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Du sexe sous la mer !

Allez, pour bien commencer la semaine, je vous ressert un article de commande publié en son temps dans le magazine Ca m’Intéresse. Voici la « version longue », non expurgée de mes gaudrioleries…

 » Sea, sex and sun  » sera sans doute la devise de beaucoup d’entre vous cet été sur les plages. Et vous n’aurez rien inventé ! Car telles sont les clés de l’évolution sur notre planète… Sans soleil, à de rares exceptions près, point de vie. Et sans l’eau salée, point de futur. Car c’est dans la mer, notre mère a tous, que la sexualité a été découverte et appliquée avec le succès que l’on sait, et perdure aujourd’hui. L’homme lui-même, considéré comme l’organisme le plus évolué ne commence-t-il pas sa vie dans l’océan placentaire de sa mère, de composition chimique très proche de celle de l’Océan ?

La mer a tout découvert
concombre de mer holothurie sexe sperme reproductionAvant l’invention du sexe, la reproduction s’effectuait par division. Un donne deux : des clones ; une vie à la chaîne, très féconde mais avec peu d’innovation. Puis, c’est la découverte du principe mâle et femelle pour donner naissance à la cellule-œuf, un être nouveau, unique. La diversité ! Chaque génération reçoit un bagage génétique des deux parents. L’enfant est enrichi à chaque génération. C’est ainsi que les enfants sont supérieurs aux parents. L’univers réussi là une complexification toujours plus rapide et grandissante à un rythme exponentiel. On sait que, dans le domaine des découvertes, le même fait existe : plus on avance, plus vite on avance. Et il fallait bien l’océan, en tant que milieu nutritif inondé de lumière et vecteur de déplacement « sans effort » pour que ce miracle arrive. Le succès de la sexualité est total.

C’est au précambrien, à la fin de l’ère primaire, qu’on assiste à une explosion de vie dans les océans : des milliers d’espèces aujourd’hui disparues. Les minéraux contenus dans l’eau forgent les coquillages et les crustacés. Les armes deviennent sophistiquées : venins, dards, flèches, tentacules crochus, permettent des attaques redoutables. Puis arrive l’œil : les premières cellules photosensibles, présentes chez les étoiles de mer, se transforment chez d’autres animaux, et produisent une véritable image. La seiche possède déjà un œil évolué. Le camouflage des proies devient nécessaire… Apparaît peu à peu un animal débarrassé de sa coquille, de sa carapace, un animal solide et rapide, un animal à squelette interne : le poisson qui devient un vertébré très évolué.

Dans l’eau peu profonde d’une flaque, un poisson aux nageoires en forme de pattes, le dipneuste est capable de respirer à l’air libre. La conquête des continents par les animaux commence il y a environ 300 millions d’années… Sans sexualité, l’univers serait encore à son état originel, une infinie quantité d’énergie, sans personne pour y réfléchir…

En matière de sexe et de croissance, la mer a tout essayé, tout inventé.

La maternité : les méduses, vieilles de 700 millions d’années, très primitives puisqu’elles sont composées presque exclusivement d’eau, protègent quelques jours l’œuf dans leur corolle, avant de le laisser partir à la dérive. Aujourd’hui, le baliste, ou les minuscules demoiselles, malgré la différence de taille, sont capables d’attaquer violemment un plongeur qui s’approche de leur nid. Le congé parental et le père au foyer : une exclusivité de l’Hippocampe. Il se fait déposer directement les ovules de Madame dans sa poche ventrale grâce à un oviducte. Il les féconde ensuite et, enceint, protège ses petits. La placentation ? Les squales comme le requin tigre l’ont appliquée bien avant l’ère des dinosaures.

Une histoire d’eau plutôt salée..

Le crabe en pince pour sa belle
Question contraception, rien ne vaut la carapace des crustacés qui constitue un diaphragme très efficace. Sauf lors de la mue, et le mâle en profite. Ainsi se régule la population des araignées de mer géantes du Japon. Les artémia des sources salées et les rotifères qui font partie du plancton se reproduisent par « l’opération du St Esprit », encore appelée parthénogénèse. Les mâles ne servent qu’à stimuler les femelles qui accouchent de leur double. Mais la vie marine pratique aussi le bouturage, à la façon des plantes. Le corail repousse quand il est cassé, et l’étoile de mer ne reste pas longtemps sans son bras dévoré.
Toutes les formes de sexualité et de « perversions » imaginables se pratiquent sous les flots. Dans le grand Bleu bien sûr, mais surtout dans les récifs coralliens qui sont de véritables nurseries. La température plus élevée accélère le développement, et le récif abonde d’abris naturels de toutes tailles. Ainsi en est-il du harem. Le barbier mâle (un petit poisson rouge à queue fourchue) vit heureux avec ses 10 femelles sur son pan de récif.

A l’inverse, les magnifiques poissons papillon vivent en couples fidèles et se partagent la surveillance du nid pour faire face aux nombreux prédateurs d’œufs.

Madame ou Monsieur ?
La transexualité ? Une invention des huîtres, âgées d’environ 250 millions d’années. L’huître creuse est capable de changer de sexe tous les ans tandis que la plate peut le faire plusieurs fois dans l’année ! Le mode de changement de sexe le plus fréquent est la protogynie. Les labres, les anguilles, les mérous naissent femelles, se reproduisent comme telles et changent de sexe pour faire ensuite office de mâles. Un des facteurs de ce changement est la disparition du mâle reproducteur dominant de la colonie. La protandrie opère la transformation inverse : chez les saupes de Méditerranée, c’est le mâle qui se transforme en femelle.
Quand deux femelles de Gobio histrio, un petit poisson coloré, se rencontrent au détour d’un massif de corail, l’une d’entre elles se transforme souvent en mâle. Dans des conditions symétriques, les mâles mutent en femelle. Plutôt que courir la grande aventure dans la mer dangereuse à la recherche d’un partenaire, autant changer de sexe sur place !

Mais il y a plus fort encore : le harem de transexuels. L’anémone de mer vit en bonne harmonie (commensalisme) avec une nuée de poissons clowns, dont un roi, et une reine dominante de grande taille qui pond. Le couple est fidèle jusqu’à la mort. A ce moment, l’un des vasseaux dont le dévellopement était bloqué change de sexe, grossi et prend la place de la femelle. Et ça marche aussi dans l’autre sens…

Rencontre du troisième sexe
L’Hermaphrodisme est également très répandu : le Sar, savoureux poisson méditerranéen, est à la fois mâle et femelle. Même travers chez les serrans, certains cirripèdes, balanes ou anatifes, coquillages qu’on trouve fixés sur les rochers. Parfois l’hermaphrodisme est double. Si, lors d’une plongée, vous apercevez deux lièvres de mer (grosses limaces de mer), ou deux nudibranches doris à la robe de dalmatien tête-bêche, ne les dérangez pas : ils font connaissance, et plus si affinités. La fécondation est double et croisée comme chez tous les gastéropodes opisthobranches. Quand on sait que ces joyeuses limaces, par ailleurs gorgées de venins, ont la corolle de branchies autour de l’anus, on imagine les possibilités…

Cherchez la femme !
Chez certaines espèces, il est impossible de reconnaître les mâles des femelles à l’œil nu. Essayez donc avec les mulets, les bars ou les castagnoles ! Cela peut même tourner au cauchemar du biologiste chez le congre car, selon le biologiste Steven Weinberg, on n’aurait jamais capturé de congre sexuellement mûr ! D’autres espèces développent selon leur sexe, une morphologie ou une robe différente. Tous les plongeurs ont remarqué cela chez les girelles ou les girelles-paon.
Chez le triptérygion jaune, seul le mâle est jaune à tête noire, la femelle est gris-beige marbré. Les mâles ont généralement des couleurs plus vives et les utilisent pour attirer les femelles. Les mâles dominants des perches-soleil intensifient leurs couleurs et entrent en compétition au moment du frai. Mais quelques mâles non dominants rusent en imitant la livrée des femelles pour approcher celles-ci et en profitent pour procréer en douce dans le dos des dominants, pratiquant du même coup le transformisme et l’adultère !

Transports en commun
La bi-sexualité, l’homosexualité, l’amour en groupe et l’onanisme ont été maint fois observés chez les mammifères marins. Le dauphin fait partie à ce titre de véritable obsédé sexuel. Le sexe des dauphins est de texture fibreuse, si bien qu’il est en érection permanente. Il n’a pas besoin de vasodilatation et est simplement replié en  » S  » dans une gaine assimilable à un prépuce, maintenue dans son logement abdominal par deux muscles rétracteurs, si bien qu’il peut  » dégainer  » instantanément. Leur vie semble se résumer à chasser pour manger, dormir, jouer, et faire l’amour. Ce qu’ils font des dizaines de fois à la suite, à des intervalles de 1 à 8 minutes.

Ils se masturbent souvent (du moins les dauphins en captivité) sur tout ce qui passe à leur portée, et il n’est pas rare qu’ils tentent de coincer des nageuses humaines. Lors du tournage du film  » Cocoon  » de Ron Howard, les producteurs ont cru devenir fous : les dauphins dressés qui faisaient partie du casting étaient en érection permanente à l’image. Ces vues décalées risquant de choquer la pudibonde Amérique, on remplaça ces trop vives quéquettes par des maquettes de dauphins articulées, beaucoup plus convenables.

Dans le cas du corail, il faut alors parler de véritables orgies. Non contents d’êtres hermaphrodites à tour de rôle, les polypes de corail se reproduisent une fois par an, 7 à 10 jours après la pleine lune de juillet pendant 3 heures. Le phénomène est d’une telle ampleur que la mer en devient trouble, mêlée de sperme fuligineux et d’ovocytes sphériques qui sortent des polypes femelles comme les balles de tennis d’une machine…
Beaucoup d’holothuries et de gastéropodes participent au même moment à cette fête cosmique. En mer du Nord, quand les morues se pâment, les milliards d’œufs donnent à la mer une consistance de colle à papier peint. Après un « temps de laitance » plus ou moins long, ce sont les harengs qui migrent par millions à travers le pas de Calais pour aller batifoler et pondre dans la Manche, avant de regagner la mer du Nord pour reprendre des forces.

Le kama soutra des baleines
Les mammifères marins n’émettent pas de phéromones dans l’eau, ces molécules attractives pour l’autre sexe. Alors la séduction consiste en danses, sauts, postures et gestes des bras, attouchements et chants d’amours. Peut-être même que les cétacés ont développé leurs extraordinaires facultés vocales afin de trouver et de communiquer avec les femelles. Dans l’eau, les sons se propagent beaucoup mieux que dans l’air : les sons d’une fréquence de 20 Hertz ne perdent que 3 décibels en parcourant 9000 km. Ils dépendent de la température et de la salinité de l’eau. Au sein de la mer, apparemment unie, circulent des courants de température et de salinité différent, véritables  » fibres aquatiques  » d’un Internet marin. Le haut débit : entre 800 et 1000m de profondeur, ce qui permettrait à ces animaux de communiquer d’un pôle à l’autre !

Trois positions amoureuses existent chez les cétacés. Les deux amants sont couchés sur le côté, en plongée, ventre à ventre. Une position décrite par Aristote lui-même, il y a des siècles. Où alors, la femelle nage sur le ventre en surface, et le mâle à l’envers, sous elle. La femelle guide alors son gros mari marin en l’enserrant dans ses longues nageoires pectorales. S’ensuivent tapes et tendres coups, et tout une collection de caresses et de baisers chargés de bernacles. Quelques cas ont été observés d’accouplement frontal, les deux animaux debout à mi surface. Mais le rapport n’est pas toujours réussi : en Basse Californie Philippe Cousteau a ainsi observé en surface, une grande tâche mousseuse de 35m de diamètre, sperme qu’un mâle éjaculateur précoce avait répandu à la suite d’un essai raté…

Tout n’est pas toujours aussi doux chez les géants des mers. L’océanographe Sylvia Earle qui a longtemps étudié les baleines à bosse autour de Hawaï a observé que les mâles produisent un nuage de bulles autour de la femelle convoitée, en une sorte de voile symbolique. Si d’autres mâles s’approchent tout de même, de violents combats se produisent : coup de têtes, coup de queue en surface, et collision qui occasionnent de profondes blessures dans la peau fragile des cétacés, en raison de la présence des bernacles, coquillages parasites, très durs.

Si le rorqual boréal semble monogame, le cachalot est un macho à la jalousie féroce qui se réserve toutes les femelles de son harem. Les autres mâles ne peuvent que suivre attendant une défaillance passagère du Rocco des mers qui par ailleurs fait l’amour toute l’année.

L’accouplement se déroule de manière acrobatique, sans aucun appui. L’érection du mâle est soudaine. Son long pénis rosé, fibreux et élastique se déroule de sa position en S pour venir trouver la vulve de la femelle. Le rapport ne dure au plus que 30 secondes, le plus souvent à l’aube. Au réveil du monde, en quelque sorte. Les parties génitales de la femelle baleine ressemble à s’y méprendre à celles de la femme, si ce n’était la taille : le vagin mesure plus d’1m40. La femelle est également pourvue d’un clitoris court (enfin, tout est relatif) et recourbé, ce qui prouve la réalité du plaisir sexuel chez ces géantes pour ceux qui en douteraient…

Il est presque de règle que la femelle soit courtisée par plusieurs mâles. Souvent, c’est la femelle qui décide, en fonçant vers le mâle qu’elle a choisi, donnant à ce dernier un avantage considérable. Un autre mâle est souvent présent, et bon prince, pratique le triolisme en donnant un appui à la femelle conquise. Chaque accouplement se termine par de grands frissons d’orgasmes au milieu des tourbillons d’écume.
Mais les femelles ne répondent pas toujours aux incitations des mâles : quand elles ne sont pas intéressées, elles se couchent en surface, vulve vers le haut, hors de portée. Une version « c’est assez » de l’expression conjugale humaine « coucher à l’hôtel du cul tourné« . Mais les mâles ne renoncent pas facilement : croyant à quelque coquetterie, ils attendent juste en dessous de la femelle renversée qu’elle ait besoin de reprendre son souffle. Revenue sur le ventre pour dégager ses évents, ils tentent alors de pousser leur avantage.
Le Docteur Roger Payne, du Whale Conservation Institute, a observé en 1976 au large de la Patagonie la scène suivante : une femelle harcelée nage à toute vitesse vers la côte. Le séducteur qui la convoite se place sous elle à l’envers, croyant à sa chance et tente l’accouplement en pleine vitesse… Mais quand le fond se présente, il s’y fracasse le crâne !

Fais-moi mâle !

baudroieLa baudroie femelle des grands fonds pèse trois kilos. Pour attirer les proies devant son énorme gueule, elle est dotée d’un appendice chimiluminescent sur la tête, un genre de lumignon. Quand un mignon mâle s’approche (grand comme le pouce), il n’a d’autre recours que de mordre la femelle et de dériver avec elle. Commence alors un lent processus de « fusion amoureuse« . Sur plusieurs années, le mâle toujours vivant perd ses yeux, puis le reste, et il ne subsiste finalement sur la femelle qu’un testicule qu’elle utilisera à sa guise. Certains y verront un parallèle avec la vie humaine…

Il en est de même avec Bonellia viridis, notre bonne vieille bonellie de Méditerranée. Ce verdâtre ver d’une dizaine de centimètres possède une trompe pouvant dépasser le mètre qui lui sert à se nourrir et à trouver un mari ! En effet, une larve de bonellie n’a pas de sexe déterminé : si elle tombe sur le fond, ce sera une femelle, mais si sa chute l’amène sur la trompe d’une femelle, elle se transformera en petit mâle (1 à 2 mm.) sous l’action des hormones de cette trompe. Ce nain, réduit à l’état de seuls testicules, vit sur le corps de la femelle, et ne sert qu’à la reproduction. En eau douce, les femelles Guppy ont développé un ingénieux système pour assurer la descendance : elles sont capables de stocker le sperme du mâle et de l’utiliser par doses fractionnées à quelques temps d’intervalle pour donner naissance à des frères et sœurs jumeaux d’ages différent !

L’amour, ce n’est pas squale !
Chez les requins, l’accouplement s’apparente à un combat mortel, la petite mort si j’ose écrire. Le mâle mord profondément la nageoire pectorale de la belle afin de trouver une bonne prise et tortille son corps pour l’intromission de ses pterygopodes (organes de copulation) dans le cloaque ou débouche le vagin de sa partenaire. Inutile de dire que la femelle n’apprécie pas ces préliminaires. Quand enfin, la pénétration est accomplie, au milieu de spasmes antédiluviens, les deux amants se laissent couler au fond, en transe, comme anéantis par l’acte, immobiles pendant plusieurs minutes voire une demi heure chez le requin dormeur (!) Et cette pratique dure depuis 400 millions d’années…

Les dents de l’amour

C’est lors de ces coïts sauvages que le mâle perd beaucoup de dents, de celles qu’on retrouve fossilisées dans les fosses océaniques. En Nouvelle Calédonie, se trouve la source principale de dents fossiles géantes. Elles appartenaient au Carcharocles Megalodon, le plus grand requin ayant jamais existé (15m et 10 tonnes) il y a 1 million d’années, l’ancêtre du grand requin blanc (Carcharodon Carcharias).
Or, il y a deux ans, une mission d’exploration a ramené à la surface des dents de Megalodon qui n’étaient pas fossilisées. Quand on sait qu’il faut au moins 1000 ans pour qu’une dent se fossilise, on peut se demander si cette espèce ne survivrait pas encore aujourd’hui dans les grands fonds… Qui aura le courage d’aller filmer leurs ébats ?


Les dents de sa mère

Chez le requin taureau (Eugomphodus taurus), la femelle héberge plusieurs embryons dans chaque trompe. Dès qu’ils en ont la possibilité, ils s’entredévorent jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un par trompe. C’est l’oophagie ou cannibalisme intra utérin. Peut-être l’origine du mythe d’Abel et Caïn…
A l’inverse, le bébé poisson-scie, déjà pourvu de son rostre hérissé de dents a la délicatesse de venir au monde avec ses dents plaquées en arrière, qui ne se dressent qu’au dehors, ceci afin de ne pas déchirer sa mère dont on sait qu’elle ressent les douleurs de l’accouchement, et qui n’a guère besoin d’épisiotomie. De même, les bébés raies pastenagues naissent avec leur dard protégé dans un étui de peau, pour ne pas blesser leur génitrice.


Le prépuce à l’oreille

En Mai, sur les fonds de sable de la Manche, on assiste à d’énormes rassemblements de seiches venues courtiser les rares femelles. Sur les dix bras, l’un fait office de pénis et inocule le sperme dans un orifice proche de l’oreille… pendant 3 jours. Une seule femelle est capable d’attirer des millions de mâles et les pêcheurs le savent bien, qui enferment dans leurs casiers une seule femelle pour réussir la pêche miraculeuse. Pour rester dans le monde des céphalopodes, les adeptes de vidéos malsaines pourraient être intéressés de savoir que des scientifiques ont filmé, il y a cinq ans, seize minutes d’ébats sexuels tout à fait inédits. À plus de 2500 mètres sous la surface de l’océan, ils ont croqué sur le vif une pénétration chez deux pieuvres mâles, d’espèces différentes ! Un casse tête indéchiffrable pour les spécialistes, puisque ces deux pieuvres avaient aussi des grosseurs et des couleurs tout à fait distinctes…

« Fish fucking »

Autres lieux, autres moeurs : Sur les sables de Méditerrannée vit un petit poisson effilé d’une quinzaine de centimètres, le Fiérasfer (!). Il a pris l’habitude de se réfugier queue la première dans l’ouverture cloaquale de l’holothurie, le fameux concombre de mer, pour lui dévorer les glandes sexuelles… Le concombre se défend alors en expulsant dans un puissant jet blanc et collant, parasite et entrailles (les cellules de Cuvier), qu’il régénérera par la suite. La nature est parfois bien trompeuse…

Les vacances de Monsieur Bulot
Vous serez sans doute intrigués cet été sur les plages de la Manche par ces gros amas bruns de la consistance d’une éponge. Il s’agit en fait des pontes échouées d’un escargot savoureux, le bulot, qui pond en une nuit trois fois son volume d’œufs. Dans les bassins de l’aquarium de Nausicaa à Boulogne, vous pourrez aussi observer le frai des bars au quotidien, les méduses maternelles, et divers escargots pondant à n’en plus finir.
Malgré cette apparente facilité de reproduction, certaines espèces marines sont en danger à cause de l’homme. Les requins, indispensables dans la chaîne alimentaire, ont une gestation de 9 mois. Les requins océaniques (Carcharhinus longimanus) et pointes blanches (Carcharhinus albimarginatus) ne donnent naissance au cours de leur vie qu’à une dizaine de rejetons. Au rythme de leur extermination actuelle, ils sont en danger d’extinction…

Evitez donc les potages aux ailerons de requins. Il en est de même du poisson des grands fonds Empereur qu’on trouve sur nos marchés, et qui est actuellement surpêché.
Quand à la baleine, elle ne peut engendrer au cours de sa vie que de 7 à 10 petits… Quand on sait qu’un tiers du produit de la pêche industriel sert à fabriquer des farines pour nourrir porcs et poulets, cela donne le vertige. Qui cueille une fleur dérange une étoile disait le poète. Sommes-nous bien sûr que l’extinction artificielle et sauvage de ces espèces n’aura aucune influence sur la nature, voire sur l’homme lui-même ?

Remerciements : Stéphane Enard, aquariologiste à Nausicaa

Et les bipèdes ?

Tant qu’il y aura des hommes et des femmes au creux de la vague, ce sujet fera rêver. Je veux parler du rapport à la mer, autrement dit de l’acte sexuel sous l’eau.
Beaucoup d’adeptes de la plongée disent l’avoir pratiqué, mais le sujet est controversé. D’après la médecine, la pression absolue empêcherait une irrigation sanguine suffisante du corps caverneux de l’attribut masculin au-delà de 5m de profondeur car de la pression ambiante serait supérieure à la pression artérielle. Quand à la femme, ses organes intimes ne seraient ni suffisamment irrigués, ni suffisamment lubrifiés. Sans parler du sable embarqué éventuellement depuis la plage ! Passons sur l’indispensable adaptation du matériel de plongée, affaire de techniciens de ce sport. Et pourtant… On raconte aux Bahamas l’histoire d’un couple (illégitime), ayant choisi de s’évader sur un fond de 4m. En plein émoi, ils virent soudain une ombre juste au-dessus d’eux : c’était un bateau à fond de verre rempli de touristes attentifs ! Ils n’eurent d’autre recours que de se camoufler dans des nuages de sables. Les apparences sont trompeuses. On rapporte également l’anecdote d’un moniteur qui aurait discrètement vidé à moitié la bouteille d’un plongeur pour pouvoir rester seul avec l’épouse au palier de décompression… Un photographe célèbre qui souhaite garder l’anonymat assure qu’afin d’échapper au « marri » jaloux qui patrouillait avec méfiance en surface, il serait descendu avec l’infidèle jusqu’à – 40 m pour faire la chose, en moins de 7 mn, décompression oblige. Enfin, le  » fish bowl « , une rotonde emplie de poissons fluorescents au débouché du canyon de Dahab en Egypte est célèbre pour ce type d’ébats nocturnes et sous-marin. Alors, mythe, réalité ? Consultez votre médecin, à vos scaphandres, et bonnes vacances !

Allons voir chez les grecs…

Au 18ème siècle avant.J.C. Hésiode rapporte dans sa  » Théogonie  » la version grecque du commencement du monde. Déjà sexe et océan sont intimement liés :
« Au début apparut le Chaos (le vide béant). Puis vinrent Gaïa ou Gé (la Terre), le Tartare (les Enfers), Eros (le désir), Erèbe (les ténèbres des enfers) et la Nuit (les ténèbres de la Terre). La Nuit s’unit alors à Erèbe et enfanta Ether (qui règne au dessus de l’atmosphère) et le Jour (la lumière du monde). Gaïa enfanta seule Ouranos (le ciel) pour qu’il puisse l’entourer et la couvrir complètement, constituant un foyer éternellement sûr pour les dieux bénis, puis apparûrent les Montagnes et Pontos (la mer). Pontos s’unit alors à Ouranos et enfanta les premières divinités : douze puissants titans (six garçons et six filles), trois cyclopes nommés Brontès (le tonnerre), Stéropé (la foudre) et Argès (l’éclat), ainsi que trois monstres à cent mains chacun, les Hécatonchires (Cottus, Briarée et Gygès). »
Une castration féconde
Horrifié à la vue de ses enfants, Ouranos les enferma dans les entrailles de la terre, mais Gaïa se vengea et persuada Cronos, le plus jeune Titan, de castrer son père et de s’emparer du pouvoir. Du sang d’Ouranos naquirent les Géants, les Nymphes et les Furies tandis que ses organes génitaux tranchés, tombés dans la mer d’écume blanche, jaillit Aphrodite, déesse de l’amour et de la sexualité…

Droits de reproduction

La vie se transmet selon trois grands schémas : la reproduction asexuée, sexuée par accouplement avec ponte d’une énorme quantité d’œufs, ou sexuée avec incubation d’un nombre d’œufs limités.

LA REPRODUCTION ASEXUEE présente l’avantage de l’efficacité. Par bourgeonnement ou division, on la rencontre surtout dans le monde végétal, chez les algues unicellulaires du phytoplancton. Chez les Bryozoaires, la reproduction asexuée intervient en alternance avec la reproduction sexuée : les plongeurs connaissent bien la dentelle de Neptune (Sertella septentrionalis), le faux corail rouge, (Myriopora truncata), ou la rose de mer (Pentapora fascialis).
LA REPRODUCTION SEXUEE implique la rencontre, puis la fécondation qui peut être externe ou interne.
La fécondation externe consiste à émettre dans l’eau une importante quantité de gamètes mâles qui provoqueront l’apparition de gamètes femelles, dans l’espoir de former des larves. Mais les pertes sont importantes à cause de la prédation. Les poissons se réunissent eux en masse dans des frayères pour augmenter les chances de réussite. Les sédentaires produisent généralement un nombre d’œufs beaucoup moins importants, mais ils compensent cette faiblesse par la protection parentale de leurs petits.
La fécondation interne qui s’opère par pénétration des gamètes mâles directement dans l’appareil génital femelle augmente les chances de fécondation. Elle est la règle chez les squales qui possèdent d’ailleurs deux « pénis » dont un seul est utilisé. On observe trois sortes de fécondation interne :
L’oviparité
Les roussettes (Scyliorhinus canicula) pondent des œufs enfermés dans des étuis résistants munis de filaments spiralés qui s’accrochent aux gorgones, aux coraux, ce qui leur évite de dériver et de se perdre. L’embryon se nourrit du vitellus, puis, romps son étui et s’en échappe.
L’ovoviviparité
Chez les requins-tigres (Galeocerdo cuvieri), les requins-nourrices (Ginglymostoma cirratum) et les makos (Isurus oxyrhincus) les œufs se développent à l’intérieur de la femelle pour y éclore. Les réserves vitellines sont souvent suffisantes pour nourrir l’embryon, mais chez le requin-tigre, la paroi de la matrice sécrète un liquide épais que les embryons lèchent comme du lait.
La viviparité
Les requins requiem et les carcharhiniformes ont le mode de gestation le plus proche de celui des mammifères, avec développement d’un sac vitellin placentaire et d’un cordon ombilical. Les petits naissent identiques aux parents, mais ne reçoivent aucun soin de leur part et sont autonomes dès leur naissance.

Dérives d’incontinence

Pangee Pangea PanthalassaIl existe des régions du monde ou les espèces viennent pour se reproduire, parfois après de très longs voyages. Pourquoi ? Une théorie nouvelle explique que les routes de migration actuelles corresponderaient aux anciennes mers ou lagunes où les animaux sont apparus pour la première fois, et qu’ils auraient gardés ces lieux dans leur mémoire génétique !

La mer existait en effet sur notre planète bien avant la terre. Panthalassa avait des millions d’années d’avance par rapport à Pangéa, le supercontinent des terres émergées qui allait se fractionner et dériver en continents.
Les mammifères marins, dont le lointain ancêtre Pakicetus (il y a 50 millions d’années) était un animal terrestre ongulé et carnivore de la taille d’un loup, ont choisis eux de retourner vivre dans le giron de l’océan. Dix millions d’années plus tard, leurs descendants, dont le dorudon, de 20 mètres de long et doté d’une oreille interne réduite, étaient déjà totalement aquatiques. Les baleines d’aujourd’hui nous indiqueraient-elles ainsi la position des terres du passé ?

Le  » Guinness Book  » des rapports

Virilité
Le plus gros pénis connu est celui de la baleine bleue : 3 m de long pour 30 cm de diamètre. On fabriquait jadis des sacs de golf avec le membre des cachalots, ce qui donne une idée de leur taille…
Le plus gros testicule
(90 kg l’unité) appartient à la baleine franche noire. La baleine bleue ne dispose que d’attributs de 45 cm de long pesant chacun 45 kg.

Sexualité
Accouplement le plus long :
la baudroie ou le Spheromides Raimondi , qui peut durer jusqu’à 3 ans dans l’obscurité des grands fonds ou des cavernes. Le plus rapide : 1 seconde chez certains orques.

Fécondité

Plus grosse éjaculation : les coraux de la grande barrière en Australie. On estime le volume de sperme et d’ovules libérés en une seule nuit. à xxx litres.
Plus grande ponte : la morue qui libère 5 millions d’œufs dont deux seulement deviendront adultes.

Maternité
Durée de gestation la plus longue : Plus de 16 mois chez les cachalots, suivis de 24 mois d’allaitement. Les femelles-requins, quand à elles, restent enceintes plus de 9 mois.
Le plus gros bébé : le baleineau franc du Groenland qui pèse déjà 6 tonnes à la naissance…

Publié le Oct 13, 2008

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35 Commentaires

  1. Anthony

    FantastiX eXposé ! je me suis régalé, c’est le genre de petites histoires sur les animaux que j’aime bien et que je recherche souvent. J’ai d’ailleurs pris en photo il y a peu, une éponge rognon coulante, donnant une nouvelle colonie (Bon c’est pas très fun!)…
    Mais ils publient des articles comme ça chez Ça m’intéresse… ??? :-p la version papier s’arrête où ???
    Déjà que les populations de cétacés ont été décimées… si en plus les mâles obsédés s’explosent la tête…
    Bonne soirée 🙂

    Réponse
  2. Francis Le Guen

    Oups, j’avais loupé ton com Anthony…
    Alors toi, tu fais dans « l’éponge rognon coulante » ? Tout un programme…

    Réponse
  3. Anthony

    Et oui on fait s’qu’on peut hein 😉
    Je ne sais pas si tu as déjà vu ça… c’est une sorte de scissiparité, qui permet à l’éponge de se « déplacer » et d’aller coloniser la roche un peu plus bas. Je t’envoie une photo.
    A+ !

    Réponse
    • Keydren

      There?s a teirrfic amount of knowledge in this article!

      Réponse
  4. Anthony

    YEP, bonne idée ! Je me met au boulot … 😉

    Réponse
  5. Anthony

    Voilà… avec plusieurs photos. Faudrait que j’aille voir d’ailleurs ce qu’elle est devenue cette éponge, elle a peut-être fait d’autres petits depuis ! 😉

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  6. Anthony

    Ah Ah Ah… Imagine qu’un de tes lecteurs (ou lectrices !) arrive par hasard, juste sur ces 3 lignes sans avoir lu le reste… va être déçu(e) … MDR 😉

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  7. Francis Le Guen

    Ca s’appelle du buzz mon cher. Involontaire, mais du buzz quand même ! 😉

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  8. Anthony

    Alors tu veux dire que j’ai buzzé sans faire exprès ??? c’est fou ce qu’on peut faire de nos jours… 😉

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  9. Coquine

    Voila un article bien original sur lequel je suis tombé par hasard, c’est marrant 😆 , jamais j’aurais pensé à faire un article sur le sexe sous la mer, c’est top! c’est un bon post 😉

    coquine

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  10. Claire

    Pour avoir vu les jeux érotiques d’un couple de dauphin hier pendant près d’une heure, je suspecte une tendance à l’exibitionisme LOL
    Et souhaite de tout cœur être réincarnée en dauphin femelle…
    Trop TOP 😆

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  11. formation sophrologie

    Titre très accrocheur ! 😉 En tous cas, merci pour cet article instructif et passionnant !

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    • Francis Le Guen

      Merci !
      En effet, je ne sais pas pourquoi, ce post est le plus consulté de ce blog 😆
      Google me ramène beaucoup de lecteurs curieux de « sciences naturelles » apparemment… Mais j’ai peur que le contenu ne décoive les lecteurs de passage…

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  12. Poisson Guppy

    Article très passionnant je suis moi même un passionné du monde aquatique et de l’aquariophilie. Et admirateur de poisson guppy auxquels j’ai dédié un site Elevage guppy et j’ai toujours été impressionné par la capacité des femelles de cette espèce à garder la semence des mâles comme tu le mentionne dans cet article.

    En tout cas bonne continiuation

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    • Francis Le Guen

      Oui. Si les femelles humaines se mettaient à fonctionner sur le même mode, nous aurions du souci à nous faire…

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  13. xhamster

    Fran6 :
    Merci !
    En effet, je ne sais pas pourquoi, ce post est le plus consulté de ce blog
    Google me ramène beaucoup de lecteurs curieux de « sciences naturelles » apparemment… Mais j’ai peur que le contenu ne décoive les lecteurs de passage…

    C’est sur, moi le premier je suis tombé sur ton article en recherchant autres choses mais avec le titre forcément j’ai cliqué :))

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    • Francis Le Guen

      Oui, cet instinct de reproduction a tendance à nous mener par le bout du nez…

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    • Justin Roof

      Never read before. Great, really ! So the marine science can be gripping, funny and hot ? Some icy water for the divers… ROFL

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  14. Justin Roof

    Of course I agree with you. Knowledge always revives the most sad mind 😉

    Réponse
  15. x zoo

    « Oui, cet instinct de reproduction a tendance à nous mener par le bout du nez… »

    A oui ça c’esr bien vrai pas vrai gars ? lol

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  16. sexe mer

    Lol, google n’est pas si pertinent que ça en fait 🙂 même avec son nouvel algo de la mort ! Vive les poissons !

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  17. Lisa

    C’est un article bien original que tu nous montre là! Je ne savais pas qu’il y a aussi d’autres pratique d’accouplement sous la mer, il y en a qui sont capable de changer de sexe. C’est quand même assez bizarre non??? En tout cas, c’est comme ça que la nature fonctionne.

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    • Francis Le Guen

      Eh oui ! 😆
      Le mérou brun, et bien d’autres… Un super bouquin va d’ailleurs sortir prochainement sur le sujet (avril). J’en ferais l’écho…

      Réponse
  18. Anthony Leydet

    Hé hé ! Info intéressante dans un article intéressant ! T’as pas fini de buzzer avec ça 😉 On peut en savoir plus ? ;-p

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    • Francis Le Guen

      Précisons que ce n’est pas moi l’auteur… Ça parlera de baleines et de mal de mer…

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  19. Sciato

    « Oui. Si les femelles humaines se mettaient à fonctionner sur le même mode, nous aurions du souci à nous faire… » lol c’est claire

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  20. Robert

    Très intéressant le sexe sous la mer !

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    • Francis Le Guen

      Eh oui : les poissons sont tous des cochons ! C’est assez…

      Réponse

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