu dans un article que j’ai vu, chez Néné, au bar… J’ai pas tout compris.
C’était dans Libération ou un autre pareil, je sais plus, mais c’était écrit par un journaliste parisien, le genre qui descend au Sofitel, va se faire une soupe sur le port, eau de vaisselle garantie, et va se montrer au New-York, avec le gratin et les jambons… Ça, c’est imparable. Les Parisiens quand ils descendent, tu les retrouves tous au New-York… Tu en verras pas un au Soleil, à côté ou à la Samaritaine, en face. Tous au New-York… Ca fait un peu brasserie, ils sont pas dépaysés… En plus, il y a tous les jambons de la rue Paradis là dedans, le genre 4 x 4, les minots blonds, les clubs de golf, le téléphone dans la voiture, l’appartement à Rodocanacchi… et surtout, gomme l’accent, efface l’accent, force toi à pas avoir l’accent, parle pointu avec tes copines chez Castelmuro, pétasse…
La rue Paradis, à Marseille, c’est ça… Neuilly, Passy, mais du sud, et surtout sans en avoir l’air. Des fois, ils devraient venir ici, un peu… Frais-Vallon, c’est joli comme nom aussi… Ca fait pas américain, ça fait campagne, Frais-Vallon.
Frais Vallon, c’est pas compliqué.
C’est quand tu veux te tirer de cette ville, tu prends la rocade (tu peux pas te tromper, pour l’instant il n’y en a qu’une, de rocade) et au bout de la rocade, alors que tu te crois sauvé, la route passe de deux fois trois voies à une fois deux voies, avec un feu rouge et, généralement, un camion de flics qui t’arrête si tu as une fourgonnette un peu délabrée ou une Mobylette et pas de casque. Ils n’arrêtent plus les BMW parce que, de toute façon, ça sert à rien, les mecs en BMW, c’est tous des copains à un cousin à un élu; et être un élu, ici, c’est plus qu’une situation, c’est un état de grâce.
Frais Vallon, c’est la cité qui est juste au-dessus du camion de flics, au bout de la rocade… Des barres d’immeubles, tous gris… Enfin pas tous, parce qu’il y a eu réhabilitation… Réhabilitation. Ils ont tout repeint en rose pour faire gai. C’est vrai que ça fait plus gai quand tu retrouves le petit frère de Nordine, défoncé raide à la colle, au pied d’un escalier en crépi rose, plutôt qu’au pied d’un escalier en béton gris.
Un élu a dit, «la réhabilitation sera notre cheval de bataille…» ou quelque chose comme ça… Et quand les z’élus le disent… A la Ville, c’est le même z’élu qui s’occupe de ça depuis 30 ans. Tant, c’est lui qui les a fait construire, au départ, il y a 30 ans, toutes les barres d’immeubles qu’ils démolissent maintenant.
Justement, demain, ils vont faire tomber la barre derrière chez moi. Une implosion ou une explosion, je sais plus… Tu peux être sûr qu’ils y seront tous, les maires, les préfets, les conseillers généraux, tous les mange-morts de la Ville, toutes les estrasses emplumées, tous les z’élus…
C’est dommage qu’ils ne viennent que pour voir les démolitions, dans notre quartier. Sinon, on les voit pas trop… mais ils ont peut-être pas le temps… Tu peux pas te gaver sur frais de représentation à la fois chez Michel aux Catalans et chez Néné à la Rose… Vendredi, ils y seront tous, pour la démolition… Et vas-y les discours sur l’habitat rénové, la capitale de la Méditerranée… En attendant, les habitants de la capitale de la Méditerranée, ils me cassent les couilles, parce qu’avec l’accident de Milhoud, les youyous dans l’escalier ça n’a pas arrêté de toute la nuit. (…)

Fatales, capitales, digitales…

Après Marseille, la collection de romans noirs sera déclinée aussi prochainement sous d’autres horizons : Toulouse, Lyon, Lille, Bordeaux, Paris

Frédéric Presles nous en dit plus sur sa maison d’édition online et ses collections, dans cette interview pour MarsActu

Publié le Fév 4, 2013

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4 Commentaires

  1. Le Vieux scaf

    Il écrit aussi pour les éditions Jigal de Marseille, dans le même style
    Où il y a aussi un auteur du même genre Maurice Gouiran
    J’aime bien ce type de polar si méditerannéen et si réaliste.

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  2. Henry

    Acheté un pack de 4 livres (soit un peu moins d’un kilobit)

    Réponse

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