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Carnets de Plongée – Trésors : la veuve de la Baltique

Pour patienter jusqu’au 5 septembre, date à laquelle cette nouvelle collection Carnets de Plongée sera disponible en librairie, j’ai décidé de publier ici quelques extraits de ces livres ainsi que d’autres textes qui n’ont pas été retenus dans la sélection finale. Bonne lecture !

La veuve de la Baltique : extrait du livre Trésors…

Plonger en mer Baltique, c’est accepter de descendre dans l’eau verte et froide, de parcourir des fonds plutôt monotones. Souvent on y fait des bulles sans grande saveur, mais quand on est scaphandrier professionnel, on ne rechigne pas sur la bouteille. Quand il faut y aller, il faut y aller ! Je me souviens de ce jour où les trois vieux sont venus me voir à la brasserie. Matti, Yrjo et son frère Vesa. Tout le monde les a toujours appelés « les trois vieux » dans le quartier. Nés à deux pâtés de maisons de la brasserie, ils n’ont jamais bougé de Mariehamn. Toujours ensemble, d’abord à l’école, puis associés comme patrons-pêcheurs, et aujourd’hui à la retraite à trinquer et battre les cartes sur ma terrasse. Des habitués, presque de la famille depuis qu’ils
m’ont mis sur le coup de l’épave. Ils ont la gueule rugueuse, tannée par le soleil, creusée de rides profondes comme les empreintes de leurs traques extraordinaires ; eux, c’était à la morue. Bref, ils pêchaient encore à l’époque où ils sont venus me voir à la brasserie. J’ai vite compris qu’ils n’étaient pas là que pour boire un coup. Ils venaient m’exhorter à fouiller le fond de la mer.

– Il y a un truc sous l’eau Karl, je te jure ! Depuis plusieurs jours qu’on pêche dans cette nouvelle zone, vers Föglö, tu sais à la pointe, on remonte des tas de merdes dans nos filets. Et l’autre fois une bouilloire et de la porcelaine !

– Ouais, mais sûrement pas du poisson ! s’emportait Matti. Faut que tu viennes voir Karl. C’est certain, il y a quelque chose
là-dessous ! Les deux autres ont approuvé d’un signe de tête. Ils m’ont convaincu.

 J’ai d’abord repéré le coin tout seul. C’est à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Mariehamn.

 

Et l’été dernier, dès la première fenêtre météo, j’ai organisé une petite expédition avec trois copains, comme moi plongeurs certifiés. Nous avons choisi de descendre à deux. Niko m’accompagne, Tommi, Rodolphe et Stan restent sur le pneumatique pour assurer la sécurité en surface. Nous sommes solidement équipés : combinaison étanche, casque de spéléo avec double éclairage intégré et deux phares à LED de mille cinq cents watts chacun, enfin une bi-bouteille de quinze litres gonflée à bloc.

L’eau est verte. Et encore froide, à peine 10 °C. Nos phares pointés vers le fond, nous nous laissons couler sans précipitation, à la même vitesse. À dix mètres de profondeur, la visibilité se réduit. Quinze, vingt, trente, quarante mètres : la lumière parvient difficilement jusqu’ici et nous évoluons dans une sorte de pénombre.

Nous progressons sur une vingtaine de mètres en balayant le terrain de nos phares ; ils améliorent une visibilité bien faible qui ne dépasse pas deux mètres ; j’avais pourtant choisi un jour ensoleillé… Mais à quarante-cinq mètres de profondeur, il ne faut pas s’attendre à grand-chose. Quelques belles étoiles de mer « crachats d’amiral » colorent le paysage, une morue solitaire traverse deux secondes mon faisceau, j’aperçois une petite sole enfouie dans le sable… Nous sommes au paradis du poisson plat. Niko est à côté de moi, nous suivons la même parallèle. Soudain, un turbot décolle du fond, juste devant moi. Une belle bête, il doit bien mesurer soixante centimètres. Il prend la tangente à droite, je le suis du regard quelques secondes, et là, dans son prolongement, je vois une ombre imposante se dessiner, qui crève l’immensité verte. Je fais signe à Niko et continue d’avancer, le cœur battant…

C’est un bateau ! J’ai l’impression de rêver. Il est debout sur sa quille. Tout de suite, je gonfle une bouée de balisage pour marquer le site et indiquer notre position aux copains restés en surface. Puis nous entamons le tour de l’épave. La coque est en assez bon état, un peu abîmée par endroits, et il manque le tableau de poupe. Nous explorons petit à petit l’ensemble du vestige à la lueur de nos phares. C’est un deux-mâts. Il doit faire une vingtaine de mètres de long sur une demi-douzaine de large. Une grosse baudroie attend sur le pont avant à l’affût, le leurre* qu’elle porte au-dessus de son énorme gueule brandi dans le courant. Les capelans vont et viennent. On aperçoit leurs reflets dorés entrer et sortir partout de l’épave. Nous poursuivons vers l’arrière du bateau. Un petit banc fuit la soute que j’investis ; elle semble vide. Niko est à côté, dans une autre. Vide également. Je passe à une suivante, plus à l’arrière. J’aperçois quelques bouts de céramique, ramasse un morceau d’assiette et une tasse, et fourre le tout dans les poches de ma combinaison.

Et puis soudain, dans le pinceau des phares, le la vois et n’en crois pas mes yeux : une caisse de…

Découvrez la suite de l’histoire et beaucoup d’autres dans le deuxième volume de la collection Carnets de Plongée chez Glénat : TRESORS. En librairie à partir du 5 septembre 2012. Commander chez Glénat, Fnac.com ou directement sur Amazon.fr ci-dessous.

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Publié le Août 9, 2012

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2 Commentaires

  1. Frederic PORTE

    arghhhh c’est énervant de ne pas avoir les suites de ces histoires! Bon allez hop hop hop, ayé c’est fait, les deux livres sont déjà pré-commandés sur amazon.fr. Comme quoi je ne suis pas rancunier! 😉

    Réponse
    • Francis Le Guen

      Merci Frédéric ! Et, promis, dès la semaine prochaine, je publie des récits inédits et… Complets 😉

      Réponse

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