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Carnets d’Expédition : L’or bleu sous les sables

logo_thalassaA l’occasion de la rediffusion de la série chaque mercredi sur Planète Thalassa, je publierais ici chaque lundi le synopsis du film tel que je l’avais écrit et conçu à l’origine. Histoire de vous mettre l’eau à la bouche… Le film est parfois un peu différent de l’histoire originale : Éternel conflit entre rêve d’auteur et contraintes de la production.

Carnets d’expédition Afrique – L’or bleu sous les sables

Première diffusion : mercredi 16 Septembre 2009 à 20h40 – Rediffusions : 20 Septembre 2009 à 16h50, 25 Septembre 2009 à 19h40, 26 Septembre 2009 à 16h40, 30 Septembre 2009 à 21h35, 01 Octobre 2009 à 19h35, 04 Octobre 2009 à 17h45, 07 Octobre 2009 à 19h35

Lac Malawi«Au cours de nos voyages nous avons exploré beaucoup d’océans… Cette fois je vous propose un voyage doublement intérieur ; une plongée fascinante dans le plus mystérieux d’entre eux peut-être : un océan en devenir, qui n’existe pas encore ; un océan caché  qui, au gré des convulsions terrestres, est en train de naître sous nos yeux au cœur de l’Afrique ! En route pour le pays de tous les extrêmes… »

L’histoire commence sur des images d’archive tandis que l’équipe voyage… Les lacs de lave de l’Erta Alé en Ethiopie embrasent la nuit. Des failles gigantesques de feu liquide ouvrent la terre noire. Des geysers de vapeur bleue rejoignent le ciel obscurci des fumées de la genèse. Des blocs immenses basculent comme au ralenti dans le brasier… Une image satellite nous montre la passe du Goubet à Djibouti : une déchirure de la corne de l’Afrique en passe de rejoindre le golfe d’Aden… Avec le mouvement, la Mer Rouge semble s’écarter un peu plus, en une parabole biblique… Suez et Aquaba se dilatent et envahissent la Méditerranée, détachant définitivement l’Afrique des autres continents. La mer se ruent dans les failles nouvelles nées : c’est le déluge…

« L’homme primitif  a peut-être gardé l’image de ces grands cataclysmes, transmise par la tradition orale puis dans tous les textes sacrés. Une pré-science de ce que nous appelons aujourd’hui la dérive des continents. Mais la géologie ne peut expliquer tous ces mythes fondateurs… Ce n’est peut-être pas un hasard si les plus anciennes traces de l’homme se trouvent dans la vallée du rift… »

Sur des images d’archives d’ossements émergeant du sable Francis nous explique la migration supposée de nos lointains ancêtres depuis la vallée de l’Omo

« …Se pourrait-il qu’ils aient emmené avec eux les légendes de ces mers nées en un jour ? De ces lacs insondables asséchés en une nuit ?… »

La caméra figée sur un détail de roche se relève, le champ s’élargit et on découvre le lac Malawi qui se réveille dans la brume. Francis entre dans le champ. Derrière lui, l’équipe s’apprête à plonger…

« La vallée du rift se prolonge bien plus au sud qu’on ne pourrait l’imaginer. On lui doit aussi la présence de ce lac à la frontière sud du Malawi. Une mer ancienne adoucie par les pluies, ou un lac géant qui diluera bientôt la mer ? Nous allons le savoir… »

palier de décompressionSous l’eau turquoise, dans les rayons obliques du soleil naissant, un étrange écosystème apparaît : des milliers de poissons étranges qui ne vivent qu’ici. Au gré des scènes de prédation, on apprend l’histoire et l’évolution de cette énorme réserve d’eau douce où les espèces se sont adaptées. A l’aide d’un ROV téléguidé la plongée se fait plus profonde. La roche noire, convulsée, inquiétante défile sur les moniteurs sous les yeux de l’équipe scientifique… Le fond du lac ? Des geysers apparaissent… De l’eau chaude… salée ? L’Océan Indien qui se rue déjà dans cette faille préservée ? Faudra-t-il parler bientôt de la Mer Malawi ? On retrouve Francis qui sort de l’eau avec un prélèvement. Au cours de la discussion  avec le scientifique qui l’accueille on apprend l’avenir probable du lac : sa disparition !

« …Comme une faille béante qui avalera l’eau douce en une chute gigantesque… »

L’image se fond effectivement dans une chute d’eau et dans le plan qui s’élargit on découvre les chutes Victoria sur le cours du Zambèze. Francis avance sur la roche rouge, à l’aplomb du gouffre de 106 mètres noyé dans l’arc en ciel des embruns. Décor grandiose, écrasant d’immensité… La caméra le rejoint et il nous explique :

« Cette région d’Afrique est soumise à deux forces géologiques colossales : la dérive des continents, responsable de la naissance de ce cordon de lacs, du Tanganyka au Kariba, et des failles transversales comme ici sur le Zambèze. L’eau continue alors sa course, un cran en dessous. Mais il arrive aussi que cette eau précieuse disparaisse pour de bon : c’est le cas de l’Okavango, bu entièrement par les sables du désert du Kalahari : un delta terrestre ! Le seul fleuve du monde qui ne rejoint pas la mer. C’est un enjeu majeur pour le Bostwana, l’Angola et la Namibie. Ce dernier pays voulant détourner son cours au risque d’assécher le delta, voire de déclencher une guerre de l’eau… Direction le désert ! »

L’eau, omniprésente dans le début du film, se fait rare, précieuse, vitale… Nous suivons les nomades San dans un décor des premiers ages… Leur connaissance du terrain, et surtout du «souterrain» est impressionnante. Ils montrent à Francis comment détecter la présence de l’eau, la récupérer. Utiliser les racines des arbres squelettiques… De lieux sacrés en «oasis» cachées, nous partons à la recherche de l’eau perdue. Les noms de lieux rappellent tous la présence des flots disparus. Des familles entières vivent de la chasse dans le lit de rivières de sable… Le chef de tribu raconte à Francis l’histoire d’un lac immense caché sous la terre, au delà des montagnes…

Elephant du BotswanaOn retrouve l’équipe dans les marais du Bostwana. Ici, on constate que le désert gagne chaque année sur le delta risquant de compromettre l’un des plus riches écosystèmes du monde. Trop d’eau est détournée en amont… En pirogue, nous cheminons dans ce décor de l’Afrique éternelle : la grande faune voisine avec des espèces plus étonnantes encore comme nous le montre nos guides. Toutes dépendent de l’eau. Au cours d’une plongée mouvementée avec les crocodiles et les hippopotames, nous parvenons en lisière de désert : le vert se meure alors dans l’ocre jaune mais nous filmons des poissons qui vivent au milieu des dunes ! Où va cette eau qui disparaît sous la terre ? Se pourrait-il que le vieux chef ait raison ? Qu’elle alimente de gigantesques lacs souterrains ?

C’est en tout cas dans ces nappes que la Namibie s’abreuve. Et aussi pour alimenter l’industrie du diamant, cette pierre de la plus belle eau… On retrouve l’équipe en Namibie sur la « skeleton coast ». Ici les lions chassent les otaries sur la plage, sous le regard des manchots posés au milieu des ossements ! Une ville fantôme à demi noyée dans les sables rappelle l’époque où les gens n’avaient pas d’argent mais des diamants plein les poches. Mais aujourd’hui, c’est sous l’eau infestée de requins blancs que nous suivons Brian, un pêcheur de diamant, qui cherche son trésor en marge des grandes compagnies qui ratissent le fond à bord de barges-usines. Brian nous parle aussi du projet de détournement de l’Okavango pour fertiliser le nord de la Namibie alors que le niveau des nappes phréatiques baisse au point qu’on estime qu’elles pourraient être épuisées en 2010. A Grootfontein, au débouché du futur aqueduc, Francis questionne les spécialistes et fait le point sur ce projet controversé qui menace le fragile équilibre du delta de l’Okavango. Mais l’homme n’est peut-être pas le seul responsable…

L’équipe navigue sur la rivière Savuti au milieu d’une faune et d’une flore exubérante. Au gré des rencontres dans les villages nous recueillons des informations sur cette rivière fantasque. Ici, elle a dévasté les cultures au cours d’une crue improbable au cœur de la sécheresse ; là elle est à sec alors que les fleuves proches roulent leurs flots en furie. Mieux encore : elle coule tantôt dans un sens et tantôt dans un autre ! Avec les topographes du projet la vérité se fait jour : il semble que le flux de cette rivière soit régi par une imperceptible flexion de la croûte terrestre due au mouvement des plaques tectoniques à l’œuvre dans la région. Le rift, toujours… Moins de neuf mètres de différence d’altitude capable d’assécher où d’inverser son cours, ce qui est arrivé au moins cinq fois au cours du siècle passé. Se pourrait-il qu’ainsi l’Okavango puisse un jour renaître au delà de son delta, fontaine miraculeuse au milieu des sables ?

dvd afriqueCeci nous rappelle la prophétie du vieux San : ce grand fleuve caché venu d’au delà du Tanganyka, coulant sous l’Afrique australe… Les véhicules tout terrain avancent dans la savane du nord de la Namibie, dans un panache de poussière rouge. Des roches gravées de signes, des bouches d’ombres béant dans la roche… Une corde est jetée dans une de ces failles d’ou s’élève une brume mystérieuse. On dit ici que c’est le souffle du dragon… En rappel, nous descendons dans le gouffre qui s’élargit dans des proportions colossales jusqu’à une surface d’eau noire. Les projecteurs révèlent alors le plus grand lac souterrain du monde, au milieu des myriades de chauves-souris piaillantes. Les plongeurs en scaphandres recycleurs s’enfoncent vers les profondeurs interdites pour une plongée record…

Avons nous découvert l’eau perdue, la face cachée de l’Okavango ? Une réserve qui semble inépuisable, mais pour combien de temps encore ?…

Itinéraire AfriqueEn bonus : Une petite illustration réalisée sur Bryce…

Delta de l(Okavango

Publié le Sep 14, 2009

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8 Commentaires

  1. renault

    j ai trouver la plongee au milieu des elephants OSER 😛  quand a plongee aux milieu des crocodiles  😯  j en parle meme pas ,je sais que il y a eu des plongeurs de disparu dans certain cenotes des US a causes d alligators 😕 heureusement que tout etait preparer avec ton equipes 😛 on aurai pus perdre notre reporter plongeur 😆 ta tension devait etre au maximum.

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    • Francis Le Guen

      Nous avons effectivement pris pas mal de risques sur ce film, comme dans toute cette nouvelle série d’ailleurs… J’ai déjà plongé avec des alligators en Floride mais les crocos d’Afrique sont beaucoup plus dangereux. Mais je tenais à vous montrer des choses sortant de l’ordinaire… Et mon équipe est béton !

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  2. Plongeur Trimix

    Hello francis.
    Juste par curiosité, peut-tu nous donner quelques infos sur les conditions de tournage ? Combien de personnes pour un tournage ? toujours la même équipe ? Tes équipiers plongent au recycleur ?

    Sinon, des redifusion sur France 5 ? Si tout le monde rêve d’avoir Planette Thalassa, tout ne l’a malheureusement pas…
    Bonne continuation

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    • Francis Le Guen

      France 5 rediffuse cette série régulièrement mais je ne connais pas les dates à l’avance. Sinon, j’ai ouïe dire de promos fracassantes sur les abonnements Canal Sat, du genre 10 € par mois… Et hop, une parabole de plus 😉
      Côté équipe, ce n’est pas toujours la même mais il y a un « tronc commun », j’ai nommé René Heusey, chef opérateur sous-marin. Je travaille avec des réalisateurs et des techniciens différents en fonction des planning et disponibilités de chacun. En gros, cela représente une trentaine de personnes. Les plongeurs utilisent des recycleurs en fonction des besoins. Typiquement le tournage d’un épisode de Carnets d’Expédition dure 3 semaines avec 3 ou 4 plongeurs, un réalisateur/cameraman, un preneur de son, un régisseur et plusieurs guides/spécialistes. En tout 8 à 15 personnes en fonction des lieux et des difficultés. Les Carnets de Plongée sont beaucoup plus « light » puisqu’ils se tournent en 5 jours avec 5 à 7 personnes max.

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  3. Anthony

    Et oui, moi aussi… je dois me contenter de ces quelques images…  😥

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    • Francis Le Guen

      SInon, il y a les DVD mais je ne veux pas avoir l’air de pousser à la conso 😆

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  4. renault

    quels profils  tu cherches lorsque tu recrutes tes plongeurs pour tes reportages plongees

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    • Francis Le Guen

      Je ne prend pas que des profils, il me faut aussi des faces 😉 Vaste question… C’est affaire d’abord de professionnalisme et d’affinités. Il faut bien sûr d’excellents plongeurs, furtifs, et qui aient le sens de l’image. C’est un métier à part entière.

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