Beaucoup d’entre vous m’ont demandé, pour paraphraser une célèbre émission de télé : « Comment c’est fait » ? Sans entrer dans les détails mathématiques des fractales elles mêmes, objet d’autres billets, j’ai décidé dans cette nouvelle série d’articles d’entrouvrir un peu le rideau de l’atelier et de vous montrer les coulisses du processus de création de quelques œuvres.
Allo ?
Ainsi, notre lectrice Fabienne Hugon a particulièrement apprécié la fractale Oily Red dont elle souhaite faire l’acquisition. Ce tableau fait partie d’une recherche sur les interfaces, la mixité…
Tout le monde a déjà observé les étranges volutes que produit de l’encre versée dans l’eau, ou encore le mélange de deux pots de peinture murale. Les couleurs qui se diluent font naître de surprenantes figures, étrangement familières… Ce qui n’est pas surprenant puisque ce phénomène de turbulence, l’un des plus complexe de la dynamique des fluides, est lui aussi de nature fractale…
A l’huile !
Issu d’une famille d’artistes, je suis né dans l’odeur de la térébenthine, au milieu des gros tubes vomissant la peinture à l’huile et des palettes barbouillées de couleurs plus ou moins sèches aux reliefs déjà fractals.
Naturellement, j’ai cherché à reproduire, au moins en partie, la texture particulière de ces peintures en utilisant cette fois les logiciels et les algorithmes. Troquant la palette en bois pour celle, immatérielle, d’Apophysis qui en a pourtant gardé le nom. Précisons que la « palette » proposée par défaut dans le logiciel est absolument inutilisable et qu’il faut se constituer ses propres gradients de couleurs pour espérer obtenir un résultat correct. Les programmeurs sont rarement des artistes…
Ci dessous un détail du tableau Apocalypse, le plus vendu sur ma galerie en ligne anglo-saxonne, qui illustre ce concept.
Précisons qu’il a été produit entièrement à l’aide de fractales (même le grain de la toile, si, si !) sans aucun autre effet spécial.
Le relief
Mais est possible d’aller beaucoup plus loin, en traitant l’image fractale brute avec d’autres algorithmes de façon à simuler un relief plus prononcé. Celui même de la couche de peinture à l’huile maniée au pinceau, séchée et ensuite vernie…
Un effet subtil mais qui se rapproche encore un peu plus du rendu pictural traditionnel et que j’utilise dans certains cas pour « casser » la perfection mathématique de certaines figures. C’est le reproche que l’on peut faire à l’art algorithmique en général : celui d’être trop parfait et par conséquent un peu « froid ». Le « supplément d’âme » tient souvent dans les défauts…
Fractale originale
Fractale « picturalisée »
Brut d’algorithme…
Version bien huilée…
Parlons brièvement du processus de création. Au départ, une forme, une atmosphère, une idée de décor… Obtenue grâce à la connaissance des logiciels et des grands types de fractales. Cette étape peut faire intervenir une dizaine d’équations différentes.
Vient ensuite l’exploration à travers le réglage de dizaines de paramètres qui peuvent changer du tout au tout l’image finale. Une fois que la géométrie de la fractale est définie et qu’une forme remarquable a été obtenue, conforme à l’idée de départ (ce qui peut prendre plusieurs heures…), vient l’étape de la « mise en scène » : cadrage, éclairages, couleurs.
Ensuite, c’est le rendu, étape où est calculée l’image en haute définition. Pour les fractales destinées à la vente, ce temps de rendu oscille entre 25 et… plus de 96 heures. Si bien que j’ai deux machines puissantes dédiées à cet usage et qui tournent en permanence. En hiver, cela fait chauffage d’appoint…
Et au delà…
Évidemment, il manque encore l’odeur de la peinture fraiche mais j’y travaille ! ;-). En attendant, voici quelques variations d’Oily Red que je suis loin d’avoir fini d’explorer et dont vous retrouverez les plus réussies dans la Boutique…
Dendelion
.Crimson
Acid
Non, je ne prends pas de LSD… 🙂
Galactica
.Acanthaster
En cours de peinture et de séchage : ne pas toucher ! ;-)…
À l’eau quoi…
A l’huile, c’est bien aussi 🙂
je les veux toutes mais comment faire!!
Les commander ! MDR