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Carnets de Plongée : déculottée aux Maldives !

Pour patienter jusqu’au 5 septembre, date à laquelle cette nouvelle collection Carnets de Plongée sera disponible en librairie, j’ai décidé de publier ici quelques extraits de ces livres ainsi que d’autres textes qui n’ont pas été retenus dans la sélection finale. Bonne lecture !

Déculottée aux Maldives : extrait du livre Narcoses…

Les courants marins sont des pièges dont il faut se méfier, même s’ils agissent le plus souvent en surface, à l’horizontale. Mais rien ne prépare le plongeur à leurs équivalents verticaux : ces courants aspirants, tourbillons aux frontières de la légende, capables d’entraîner un homme tout équipé au fond !
J’étais aux Maldives lorsque j’ai été confronté à ces terribles courants descendants pour la première fois. Nous étions en reportage pour un magazine qui m’avait commandé des photos de charme sous-marines. L’un de mes amis possédait une base dans l’archipel et s’était occupé de la logistique. Nous avions obtenu une autorisation de plongée exceptionnelle dans des atolls de l’extrême nord, habituellement interdits aux touristes. Nous étions officiellement là pour réaliser un inventaire de la faune et des sites intéressants pour le gouvernement… En effet, dans un pays musulman, il n’aurait pas été de très bon goût d’exposer une fille déshabillée sur des sites fréquentés par les autochtones. Or, pour je ne sais quelle raison, notre client tenait absolument aux Maldives comme décor. En plus de l’équipement de base, nous voyagions avec des miroirs, des pieds photo, des réflecteurs, des tonnes de maquillage waterproof et une collection de maillots de bain hors de prix dont le plus décent consistait en quelques centimètres carrés de tissu avec beaucoup de ficelle…

Pour l’occasion, j’avais recruté Ko, une fille splendide et sportive qui avait suivi avant de partir un cours accéléré de plongée. Ce serait bien suffisant puisque les séances de prises de vues devaient se dérouler à faible profondeur, au milieu des poissons coralliens. Nous allions donc passer plusieurs semaines en autarcie à bord d’un dhoni*, le bateau traditionnel maldivien fabriqué en bois de cocotier. Nous étions sept : Didier, Ko, mon assistante, moi-même et les trois hommes d’équipage maldiviens. Je m’inquiétais un peu à leur sujet. Chacun d’eux avait plusieurs épouses dans différentes îles, et ceux qui ont voyagé là-bas savent à quel point les marins locaux savent s’accommoder de la religion quand il s’agit de séduire une Occidentale. Bref, ils n’avaient pas froid aux yeux et n’en perdirent d’ailleurs pas une miette…

Le séjour se déroule à merveille au milieu des éclairs de flash, et je grille quantité de rouleaux de pellicule selon le planning de travail établi. Cocotiers, plages désertes, grand bleu, récifs de corail, farandoles de requins, grottes emplies de poissons de verre, épaves hérissées de coraux mous multicolores, énormes poissons Napoléon : autant de décors de rêve où Ko étincelle. Sans compter l’exaltation d’être les premiers à plonger là. Que du bonheur ! Jusqu’à cette plongée dans une passe, une ouverture dans la barrière de corail reliant le lagon au grand large… Nous sommes trois cette fois-là, cherchant des requins. Ko ayant fait des progrès, nous pensons pouvoir la faire descendre en sécurité jusqu’à trente mètres de profondeur. Elle porte un string magnifique en « peau de serpent » qui va s’harmoniser parfaitement avec les squales.
Mais nous n’avions pas prévu ce qui allait suivre… À marée descendante, le lagon se vide dans la mer, occasionnant un fort courant. À cause de la forme particulière de la passe, très étroite, se produit à cet endroit un effet Venturi* où le courant accélère considérablement. Or, nous sommes juste en dessous ! Ko est assise en apnée sur un cerveau de Neptune*. Didier lui amène régulièrement de l’air avant de sortir du champ, le temps que je fasse une rafale de photos. Les requins sont là, tournant en farandole.

Subitement, nous recevons une enclume sur la tête et sommes aspirés d’un seul coup en profondeur ! Le premier instant de surprise passé, nous essayons de nous raccrocher aux branches… de corail, qui cassent net tandis que la descente s’accélère. Didier, malgré ses imposantes cuisses d’ancien champion de natation, fait du surplace avant de renoncer. Trop d’efforts nous conduiraient immédiatement à un essoufflement fatal. Très respectueux du monde marin, je suis catastrophé par les dégâts que nous occasionnons en râpant le tombant pour essayer de stopper notre descente. Mais l’heure n’est pas aux considérations écologistes…

Je commence vraiment à m’inquiéter quand je constate que, malgré ma bouée gonflée à bloc, je ne remonte pas d’un pouce ! Spontanément, nous sommes parvenus à nous regrouper, moi ceinturant Ko par la taille tandis que Didier lui donne de l’air avec la bouteille de secours qu’il a fixée comme il a pu. Heureusement, j’ai réussi à accrocher en catastrophe l’appareil photo et les flashs sur mon gilet* pour me libérer une main. Mais je sais que nous sommes trop bas. La tête me tourne, je suis narcosé. La dernière fois que j’ai regardé mon profondimètre*, il indiquait « – 62 m »… Je me force à expirer profondément pour éviter l’accumulation de CO2 dans les poumons et à ralentir ma respiration. Il ne faut pas laisser la panique prendre le pas sur la raison, même si notre situation me semble bien précaire : la descente infernale continue…

Ko est complètement ivre, terrassée par la narcose, ne réalisant sans doute pas ce qui est en train de se passer. Tout est arrivé si vite. Elle respire un peu trop rapidement. Enfin, tant qu’elle respire… Je sais aussi que les bouteilles se vident : nous n’aurons bientôt plus beaucoup d’autonomie à cette profondeur…

Découvrez la suite de l’histoire et beaucoup d’autres dans le premier volume de la collection Carnets de Plongée chez Glénat : NARCOSES. En librairie à partir du 5 septembre 2012. Commander chez Glénat, Fnac.com ou directement sur Amazon.fr ci-dessous.

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Publié le Août 7, 2012

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23 Commentaires

    • Francis Le Guen

      Et oui, la FNAC, déjà en pré commande. Amazon aussi et sans doute les outsiders. Mais, comme me l’a précisé l’éditeur, pas un livre avant le 5 septembre ! Même moi je suis impatient, alors que je l’ai déjà lu ! 😉

      Réponse
  1. Denis

    Ca a vraiment l’air sympa. J’ai adoré le récit, mais évidement, je este sur ma faim…

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    • Francis Le Guen

      La frustration fait partie du plaisir… Anticipé. Mais je crois connaître assez tes goûts littéraires pour savoir que tu devrais apprécier NARCOSES. J’y ai mis des choses assez peu « habituelles »… 😉

      Réponse
  2. Lucien Nguyen van

    Commandé, j’ai hâte de découvrir le livre 🙂

    Réponse
    • Francis Le Guen

      Bienvenue Lucien !
      Merci de ta confiance. J’espère te faire passer un bon moment 😉

      Réponse
  3. yannick

    Alors ça ! c’est du teasing de dingue !!
    Je ne peux malheureusement pas me résoudre à écrire « vivement septembre », damned, c’est fait !
    Tu fais un stand dédicace à la Braderie de Lille ?! :-p

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    • Francis Le Guen

      Oh, septembre est vite arrivé ! J’ai prévu une séance de dédicace à Bruxelles, qui reste à organiser. Amis belges, si vous m’entendez… 😉

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      • Jerem

        Ah super ça! Je suis de Bruxelles et j’adore tous ce que vous faites! Ca sera l’occasion pour moi de vous rencontrer enfin en cher et en os!

        A bientôt alors!

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        • Francis Le Guen

          Avec plaisir ! Savez-vous quelle est la librairie la mieux placée pour cela à Bruxelles ?

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          • Jerem

            Je ne connais pas énormément de librairie à Bruxelles car j’achète mes livres que dans une ou deux librairies et par internet.

            Je pense néanmoins que la librairie Filigranes (http://www.filigranes.be/fr/) pourrait très bien convenir. C’est une très chouette librairie, très grande et avec beaucoup d’espace.

            Je connais également de nom la librairie Tropismes (http://www.tropismes.com/).

            Il y a également plusieurs FNAC à Bruxelles.

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              • Jerem

                Bonjour M. Le Guen,
                auriez-vous des infos quand à une éventuelle session de dédicace à Bruxelles?

                Merci! 🙂

                Réponse
                • Francis Le Guen

                  Pas de progrès pour l’instant. Cela reste à organiser…

                  Réponse
  4. Denis

    Avecmoi, tu ne prends pas trop de risques, j’achète généralement tous les livres (romans) qui parlent de plongée. J’ai hâte !
    Si tu passes à Paris on peut se voir pour un dédicace (et un apéro)

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    • Francis Le Guen

      Je sais que tu es un lecteur averti (et tu en vaut donc deux !). Je devrais être sur Paris début septembre et avec tous les rendez-vous prévus, j’aurais soif, c’est sûr 😉

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      • Denis

        Bonne nouvelle, je note et on essaye de se voir. (il faut aussi que je passe à Marseille).

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  5. Philippe

    Ah c’est malin, je vais avoir beaucoup de mal à attendre le 5 Septembre maintenant !

    Réponse
    • Francis Le Guen

      Conscient de la frustration que j’organise avec un plaisir sadique, je mettrais aussi en ligne prochainement quelques inédits…

      Réponse

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